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LOI TRAVAIL : COUP D’ENVOI DES MOBILISATIONS

Jouy en Josas : aux portes de l’université du Medef, un millier de manifestants conspuent patrons et ministres

Aux cris de « séparation du Medef et de l’Etat » et « tout le monde déteste le Medef », près d’un millier de manifestants ont convergé devant l’université d’été où siègent depuis mardi patrons et ministres. Opposés au ballet-mascarade des négociations, qu’ils soient militants du milieu syndical, associatif ou politique, tous étaient présents à ce rassemblement pour refuser « la loi travail, toute la loi travail, avec ou sans ordonnances ».

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Crédits photos : LP/LM.

Gattaz en rêvait, il veut que Macron le fasse

Mardi, en ouverture de l’université d’été du Medef, Gattaz annonce la couleur. Evoquant la loi Travail, il déclare : ce pour quoi Macron a été élu et que nous attendions depuis 15 ans, il doit le faire maintenant et aller « jusqu’au bout ». Nous attendons « que le cheval France saute la haie ».

La guerre est donc universellement déclarée à tous les travailleurs, précaires et moins précaires, licenciés potentiels, chômeurs ou sans emploi. C’est le diktat du CAC 40 qui doit s’inscrire dans les ordonnances qui seront rendues publiques jeudi. Ce sera le « curseur » que le Medef regardera pour maintenir ou retirer son soutien au nouveau président. Bien que le contenu des ordonnances reste encore un puzzle dont les uns ou les autres ne détiennent que des bribes, il est déjà tracé.
Pas moins de 12 ministres pour venir écouter ces messieurs décliner leurs exigences, démontrant, s’il en était encore besoin, que le président et son gouvernement sont les représentants directs des patrons et de la finance et qu’ils n’aspirent qu’à donner corps au rêve de Gattaz et du Medef : la liberté d’exploiter sans entraves et sans la moindre contrepartie la force de travail dont ils ont besoin, et seulement quand, où et de la façon dont ils en ont besoin.

Chute libre après la mascarade des cent jours

Du côté des patrons, la borne est donc fermement posée et elle ne bougera pas, sauf s’ils y sont contraints par un rapport de force nouveau. Aucune marge de manœuvre donc de ce côté-là pour un Macron qui le savait d’ailleurs, avant même d’être élu. C’est ce qui l’a conduit à utiliser les « cent premiers jours » de son quinquennat pour tenter de marquer immédiatement des points contre le camp des travailleurs. Surfant sur l’effet de sidération produit par le score électoral de LREM, il a usé des deux moyens à sa disposition, la montre et les pouvoirs exorbitants que lui conféraient de manière conjuguée les institutions de la Vème république et une incroyable majorité parlementaire.

Il ne pouvait toutefois aller « jusqu’au bout » de son entreprise de destruction, comme le souhaite Gattaz, sans donner l’illusion d’un semblant de négociation. Il avait besoin de la caution des « partenaires sociaux » et ils ont répondu présents. Les Berger, Mailly, Martinez, avec des réticences et des pudeurs plus ou moins affirmées, se sont rendus à la table du « dialogue social ». Mais La tactique perverse autour des informations données au compte-goutte, à certains et pas à d’autres, l’abus des comportements bonapartistes n’ont fait que heurter chaque jour un peu plus la conscience des nombreux jeunes et travailleurs qui, de bonne foi et en toute illusion, avaient cru en des améliorations possibles de leur sort grâce au jeune Macron.

Les yeux n’ont pas tardé à se déciller et, tandis que se tient l’université du Medef, le poulain Macron a déjà connu une chute de popularité plus vertigineuse que ne l’avaient même été celles de Sarkozy ou de Hollande. Très fâcheux pour le jusqu’au boutisme…façon Gattaz.

