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Jeunesse. Quatre raisons de rejoindre les comités virtuels de Révolution Permanente

Depuis le début du confinement et avec la crise économique qui promet d’atteindre une ampleur que personne de notre génération n’a connue jusqu’à aujourd’hui, nous les jeunes, sommes parmi les premiers à payer le prix de cette catastrophe économique, sanitaire et sociale. Lycéens, étudiants, jeunes précaires et chômeurs, voici 4 raisons de rejoindre les comités virtuels de Révolution Permanente.

Elsa Marcel

27 avril 2020

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1. Pour commencer à relever la tête

Dans les facs et les lycées, le confinement est utilisé pour renforcer la sélection sociale. Les partiels sont dans la grande majorité des cas maintenus alors que les conditions de vie de beaucoup d’entre nous se sont aggravées avec le confinement : faim, logement insalubres, dépression, solitude, auxquels le Ministère et les présidences d’université ajoutent la pression scolaire au nom de la « valeur du diplôme ». Une pression qui ne vise qu’un objectif : maintenir leur système de sélection sociale. Elle illustre le véritable sens des « examens » pour l’université capitaliste : « masquer la carence de l’enseignement et décourager ceux dont on ne veut pas s’occuper [...], décourager tous les étudiants dont notre société industrielle n’a pas besoin, c’est-à-dire dont la culture ne serait pas économiquement « rentable » », disait déjà Sartre dans « La jeunesse piégée ».

Pour ceux qui n’ont pas perdu leur emploi du jour au lendemain, il faut encaisser les cadences infernales imposées par les entreprises de livraison ou les enseignes de la grande distribution. Heures supplémentaires et salaires de misères se conjuguent alors avec le manque de protection sanitaire et l’angoisse d’être infecté ou de contaminer ses proches.

Enfin, parmi ces étudiants des quartiers populaires qui ont eu la chance d’accéder à l’enseignement supérieur malgré les mécanismes de sélection et de reproduction sociale, c’est la double peine. D’abord la précarité et les difficultés à se nourrir s’approfondissent en temps de confinement. Ensuite le confinement autoritaire a accentué la répression policière déjà vécue quotidiennement en temps normal.

En bref, cette réalité est bien loin de l’image d’une jeunesse étudiante oisive qui sirote une bière place de la Sorbonne et qui peut bien « faire un petit effort ».
Rejoindre les comités Révolution Permanente de ta fac, de ton lycée ou de ta ville, c’est donc d’abord prendre conscience que nous sommes de ceux qui font tourner la société et nous organiser pour riposter face au patron, lutter contre les mesures injustes que nous imposent les universités et refuser d’être humilié et matraqué par les « forces de l’ordre ».

2. Pour se préparer aux affrontements qui viennent

De leur côté, le gouvernement et le patronat ont leur propre solution face à la crise. A travers la loi « Etat d’urgence sanitaire », ils avancent contre le monde du travail en imposant des contre-réformes de grande ampleur : temps de travail allongé, RTT modifiables, congés payés diminués, activité partielle individualisée donnent le ton de nos futures conditions de travail. Plus de 100 milliards ont déjà été déboursés en soutien au patronat , les personnels soignants manquent toujours de matériel de santé et aucune politique de test massive n’est mise en place. « Il va falloir apprendre à vivre avec le virus » nous dit-on.

Il s’agit cependant d’une position risquée dans la mesure où le gouvernement va lui aussi devoir apprendre à vivre avec une réalité que des décennies de néo-libéralisme ont cherché à effacer : « ceux qui ne sont rien », les caissières, les livreurs, les ouvriers, les agents de nettoyage, les soignants et bien d’autres sont, aux yeux de tous, ceux qui font tourner la société. Hors de question de brader leur vie pour les intérêts d’une petite minorité. Ainsi la colère gronde et les travailleurs prennent conscience de leur place dans la société quand certains parmi les grands patrons du CAC40 s’offrent un confinement doré. C’est ce qui fait craindre à la bourgeoisie l’irruption de contestations brutales, à l’image de Jérôme Sainte-Marie, chroniqueur sur LCI, qui s’inquiète de voir l’épidémie faire « renaître l’imaginaire de la lutte des classes ».

Mais la lutte des classes n’est pas un « imaginaire » et la jeunesse scolarisée y est sensible. Les lycéens se sont battus toute l’année, contre le bac Blanquer et les E3C mais aussi pour dénoncer l’hérésie capitaliste qui mène à la destruction de la planète. Chez les étudiants, la succession de contre-réformes qui privatisent peu à peu l’université et instaurent la sélection a augmenté la pression scolaire. Ces offensives peuvent dans un premier temps renforcer l’idéal méritocratique et la volonté de se battre pour obtenir les quelques places qui restent à prendre sur le marché du travail. Cependant, contrairement aux autres pays d’Europe où la bourgeoisie a réussi à détruire l’université publique et à affaiblir la contestation étudiante tout en remportant de grandes victoires contre le mouvement ouvrier, en France ces dernières années ont été pavées de luttes sociales déterminantes.

De la bataille du rail à la réforme des retraites en passant par les Gilets Jaunes, ces irruptions irriguent la conscience étudiante dont la colère face au confinement commence à se manifester. Si l’aspiration à la réussite individuelle persiste, elle est amenée à se heurter à la réalité de la crise et aux perspectives médiocres qu’elle nous offre, suscitant la contestation de ceux qui n’auront plus rien à perdre.
Rejoindre les comités virtuels c’est aussi se préparer : analyser la situation politique, comprendre les rapports de force en présence, se lier à notre classe, faire des expériences qui nous apprendront plus qu’aucun cours à la fac et se tenir prêt à occuper une place centrale dans les grands affrontements qui s’annoncent.

