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Lutte contre le chômage féminin ?

L’Arabie Saoudite veut mettre les femmes au… télétravail

Même en Arabie Saoudite, pays le plus riche du Moyen-Orient, il faut faire face à la chute du prix du pétrole et aux difficultés économiques. Dans cette optique, l’Etat cherche à faire travailler les femmes. Mais attention, tout en restant dans un cadre de restrictions réactionnaires et sans leur donner plus de droits ! Muriel Radler

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La solution trouvée est donc celle du télétravail. Dans ce pays où sans accord du tuteur (mari ou homme de la famille) une femme ne peut pas voyager, travailler ou se faire soigner  ; où les femmes ne peuvent pas conduire  ; où les zones mixtes sont interdites dans les entreprises, entre tant d’autres restrictions, le télétravail est assurément une « solution commode  » pour le pouvoir en place.

Ainsi, cette monarchie ambitionne de créer jusqu’à 141 000 postes de télétravail pour les femmes à l’horizon de 2020. En effet, en 2016 seulement 23% d’entre elles travaillaient, elles pourraient ainsi être 28% d’ici là. Un travail invisible qui s’ajoutera à celui des taches ménagères.

Le but est le même que partout ailleurs : réduire le nombre de fonctionnaires. En effet, selon des statistiques officielles, fin 2015, le secteur public employait 469000 femmes alors que 500 000 autres travaillaient dans le secteur privé. L’idée est d’élargir l’emploi des femmes dans le secteur privé au détriment du public.

Cela ne suffira pas à résoudre le chômage des femmes qui s’élève à 34,5%, contre 5,7% pour les hommes, selon des statistiques citées par la banque Jadwa Investment. Mais il s’agit d’un besoin du capitalisme saoudien, très dépendant de l’exportation des hydrocarbures, face à la crise qui commence à l’affecter.

Ainsi, quelques semaines plus tôt, un prince saoudien multi-milliardaire, Al-Walid ben Talal, tweetait : « Arrêtez le débat : il est temps que les femmes conduisent ». Pour lui, les restrictions imposées aux femmes impliquent « des actes injustes » qui sont « beaucoup plus restrictifs que ce qui est légalement permis par les préceptes de la religion » musulmane. Mais ces pensées pour le déverrouillage de certaines restrictions pour les femmes se basent sur la reconnaissance qu’il y a « une demande sociale urgente que la conjoncture économique justifie ».

Cette conjoncture économique a d’ailleurs aussi été celle qui a été utilisée pour justifier le non-paiement de plusieurs milliers d’ouvriers étrangers déjà en situation d’esclavage moderne mais même de cadres français. Au mois de janvier 49 travailleurs étrangers de Ben Laden Group ont écopé de quatre mois de prison et de 300 coups de fouet pour « dégradation de biens publics et incitation à des troubles ». D’autres ont récolté quarante-cinq jours de prison par un tribunal de La Mecque, 70 000 ont été licenciés.

Même si la crise économique peut pousser des secteurs de la monarchie et des classes dominantes, de façon pragmatique, à demander l’assouplissement de certaines restrictions vis-à-vis des femmes, l’exemple du télétravail montre encore une fois le caractère structurellement réactionnaire, anti-ouvrier et patriarcal du régime saoudien. Le télétravail n’est pas seulement vu comme une « solution  » pour le travail des femmes dans un cadre légal ultra répressif mais aussi pour empêcher qu’elles se rencontrent et s’organisent pour lutter pour leurs droits en tant que travailleuses et en tant que femmes.


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