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L'extrême-droite donnée en tête

Israël : Benyamin Nétanyahou, favori des élections législatives anticipées

Lundi 24 décembre, le premier ministre Benyamin Nétanyahou a provoqué la dissolution de la Knesset (parlement israélien) avec l’accord des partis de la coalition au pouvoir. Les élections législatives, qui devaient se tenir en novembre 2019, auront lieu en avril.

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La dissolution serait la réponse à dans laquelle se trouvait la coalition par rapport au projet de loi sur la conscription des juifs ulta-orthodoxes dans l’armée auquel s’opposaient les partis ultra-religieux qui la composent. Malgré ses démêlés avec la justice et la crise sécuritaire à Gaza, le chef du gouvernement Benyamin Nétanyahou, au pouvoir depuis près de dix ans avec le parti Likoud et considéré comme le plus à droite de l’histoire d’Israël, est donné favori. Le premier ministre affirme : “La coalition actuelle constitue le coeur de la prochaine (coalition). Nous allons demander un mandat clair aux électeurs pour continuer à diriger le pays avec notre politique”. Cette annonce est faite alors que la coalition ne dispose plus que d’une très courte majorité - à une voix près sur 120 - au Parlement suite à la démission d’Avigdor Liberman, ministre de la Défense et chef du parti ultra-nationaliste Israël Beytenou. Depuis, Nétanyahou a repris le poste de ministre de la Défense et apparaît régulièrement en photo avec des soldats. Lors de récents discours, il a vanté son bilan en matière de sécurité face à l’Iran et aux groupes armés palestiniens, ainsi qu’en matière de croissance économique et de contacts diplomatiques avec des pays arabes dits « modérés ».

En dehors du Likoud, Yair Lapid, à la tête du parti centriste d’opposition Yesh Atid, est considéré comme le candidat le mieux placé pour succéder à Nétanyahou. Dans les sondages, Yesh Atid se classe deuxième derrière le Likoud. L’ancien chef d’état-major Benny Gantz est également mentionné comme un rival sérieux susceptible de faire pencher la balance en faveur d’un bloc de centre gauche. Cependant, il n’a toujours pas officiellement annoncé sa candidature. À l’extrême-droite, Lieberman et Naftali Bennett pourraient tenter de se hisser à la tête d’une coalition si le Likoud ressortait affaibli du scrutin. Le dirigeant du parti travailliste, principal courant de l’opposition “Union sioniste”, Avi Gabbay a affirmé que les élections se joueraient entre Nétanyahou et lui.

L’ex-ministre de la Défense accuse Nétanyahou de faire preuve de faiblesse en refusant de lancer une opération de grande envergure contre les islamistes du Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza. Le Premier ministre est par ailleurs menacé d’être inculpé pour corruption dans trois affaires, à la suite d’une recommandation de la police en ce sens. Dans la première, Benyamin Netanyahou a été incriminé par la police pour avoir passé un pacte avec Arnon Mozes, patron du quotidien israélien Yedioth Aharonot pour réduire l’influence d’un journal rival. Dans les deux autres, il est accusé d’avoir indûment reçu des cadeaux de personnalités fortunées, et d’avoir tenté de conclure un accord secret avec un quotidien populaire pour une couverture favorable. Le ministère de la Justice a assuré que le travail sur les dossiers concernant Nétanyahou se poursuivait « indépendamment des événements politiques », mais selon plusieurs médias israéliens, le procureur général pourrait retarder sa décision afin de ne pas être accusé d’influencer le scrutin d’avril.

Selon des commentateurs, en provoquant des élections anticipés, Nétanyahou espère prendre de vitesse la justice et renforcer sa légitimité par une victoire électorale que tous les récents sondages lui prédisent. “ Il veut gagner et dire ensuite au procureur : attention, avant de me poursuivre, réfléchissez. Le peuple d’Israël m’a réélu, vous ne pouvez pas remettre en cause le résultat d’une élection démocratique “, commente Reuven Hazan, politologue à l’Université hébraïque de Jérusalem. En cas de réélection, Nétanyahou serait en mesure de dépasser le record de longévité du père fondateur de l’État d’Israël, David Ben Gourion, en poste pendant plus de treize ans.

Outre l’omniprésent dossier israélo-palestinien, le Premier ministre a rassuré l’opinion après l’annonce du retrait des troupes américaines en Syrie, pays voisin où l’Iran, grand ennemi régional de l’État hébreu, cherche à avancer ses pions. “Nous allons continuer à agir contre la tentative de l’Iran d’établir une présence militaire en Syrie”, a-t-il prévenu. Il a rappelé que les relations avec les Etats-Unis s’étaient dernièrement renforcées mentionnant la décision du Président américain Donald Trump de transférer l’ambassade américaine à Jérusalem. Nétanyahou, qui a détaillé les « réussites » de la coalition depuis quatre ans, s’est montré optimiste sur le résultat du prochain scrutin. « Nous avons beaucoup fait pour les citoyens israéliens et nous allons continuer de cette manière pour le bien de l’Etat d’Israël. Avec votre aide, nous allons gagner », a-t-il déclaré aux élus de son parti, lors d’une réunion au Parlement.

En parallèle, le chef du gouvernement doit également faire face au contexte économique local : le mécontentement gagne les Israéliens après la hausse tarifaire de l’eau et de l’électricité annoncée pour 2019 et le 23 décembre, à Wall Street, la bourse de Tel Aviv a vu ses actions plonger.


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