« Nous ne négocierons pas le poids de nos chaînes »

Mais cette période n’a pas seulement contribué à ébranler le trône de Jupiter, elle a aussi interrogé, voire révolté, une partie de la base des travailleurs, syndiqués ou non, qui ne comprennent pas que l’on aille négocier ce qui n’est « ni amendable, ni négociable ». Après s’être battus avec vigueur contre la Loi El Khomri, comment accepter de négocier une » loi Travail XXL » ? Comment comprendre que tous les « partenaires sociaux », y compris Martinez de la CGT, vont se rendre jeudi matin, quelques minutes avant l’annonce des ordonnances, à une rencontre « multilatérale » à laquelle participeront simultanément les représentants du Medef.

C’est pour dénoncer la collusion entre le Medef et le Macronisme et les coups mortels qu’ils veulent porter aux droits des travailleurs, mais aussi pour dire qu’il n’y a, pour le camp des travailleurs, rien à négocier à l’Elysée ou à Matignon, que près d’un millier de personnes appartenant à des organisations très diverses ou inorganisées, se sont rassemblées, à l’initiative du Front social 78 et de Solidaires, ainsi que sur une initiative propre de la CGT, devant le campus d’HEC, ce mercredi 30 août.

Dans une atmosphère dont le caractère festif ne masquait pas la colère des manifestants, et sous bonne garde de bataillons de CRS, les interventions se sont succédé pour dénoncer les mesures qui vont s’abattre sur le dos des travailleurs. C’est dans ce cadre de convergence qui fait le succès du Front Social, depuis sa création à la veille du premier tour des élections présidentielles, que les représentants de nombreux secteurs, depuis les syndicats sud-solidaire, CGT info com’, ou FO jusqu’aux intermittents du spectacle, en passant par Attac, le Dal, Alternative Libertaire, le NPA, la FI ou la CNT se sont exprimés. Ils ont tous affirmé leur volonté de s’opposer par les manifestations et la grève à la Loi Travail, réclamant « pour Gattaz et Macron des plumes et du goudron ».

A trop jouer les Jupiter on attire l’orage

Alors que la rentrée est à peine amorcée, le rassemblement du 30 août à Jouy-en-Josas a marqué le coup d’envoi d’un mouvement social dont le calendrier se resserre dès la première quinzaine de septembre, avec le jalon très attendu de la journée de grève et de manifestations annoncée pour le 12 septembre par la CGT et Solidaires. Tous les manifestants présents ont ressenti et ont affirmé que la convergence seule permettrait de gagner là où les divisions et les atermoiements ont fait perdre le camp des travailleurs contre la Loi El Khomri.

Mesurant le risque que représenterait une réelle convergence et des grèves reconductibles pouvant aboutir à une grève générale, les dirigeants cherchent à garder la main sur un mouvement de masse qui pourrait bien les déborder. Les vieux réflexes de division ressortent tout naturellement. Mailly annonce qu’il ne s’associera pas à la manif du 12 septembre. Quant à Martinez et Mélenchon, ils trouvent très bien l’un et l’autre qu’il y ait d’un côté la date du 12 septembre et que de l’autre « les gens » soient invités à se rassembler le 23 pour protester contre le gouvernement par ordonnances. Selon eux, « à chacun son rôle » ; ne mélangeons pas le politique et le social. Deux dates différentes, c’est très bien. Comme ça « on ne se marchera pas sur les pieds ».

S’opposant ouvertement à Mailly, le représentant de FO qui a pris la parole au rassemblement a affirmé haut et fort qu’il était hors de question qu’il ne participe pas à la mobilisation du 12 septembre. On apprenait d’ailleurs dans l’après-midi que le syndicat FO du 35 adoptait la même position. Quant à la composition même de ce rassemblement unitaire qui comportait des syndicats, des associations et des partis, elle a fait la démonstration que la prétendue séparation des rôles entre les divers types d’organisations du mouvement ouvrier, loin d’être un garde-fou, servait le plus souvent de prétexte à la division et à l’affaiblissement d’un mouvement nécessairement social ET politique…

Il était clair en tout cas, ce mercredi 30 août, que l’on pouvait compter sur les manifestants présents au rassemblement contre l’université d’été du Medef, pour mobiliser autour d’eux et se saisir de toutes les opportunités pour en faire un cadre de convergence capable d’inverser le rapport des forces en faveur du camp des travailleurs.


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