Enea Rossi
La capitale en marche contre les expulsions et pour la réquisition des logements vides
Dimanche, ce sont 200 personnes qui ont participé à la Marche des expulsés, réfugiés et sans logis organisée à Paris par l’association Droit au logement (DAL). Les réfugiés, mal-logés, expulsés, sans logis et leurs soutiens se sont donné rendez-vous à 15h à La Chapelle, quartier emblématique des luttes des migrants et des réfugiés de cet été, à peu de distance du camp de la mairie du 18ème qui a été démantelé jeudi matin avec celui d’Austerlitz. Par la suite, le rassemblement s’est transformé en cortège et est parti en manifestation dans les rues de Barbès et de la Goutte d’Or, avant de rejoindre la Place de la République où, depuis cet été, un camp d’expulsés stationne de manière permanente avec le soutien du DAL. Le collectif des Baras, qui organise des sans-papiers en lutte en Seine-Saint-Denis, était présent avec différentes banderoles contre les expulsions et pour la réquisition de bâtiments occupés.
Les manifestants ont lancé un appel à faire converger les luttes de tous ceux qui voient leur droit au logement constamment bafoué et ainsi faire converger en un même combat tous les mal-logés, quelle que soit leur nationalité et leur situation, français, rroms, migrants. « Réfugiés, sans-papiers, tous dans le même bateau. Mêmes causes, mêmes droits », pouvait-on lire sur les pancartes brandies par les manifestants, découpées en forme de bateaux. Un toit c’est un droit et il n’est pas négociable.
Les manifestants ont dénoncé avec vigueur le fait qu’autant de personnes soient expulsées ou se retrouvent actuellement à la rue ou dans un habitat insalubre, alors que 2 640 000 logements sont vacants et que l’État est propriétaire de 11 millions de m2 inutilisés.
Toulouse aux côtés des réfugiés syriens
Dans la même journée de dimanche, une autre manifestation ayant rassemblé près de 1000 personnes s’est déroulée à Toulouse à l’initiative du DAL et du Réseau éducation sans frontières (RESF). Cette dernière manifestation était en solidarité des familles syriennes qui depuis le mois de mars sont installées dans le quartier des Izards dans des conditions indignes. Il s’agit de plus de 150 personnes, dont une cinquantaine d’enfants, qui ont fui la guerre en Syrie et qui sont actuellement installées dans un immeuble insalubre destiné à la démolition. Le comité toulousain du DAL dénonce que, selon les chiffres fournis par la préfecture, 4 244 logements sont réquisitionnables sur la ville rose et que, de plus, selon l’INSEE, plus de 16 000 logements sont vacants.
Alors que le gouvernement socialiste s’apprête à partir en guerre en Syrie en essayant de faire croire que bombarder le pays résoudra les problèmes des réfugiés, ces mobilisations pointent du doigt l’hypocrisie gouvernementale : un discours officiel « humanitariste » pour légitimer une intervention armée, tout en menant sur le territoire hexagonal une politique criminalisant les réfugiés et, en général, toutes les personnes qui se trouvent dans des conditions de précarité.
Les manifestations de dimanche, malgré un écho restreint, sans doute lié à une multiplication d’initiatives de solidarité avec les réfugiés sans réelle coordination, ont le mérite d’avoir recherché une jonction entre différents secteurs en lutte contre la précarité. Elles montrent ainsi la voie de ce qui pourrait devenir une véritable mobilisation contre la politique gouvernementale, qui ne fait qu’alimenter des préjugés racistes qui divisent les exploités.
