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Droit au logement

« Je vais entamer une grève de la faim ». Le Crous de Bordeaux expulse 8 étudiants de leur logement

Le Crous de Bordeaux a donné l’ordre d’expulsion de 8 étudiants qui habitent au Village 6 : ils doivent quitter leur appartement le 30 juin. Mais le Crous ne propose aucune solution de relogement, et les abandonne à la rue.

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La résidence Crous située en périphérie du campus de l’Université Bordeaux-Montaigne, le Village 6, est en pleins travaux depuis quelques mois, car elle était jusque-là particulièrement insalubre. C’est donc en février 2022 que le Crous de Bordeaux-Aquitaine a envoyé un premier mail aux 29 étudiants de la résidence pour les informer qu’ils devront quitter leur appartement à cause des travaux, accompagné d’un formulaire pour effectuer leur demande de relogement.

Le CROUS est effectivement dans le devoir de reloger les étudiants, car leur contrat d’habitation est valide du 1er septembre au 31 août  ; de plus, celui-ci stipule que « pour des raisons sanitaires et d’organisation de service, le Crous peut être amené à reloger temporairement un étudiant dans les mêmes conditions de confort et de redevance ».

Extrait du contrat d’habitation d’un habitant

Mais Karim*, étudiant en Master Génie civil à l’Université de Bordeaux, avait compris à la réception du formulaire que ce droit d’être logé jusqu’au 31 août ne serait en réalité pas garanti. Le formulaire propose à l’étudiant un « changement de logement », ce que Karim* nous décrit comme un piège : « Si c’est moi qui fait la demande de relogement, alors c’est moi qui dois payer la différence de loyer. C’est pas normal, le Crous essaye de nous piéger. Alors le 10 mars j’ai pris un rendez-vous avec le directeur, j’ai pointé le problème… la seule solution qu’on m’a donné, c’est un relogement au Village 5, pour une chambre en colocation avec quelqu’un que je ne connais pas, dans une résidence sans ascenseur alors que j’ai été opéré des genoux et des chevilles, pour un loyer de 248€ par mois contre 149€ au Village 6  ». Karim* a refusé la proposition et n’a pas rempli le formulaire ; le lendemain il recevait un mail de non-réadmission au logement pour l’année suivante, «  comme pour me sanctionner d’avoir contesté la solution proposée » nous dit-il.

Pendant plus de deux mois, les étudiants n’ont eu aucune solution de relogement et le 5 juin ils reçoivent un nouveau mail qui indique qu’ils devront quitter leur appartement d’ici au 30 juin. Une situation particulièrement stressante pour les étudiants concernés comme Koffi* dont le titre de séjour a expiré et pourrait recevoir une OQTF ou encore Aurélien, étudiant en Licence 3 Informatique à Bordeaux Montaigne, qui a raté les dates de ses examens en juin parce qu’au même moment il cherchait une solution de relogement.

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Sur les 29 étudiants de la résidence, 8 sont encore dans leur appartement et les 21 autres seraient a priori déjà partis… mais Aurélien précise «  Ça peut être pour le mieux, comme pour le pire. Ils ont peut-être trouvé un autre logement, mais ils peuvent aussi être dans une situation précaire. Le problème, c’est que je n’ai pas réussi à contacter tout le monde  ».

Le Crous qui, jusqu’à ce jour n’a toujours proposé aucune solution de relogement dans les mêmes conditions de confort et de redevance, reste résolu à expulser les 8 étudiants encore dans leur appartement et a même fait intervenir un huissier de justice les vendredi 17 et jeudi 23 juin pour mettre une pression supplémentaire à Karim* avec une « sommation de déguerpir » :

Document d’huissier adressé à l’un des habitants

Le CROUS choisi donc la répression et annonce les conséquences si les étudiants ne « débarassent pas de leur présence » les locaux. Malgré la répression subie, Karim* a refusé de quitter son appartement et si aucune solution de relogement lui est donné d’ici au 30 juin, il affirme qu’il entamera une grève de la faim pour défendre son droit au logement. Les étudiants de la résidence restant se sont concertés et refusent de se plier aux menaces d’expulsion du Crous, une solidarité importante qu’il faut soutenir. Ils ont demandé un rendez-vous avec le directeur du Crous Bordeaux-Aquitaine ce mardi 28 juin, et y défendront leurs revendications qui sont les suivantes :

  •  Une solution de relogement jusqu’au 31 août pour les 8 étudiants, dans les mêmes conditions de confort et de redevance
  •  La garantie de réadmission au logement Crous pour l’année 2022-2023

    * le prénom est modifié pour garantir l’anonymat de l’étudiant concerné


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