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SPRINT MEDIATIQUE POUR « LA BELLE ALLIANCE POPULAIRE »

Jeudi 12 janvier : coup d’envoi de la primaire de la "gauche"

Claire Manor A trois semaines seulement de la primaire de la gauche, tandis que la campagne bat son plein, les 7 candidats en lice vont entreprendre un marathon de débats télévisés les 12, 15 et 19 janvier. L’exercice est d’autant moins simple qu’il ne s’agit pas seulement, pour chacun, de tenter de se démarquer à gauche de ses camarades-et-néanmoins-ennemis. Il s’agit aussi, et peut-être d’abord, de gagner collectivement pour ne serait-ce qu’exister durant cette présidentielle. La comparaison vis-à-vis de la primaire de la droite servira d’étalon, tandis qu’une audience suffisante est vitale pour se maintenir à flot et résister à la déferlante Macron sur la droite, ne pas se faire ridiculiser par Mélenchon sur la gauche.

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Quant aux travailleurs, pour beaucoup déçus de la politique du PS telle que le gouvernement Hollande-Valls l’a révélée dans tout son caractère anti-ouvrier et anti-démocratique, ils n’ont aucune chance de découvrir, à l’occasion de ces débats, un candidat surprise capable de leur redonner confiance dans un parti au bord du discrédit définitif.

7 candidats pour un rang ridicule à la présidentielle

Lors de la primaire socialiste de 2011, ceux qui se sentaient tentés d’aller voter étaient poussés par l’idée que le candidat qui sortirait de la primaire aurait toutes chances d’être le futur président de la République. Résultat, 3 millions de votants. À la primaire de la droite et du centre de 2016, le même type de pronostic a produit un effet similaire, bien qu’approfondi par la crise du régime de la Ve Républicain. Résultat, près de 4 millions de votants.
Sans vouloir préjuger du nombre de votants qui se rendront aux urnes le 22 et le 29 janvier pour la primaire de la gauche, il est sûr que le vainqueur aura peu de chances d’être président et que, de la sélection, sortira un « champion » qui n’obtiendra probablement que la quatrième ou la cinquième position au premier tour de l’élection présidentielle en avril prochain.
Dans ces conditions, la nature des enjeux des prochains débats et des élections qui vont suivre est plus de l’ordre du maintien à flot d’un PS menacé de disparition pure et simple, y compris dans les prochaines séquences électorales, que de la mise sur orbite d’un présidentiable. On comprend donc que les candidatures de la « Belle Alliance Populaire » suscitent peu de passion et que les candidats cherchent surtout à développer des stratégies personnelles auxquelles les plateaux télévisés auront peine à servir de porte-voix.

Une occasion pour les challengers de se forger un créneau

L’ex-Premier ministre Manuel Valls a tenté de ne pas se laisser emporter par Hollande dans sa chute. Il n’est pourtant, en l’état actuel des sondages, ni favori, ni outsider. Durant tout son séjour aux commandes du gouvernement, il a adopté une posture radicale à droite, homme inflexible, champion du tout sécuritaire et de l’état d’urgence, grand usager du 49.3. Aujourd’hui, ce passé lui barre la route du succès à la primaire. S’il est donné gagnant au premier tour, il est probable qu’il essuiera un tir de barrage au second. C’est cet obstacle qu’il veut lever en se « dédroitisant », en faisant un bilan en demi-teinte de son gouvernement et en tentant de se positionner au centre, dans un statut d’équilibre, celui-là même qui avait été favorable à Hollande. Mais ce faisant, il court le risque de perdre son originalité, de s’affadir et du coup, de manquer de répondant médiatique.
Depuis la période où il aidait Valls à conquérir Matignon en 2014, Montebourg, quant à lui, a toujours fait de Hollande un homme à combattre. Anti-hollandiste convaincu et constant, il ne le retrouve plus devant lui pour un affrontement en direct. Son opposition à Valls est moins directe. Ils ont d’ailleurs un certain nombre de convergences de vue, du coup, la bagarre risque d’être moins excitante et moins virulente. Réputé pour ses coups de sang, Montebourg tente plutôt actuellement de lisser son visage médiatique et de peaufiner son projet. Ce n’est probablement pas de ce côté-là que les animateurs télé vont trouver de quoi susciter un peu de dramatisation des échanges.

