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Delirium tremens

Dérive sécuritaire dans le Nord. L’abus d’état d’urgence est dangereux pour la santé

Maia de Abril Dans toute la région Nord, depuis le 14 novembre et la mise en place de l'état d'urgence, il est interdit de vendre de l'alcool en libre-service entre 20h et 8h ainsi que d'en consommer sur la voie publique. L'interdiction s'étend même à tout type de boisson, si celle-ci est contenue dans une bouteille en verre. Une décision qui agace les riverains. En effet, le lien avec les attentats du 13 novembre à Paris est difficile à saisir.

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Le préfet de la région Nord-Pas-de-Calais, Jean-François Cordet, est à l’origine de l’arrêté prohibant la vente, la détention et la consommation d’alcool sur la voie publique ainsi que toute autre boisson dans un contenant en verre. La rapidité avec laquelle a été prise cette mesure interroge quant aux motivations réelles de la préfecture, quant aux motifs invoqués permettant de la justifier, ils sont loin d’être satisfaisants. L’état d’urgence semble être ici avant tout un prétexte pour la mise en place d’un contrôle accru de l’espace public.

Libérer les forces de l’ordre tout en les mobilisant encore plus

Tout d’abord, s’appuyer sur la situation précise post-attentat pour étendre cette interdiction à l’ensemble d’une région intrigue car cette mesure n’est pas inédite. En effet, ce type d’arrêté existe d’ores et déjà dans plusieurs quartiers très fréquentés de la capitale, comme le canal Saint Martin ou encore les Grands boulevards et il est aussi prévu habituellement lors d’événements publics d’ampleur dans le Nord, comme les matches de foot. Finalement, la décision de la préfecture, qui est motivée par une nécessité pour les policiers de pouvoir « travailler plus sereinement » semble en fait entraîner ici un surcroît d’activité, dans la mesure où l’arrêté est impératif et doit être appliqué partout. Oui, à l’approche des fêtes et avec des commerçants plus que mécontents, il est probable que les forces de l’ordre soient plus occupées à confisquer du vin chaud qu’à traquer des terroristes.

In vino veritas

La véritable raison de l’empressement à sécuriser la place publique des « dérives » de l’alcool -ou de toute autre boisson contenue dans une bouteille de verre, gare à vous, buveurs nocturnes de jus d’orange- se situe probablement ailleurs que dans la réaction aux attentats de Paris. Il est évident de constater à quel point cet arrêté s’attaque à des problématiques valables tout le temps et qu’ici le souci du préfet n’est pas spécifiquement lié à l’état d’urgence. La raison se trouve peut être dans une volonté de réguler les comportements à risques que peut entraîner la consommation d’alcool, car si la consommation régulière est en baisse, les situations d’ivresse aboutissant à des incidents graves sont en hausse. Cependant, en aucun cas une répression accrue de la part de l’État n’est une réponse cohérente ou durable à cette question dont les origines sont profondément ancrées dans une compréhension sociale de ces comportements. Nombreux sont les sceptiques quant au respect de cette interdiction qui s’appliquera jusqu’à la fin du régime d’exception, prévue le 26 février. Sur la toile notamment, la mesure étonne et fait débat, voire est tournée en dérision. Cela dit, la contourner présente un risque de se voir sanctionner d’une amende de deuxième classe d’un montant de 150 euros, ce qui n’est absolument pas négligeable.

L’application de l’état d’urgence est bel et bien, dans la loi, laissée à l’appréciation du préfet, en fonction des « impératifs de sa région ». Alors que ce soit pour endiguer une recrudescence des incidents liés à la consommation d’alcool, ou bien encore offrir une prime de Noël aux policiers de la région, cela reste une énième démonstration des multiples dérives liées aux pleins pouvoirs octroyés par l’état d’urgence.


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