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Loi travail : une porte de sortie qui s'entrouvre pour le gouvernement ?

L’UNEF va-t-elle nous refaire le coup de la LRU ?

Julian Vadis Ce lundi 11 avril en fin d'après midi, Manuel Valls recevait à Matignon des organisations de jeunesse afin de proposer des mesures à la marge du projet de loi travail. Des propositions qui font la joie de l'UNEF, qui a toutefois déclaré vouloir poursuivre le mouvement. Jusqu'à quand ?

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"Un cap important" franchi selon William Martinet

« Parce que les jeunes se sont mobilisés et ont relevé la tête, ils ont réussi à obtenir des mesures fortes pour leur insertion professionnelle et leurs conditions de vie. Nous avons franchi un cap important, nous avons réussi à obtenir satisfaction sur des revendications » a ainsi déclaré William Martinet, le président de l’UNEF. Une déclaration qui, à défaut d’être en phase avec la colère affichée des étudiants mobilisés par milliers deux jours plus tôt, a au moins le mérite d’être claire. Surtaxation des CDD afin de favoriser les embauches en CDI, garantie locative universelle et revalorisation de la rémunération pour les apprentis, sont ainsi passées du statut d’accord à la marge à celui de « cap important ».
Une position qui fait pâle figure face à la déclaration de la Coordination Nationale Etudiante (CNE), réunie la veille à l’Université Paris 10 Nanterre, qui a réaffirmé sa détermination à obtenir le retrait du projet de loi travail sans négociation ni amendement. Il faut dire que Martinet n’était peut être tout simplement pas au fait de cet appel, son organisation ayant décidé de ne pas participer à cette CNE qui, depuis le début du mouvement, refuse que l’UNEF aille négocier au nom des étudiants mobilisés pendant que les manifestants se font réprimer et matraquer par la police de Manuel Valls.

Le scénario d’une réédition de la "stratégie LRU" ?

Toutefois, et par manque de mainmise sur le mouvement l’UNEF ne peut garantir sa part du deal avec le gouvernement. Car un si généreux cadeau offert à l’UNEF à la veille des élections aux conseils centraux dans les universités ne peut se faire, dans le principe, sans contrepartie, à savoir siffler la fin de la récréation et renvoyer tout le monde sur les bancs dans des campus apaisés.

« Tout ça ne lève pas tous les désaccords, notamment sur la loi travail, c’est pour ça que l’UNEF reste solidaire de l’intersyndicale », a dans ce contexte poursuivi William Martinet, l’UNEF n’appelant cependant qu’à la journée de manifestation nationale prévue le 28 avril prochain. Une belle pirouette visant à sortir du cadre démocratique tout en restant, en théorie, l’un des acteurs - si possible paraissant représentatif de l’aspiration collective - de la mobilisation. Mais, pour le coup, l’UNEF manque cruellement de nouvelles idées. En effet, cette stratégie de la recherche d’accords à la marge suffisamment conséquents pour stopper la dynamique générale a été employée, avec succès, en 2009 avec le mouvement LRU. Il n’est en ce sens que très peu étonnant que la FIDL, antichambre lycéenne de l’UNEF, porte le même discours à destination des bahuts. « Il y a clairement des mesures positives pour la jeunesse, notamment pour les apprentis et les lycées professionnels », a ainsi déclaré Zoïa Guschlbauer, présidente de la FIDL, qui appelle cependant elle aussi à la poursuite du mouvement pour la date du 28 avril.

Bien que ce stratagème finement ciselé ait fait merveille en 2009, il ressemble à un montage fait à la hâte face à une situation qui échappe déjà aux mains de ces organisations en forte chute d’adhérents. En effet, le projet de loi travail semble, à voir des phénomènes comme "Nuit Debout" ou la contestation qui continue de se construire dans la jeunesse, avoir fait sauter la chape de plomb contenant le ras le bol. Comme si la loi El Khomri avait été le déclencheur d’une contestation beaucoup plus large. Certes, la dynamique de la mobilisation n’a pas encore atteint le degré de massification que l’on a pu voir pendant les moments les plus forts de la lutte contre le CPE en 2006 ou même durant le mouvement contre la LRU en 2009, mais de nombreux symptômes nous laissent présager que le mouvement contre la loi travail est très loin d’avoir dit son dernier mot.

A une semaine des vacances et alors que les étudiants mobilisés ont à fort à faire avec la présidence de leur Université, l’université du Mirail à Toulouse a, par exemple, vécu sa plus grosse assemblée générale ce lundi 11 avril. D’autre part les "Nuit Debout" se multiplient et des secteurs de travailleurs commencent à trépigner d’impatience. A ce titre, l’appel à la convergence avec les salariés de la CNE, et ce dès aujourd’hui 12 avril, au travers d’actions en direction des cheminots, est un signe extrêmement positif. Si ce secteur d’importance stratégique pour l’économie se lançait dans une grève reconductible, cela pourrait non seulement donner du souffle au mouvement entamé par la jeunesse depuis plus d’un mois, mais concrètement changer la donne et ainsi obliger le gouvernement et le patronat à reculer. Afin de poursuivre la mobilisation, les étudiants plus globalement comptent profiter des vacances pour tisser des liens avec le monde du travail, et appellent à la convergence sur les places pour se donner les moyens de passer du rêve qui se fait de plus en plus jour d’une autre société, à sa réalité.


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