Le véritable rival pour Montebourg, ce n’est plus Hollande, ce n’est pas vraiment Valls, mais ça devient de plus en plus Hamon. Lancé depuis quelque temps par ceux qui souhaitaient tailler quelques croupières à Montebourg, il s’est, dans le cadre de la primaire, choisi un créneau symétrique à celui qui a valu à Fillon son ascension spectaculaire lors de la primaire de la droite. Fillon a choisi d’incarner délibérément la vraie droite conservatrice, Hamon va tenter d’emboucher la trompette d’une vraie gauche de transformation. En fait, même si cette stratégie semble d’ores et déjà lui être profitable dans les sondages, sur les questions de droit, de sécurité, d’économie, de société, d’écologie, il s’agit moins de transformation que de refaire le film du PS à l’envers en revenant sur ce qui fut le projet socialiste traditionnel et qui lui valut l’attachement de son électorat.

Au-delà des stratégies individuelles, un score d’audience difficile à atteindre
Pour mettre en place cette primaire, les différents protagonistes, ainsi que les médias, ont planché sur un calendrier express pour assurer l’enchaînement des thèmes. En ce sens, les négociations sont serrées et se poursuivent. Déjà, pour le premier débat du jeudi 12 janvier, les thèmes à aborder et leur ordre ont été sources de fortes tensions. Valls souhaitait placer en premier les questions de sécurité. C’était pour lui l’occasion de mettre en avant sa carrière gouvernementale de ministre qui a fait face aux attentats, de faire admettre qu’une République forte était nécessaire et de faire reconnaître sa légitimité sur les questions de sécurité. Ses adversaires se sont empressés de lui barrer la voie et de proposer de mettre l’accent sur les aspects économiques et sociétaux, en convenant que la question sécuritaire ne devait pas être éludée.
Finalement, l’aspect sécuritaire sera bien abordé le jeudi 12 janvier. L’émission organisée par TF1, RTL et l’Obs abordera, dans l’ordre, les questions économiques et sociétales, de République et de laïcité, et les aspects internationaux et sécuritaires. Le débat du 15 janvier, sera organisé par BFMTV et i> Télé. Le débat du 19 janvier, trois jours avant le premier tour, aura lieu sur France 2 et Europe 1. Pour relever le défi de la primaire à droite, l’audience devra dépasser les 5,6 millions de téléspectateurs.

Un programme qui devrait permettre à chacun de jouer le personnage que sa stratégie lui dicte et dont on verra s’il permet au PS de ne pas être voué à la disparition pure et simple lors de la présidentielle en avril.

Mais ce qui marquera ces débats ce ne sont pas tant les présents que les deux grands absents, Macron et Mélenchon. Nul doute que les interviewers et les 7 candidats de la primaire à gauche évoqueront en creux les propositions de ces deux figures montantes. Entre Mélenchon et son mouvement la « France insoumise » et le flirt avec la bourgeoisie libérale d’un Macron, les débats de la « Belle Alliance Populaire » buteront très vite sur les limites à droite et à gauche d’un terrain largement occupé par deux ténors médiatiques qui poursuivent, en d’autres lieux, leurs deux bruyantes campagnes.

Quant aux salariés, ils peuvent s’interroger sur les pratiques prétendument démocratiques qui régissent les débats électoraux. Tandis que les médias mènent à grand renfort de théâtre télévisuel des débats entre représentants politiques usés par l’exercice du pouvoir et le discrédit, un candidat ouvrier comme Philippe Poutou, se heurte à des procédures de recueil de signatures qui visent à lui interdire de faire entendre officiellement sa voix durant la campagne électorale.

Quoi qu’il en soit, bien que le combat ne se mènera pas dans ces débats de la primaire de « gauche », mais bien sur le terrain de la lutte de classe comme l’a rappelé le mouvement contre la loi travail, comprendre ce qui se trame au sein même des sphères du pouvoir politique est une nécessité ne serait-ce que pour se préparer au combat contre le prochain gouvernement qu’il soit de « gauche » Macron, droite Fillon ou d’extrême droite Marine Le Pen.


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