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Investir dans la campagne Macron : un bon filon pour la bourgeoisie

La publication des comptes de campagne des candidats à l'élection présidentielle invite à se pencher sur les inégalités entre petits et gros candidats : de 240 000 euros dépensés pour Jean Lassalle à 16,6 millions pour Emmanuel Macron. Uniquement financé par des donateurs, Macron, avant d'en être le Président, était déjà le candidat des riches.

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Crédits photo : Dominique Faget/AFP/Getty Images

Le 13 février étaient publiées les décisions de la Commission Nationale des Comptes de Campagne et des Financements Politiques (CNCCFP) en ce qui concerne le remboursement des frais de campagne des différents candidats à l’élection présidentielle. L’argent est bien entendu le nerf de la guerre puisque les cinq premiers candidats ont tous dépensé plus de 10 millions d’euros pour leur campagne, bien que dans le cas du PS, l’argent n’ait pas pu apporter un grand secours à un parti en pleine déperdition. En revanche, l’alliance du pouvoir monétaire et du pouvoir médiatique a fait mouche pour Emmanuel Macron, le « candidat des médias », comme le surnommait le Monde diplomatique pendant la campagne.

En lançant son mouvement en 2016 quelques temps avant de quitter son poste à Bercy , Macron jouait la carte de « l’anti-système » en affirmant notamment que son mouvement ne recevait « aucune subvention publique, donc chez moi, on ne vit pas du contribuable. ». En Marche ! a alors eu besoin de lever des fonds, ne disposant d’aucun élu qui permettait de recevoir des subventions de l’État à l’image d’autre partis avec lesquels Macron ne rompait bien entendu que sur la forme et non pas sur le fond, comme sa politique l’a aujourd’hui prouvé à tous ceux qui en doutaient alors.

À l’inverse des États-Unis où il n’existe aucune limite pour les financements des partis politiques, les candidats républicains et démocrates dépensant chacun près d’un milliard de dollars pour l’ensemble de leur campagne, et où les intérêts privés pèsent lourdement dans la victoire à une élection, en France les règles sont plus strictes. Les dons ne peuvent être effectués que par des personnes privées et non par des entreprises. Par ailleurs, le montant de ces dons est limité à 7 500 euros par an par personne auxquels peuvent s’ajouter 4 600 euros supplémentaires lors d’une campagne électorale. De ce point de vue là, la campagne de Macron n’est pas tout à fait exemplaire, la CNCCFP pointant du doigt quelques irrégularités où, dans une vingtaine de cas, deux dons, pour un total supérieur à 4 600 euros ont été effectué avec le même compte mais sous deux noms différents, pour un total de 87 600 euros. Habituée aux frasques de l’UMP/Républicains (rejet des comptes de campagne de Sarkozy en 2012 à l’origine de l’affaire Bygmalion ; remboursement de seulement 2 millions d’euros jugés recevables sur les 13,8 déclarés pour Fillon...), la commission a jugé cette irrégularité comme n’étant pas suffisamment importante pour conduire au rejet du compte.

En se voyant aujourd’hui rembourser 10 millions d’euros des 16 engagés pour sa campagne, Macron peut-il toujours affirmer que, chez lui, on ne vit pas sur le dos du contribuable ? Cette déclaration au lendemain du lancement de son mouvement était purement démagogique puisque la prise en charge par l’État des dépenses liées à l’activité électorale des partis permet, en théorie, d’éviter un minimum les liaisons dangereuses entre l’argent et la politique. En effet, il serait autrement impossible à des candidats qui ne seraient pas liés à des puissances d’argent de s’engager dans un processus électoral. Par ailleurs, seule la rémunération des élus peut permettre à des travailleurs de suspendre leur activité professionnelle pour un mandat. Autrement seuls les châtelains et anciens banquiers pourraient se permettre d’occuper des places dans la vie politique, bien que ces derniers bénéficient de leviers d’influence autrement plus puissants qu’un ouvrier de l’automobile. Et cela affecte bien sûr les résultats.

Pour autant, le salaire perçu en tant que représentant de l’État ne devrait pas dépasser celui d’un ouvrier. Car, aujourd’hui, si les élus de La République En Marche (Édouard Philippe en tête, le premier ministre, qui déclare que la dépense publique est une « addiction française ») désirent ne pas vivre sur le dos du contribuable... ils sont les premiers à se plaindre du salaire pas assez élevé à leur goût de la fonction de député. De plus, ceux qui étaient déjà le plus rémunérés, les maires de grandes villes, souvent des pontes de la politique ou des grands en devenir, ont vu leur salaire augmenter de 40 % par le gouvernement. Vis-à-vis des contribuables d’ailleurs, Macron n’en est pas à une polémique près puisqu’une affaire avait éclaté au début de la campagne l’accusant d’avoir utilisé son enveloppe de ministre de l’Économie pour lancer son mouvement en rencontrant des contacts influents lors de dîners d’affaires.

Il est évident que le système électoral de la démocratie bourgeoise ne laisse aucune place pour une voie dissidente. En plus des obstacles financiers, de nouvelles mesures ont été mises en application lors de la dernière campagne qui limitent encore plus l’accès à cette vaste tribune qu’est l’élection présidentielle pour les petites organisations politiques peu audibles face à des Fillon, Lepen, Macron, perpétuellement présents sur tous les médias de masse. Ainsi, l’égalité du temps de parole des candidats ne s’applique plus que dans une période de deux semaines avant le scrutin et un principe d’ « équité » du temps de parole favorise les candidats dont les organisations sont les mieux placées dans les sondages et/ou possèdent le plus d’élus. Enfin, le système de parrainages des candidatures par les maires a été remodelé. Auparavant anonymes, ces parrainages sont depuis 2017 rendus publics : une attaque à peine cachée contre les petits candidats qui n’ont dans leurs organisations que peu d’élus susceptibles de les parrainer et comptaient sur le soutien d’élus locaux appartenant souvent aux partis de gouvernement (historiquement le PS et les Républicains).

Ce que Macron déclare ne pas prendre aux contribuables afin d’arriver au pouvoir, il le reprend aux travailleurs (les mêmes personnes sous une autre dénomination, habile tour de passe-passe) cette fois pour le rendre à la bourgeoisie : un bon retour sur investissements pour tous les actionnaires et autres grands patrons. Ainsi, pour quelques milliers d’euros et un soutien médiatique sans faille, la bourgeoisie s’assure un serviteur zélé qui lui rendra bien plus qu’elle ne lui a prêté, en supprimant l’impôt sur la fortune (ISF), en explosant les statuts des fonctionnaires et des cheminots, en ouvrant le secteur public à la concurrence, en sélectionnant les étudiants à l’entrée de la fac, en pressurisant de toutes parts les salariés, tous ceux qui, pour Macron, ne sont rien. Tous ces éléments sont une nouvelle fois un rappel que la politique ne se joue pas dans les urnes, mais sur les lieux de travail, sur les lieux de vie, dans la grève et dans la rue !


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