3. Pour que l’après soit entre nos mains

Si les perspectives d’affrontement se confirment, c’est aussi parce qu’il est admis qu’il y aura un avant et un après l’épidémie de Covid-19. Cet « après », c’est celui que tout le monde prépare, à sa façon. Le Medef réclame le gel des politiques environnementales et toute licence pour faire travailler plus en rémunérant moins. Le « Pacte républicain » du gouvernement cherche à faire passer pour des « efforts partagés » la nécessité d’exiger des travailleurs et des plus pauvres qu’il se serrent la ceinture pour encaisser le choc de la crise économique. Faire rependre l’activité « quoi qu’il en coûte ». Il faut ainsi s’attendre à des licenciements massifs, plus importants encore qu’en 2008, à des fermetures d’usines, à la destruction de nombreux secteurs incapables de survivre comme celui de la culture et à l’accroissement du chômage des jeunes. En 2008 déjà, le taux de chômage des jeunes était passé de 14% à 22% et le chiffre de contrats précaires occupés par ceux-ci- avait bondi à 38%.

Face à cela, les différentes formations politiques institutionnelles avancent leur programme. Yannick Jadot, chef de file du parti EELV, propose un « grenelle de l’après » réunissant toutes les forces politiques à l’exclusion du RN. Il s’agirait de « produire et consommer différemment », main dans la main avec la majorité présidentielle et en faisant abstraction de tout phénomène de lutte des classes. Côté LFI, Mélenchon appelle à une « révolution » mais place le terrain de l’affrontement essentiellement sur le terrain électoral et se refuse à affronter le système capitaliste dans son ensemble. C’est ce dont témoignent les atermoiements de Jean-Luc Mélenchon qui, après avoir voté le plan de 45 milliards au profit du patronat, fustige le plan de déconfinement de Macron sans jamais sortir du cadre institutionnel.

A Révolution Permanente, nous pensons que le patronat ne nous fera aucun cadeau et qu’il est tout à fait prêt à mettre en danger de mort des milliers de salariés pour maintenir ses profits. Malgré les milliards d’euros de cadeaux, les patrons commencent à licencier. Malgré les milliards, ils produisent des masques pour que leurs ouvriers travaillent pour maintenir des activités non essentielles et non pour aider les soignants. En présence d’intérêts aussi opposés, tout accord « d’efforts partagés » aussi bien intentionné soit-il, repose sur une contradiction qui ne peut se résoudre qu’au profit du plus fort. Au contraire, nous revendiquons un programme qui sert la majorité des intérêts de la population : interdiction des licenciements, commission d’hygiène et de sécurité démocratique pour contrôler nous-mêmes la mise en place des mesures sanitaires, contrôle sur la production pour savoir pour qui et pourquoi on travaille, comités de contrôle des prix dans les quartiers …

Rejoindre les comités virtuels de Révolution Permanente, c’est se donner les moyens de réfléchir à l’après, pour que celui-ci ne nous soit pas imposé d’en haut, que nous le regardions tomber, condamnés à subir. C’est discuter programme et stratégie pour les mettre en œuvre parce que si nous ne le faisons pas, d’autres s’en chargeront à notre place.

4. Pour s’organiser et prendre parti

Parmi nous, beaucoup sont nés dans les années 90. Nous sommes des enfants du néolibéralisme, de la restauration capitaliste dans les pays de l’ex- URSS après la chute du Mur de Berlin, des discours sur la fin de l’histoire et sur l’horizon indépassable du capitalisme. Nous sommes la génération qui n’a pas connu de guerre sur notre territoire, ni de grande révolution et a grandi avec l’illusion d’une société « pacifiée », dégagée de la lutte des classes. Dans ce contexte, et pour reprendre les mots du philosophe américain Jameson, les catastrophes écologiques ont pu convaincre qu’« il est plus facile d’imaginer la fin du monde que la fin du capitalisme ».

Personne d’entre nous ne pouvait imaginer que nous allions vivre une pandémie semblable à la grippe espagnole et une crise économique aussi violente que celle de 1929. Des images de manuels d’histoire. Pourtant, ces irruptions mettent à nu une réalité claire : malgré d’immenses progrès techniques le capitalisme est incapable de se préparer et de répondre à une pandémie mondiale tout comme de garantir « l’élévation du niveau de vie » de la majorité de la population. Si ces phénomènes ressurgissent c’est bien que l’histoire n’est pas terminée. Les guerres, les crises et les révolutions non plus.

Se donner les moyens de dépasser cet horizon sinistre où nous faisons les frais des maux que le capitalisme engendre lui-même, c’est s’organiser collectivement pour s’attaquer consciemment et matériellement au pouvoir de la bourgeoisie. Elle est de son côté très organisée et dispose d’une armée, de la police, de ses institutions, de ses écoles au service de ses idées. De notre côté, nous avons aussi une histoire et des idées, celles que nous cherchons à diffuser par nos séminaires hebdomadaires, pour que les luttes du passé nous servent de leçons pour celles d’aujourd’hui. Nous voulons comprendre le combat sur le temps long et cristalliser nos acquis dans une grande organisation révolutionnaire afin de ne plus seulement résister, mais de vaincre.

Rejoindre les comités virtuels de Révolution Permanente c’est enfin militer pour la révolution. Se donner les moyens d’une vie qui vaut le coup d’être vécue, ou, comme le disait Daniel Bensaïd, philosophe et révolutionnaire, militer « ce n’est pas un renoncement au plaisir, mais l’élection d’un certain plaisir, celui d’une révolte qui se donne les moyens de s’accomplir, celui d’une colère qui s’organise pour frapper l’adversaire de classe, celui d’une communauté qui se crée, de fraternité, d’estime mutuelle, à travers les continents et à travers l’histoire ».


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