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Police partout, justice nulle part

Jugement repoussé pour des policiers accusés d’avoir frappé un gardé à vue et truqué un PV

Trois policiers comparaissaient ce jeudi à Versailles, accusés d'avoir frappé un homme préalablement placé en garde à vue puis d'avoir écrit un faux procès verbal. Leur procès a été renvoyé pour être placé entre les mains d'un juge d'instruction. Un deux poids deux mesures flagrant.

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Trois policiers sont accusés d’avoir frappé un homme qui venait d’être placé en garde à vue, avant de rédiger un faux procès verbal. L’un deux comparaissait pour « violence par dépositaire de l’autorité publique », un autre pour « abstention volontaire d’empêcher un délit ». Enfin, les trois sont soupçonnés d’avoir rédigé un procès verbal travestissant les faits et sont donc également poursuivis pour « faux et usage de faux ». Le tribunal correctionnel de Versailles a estimé ce jeudi qu’un juge d’instruction devait être saisi et leur jugement a été repoussé.

Les faits se sont déroulés le 15 janvier dernier à Poissy, dans les Yvelines. Ce jour-là, un cuisinier de 37 ans est interpellé pour outrage à un agent SNCF. Placé en garde à vue, il devait être amené à l’hôpital pour un examen médical. C’est dans la voiture qu’il aurait été agressé par les trois suspects. C’est suite à un signalement de deux de leurs collègues que ces derniers sont aujourd’hui poursuivis par la justice.

L’homme de 37 ans affirme avoir été roué de coups de pieds et de poings pendant le trajet alors qu’il avait les mains menottées dans le dos, ce que les accusés ont formellement démenti. Il s’était vu prescrire dans la foulée une Incapacité Totale de Travail (ITT) de 3 jours. Malgré un casier vierge, il avait par la suite été condamné à huit mois de prison, dont quatre avec sursis pour outrage, violence et rébellion.

Cette affaire souligne l’impunité de la police, corporation de non-droit où l’on peut frapper, éborgner, tuer sans être inquiété. Au pire, un policier pourrait encourir, en cas de traitement médiatique trop large de l’affaire et d’indignation généralisée, une suspension temporaire et un petit sermon ! Car, l’uniforme justifie tout. Un tir dans le dos, légitime défense. Un LBD dans l’oeil, maintien de l’ordre. Un placage ventral, problème physique chez la victime. Et la police étant intouchable, un bon moyen de justifier les violences est aussi d’incriminer la victime : ici un homme qui s’est fait rouer de coups, écope naturellement de prison ferme pour avoir protesté et s’être « rebellé ». Mais parfois, la machine s’enraye et la combine ne prend pas. Dans ces cas extrême, c’est la justice qui intervient.

Le tribunal correctionnel a donc décidé de renvoyer le dossier devant le parquet, pour qu’il saisisse un juge d’instruction. « Manifestement, il y a à parfaire l’enquête », a déclaré le président du tribunal. « On est allé trop vite. C’est une très bonne chose [que le dossier soit renvoyé] » a estimé l’avocat des policiers, Me Champagne, précisant que les violences ont été inférieures à celles dénoncées et étaient « légitimes au vu du comportement de la personne qu’ils avaient en face ».

Si le quidam, l’ouvrier ou le gilet jaune se juge en comparution immédiate et se fait écraser par l’appareil répressif, l’impunité policière, elle, exige du temps pour qu’on l’acquitte !


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