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Guerre en Ukraine

L’armée russe se recentre sur « la libération » du Donbass : un tournant dans la guerre ?

L’armée russe a déclaré, vendredi 25 mars, se concentrer sur l’est de l’Ukraine et la « libération » du Donbass. Cette déclaration pourrait constituer un tournant dans la guerre. Le Donbass, là où a commencé l’invasion russe il y a huit ans, est amené à devenir la région clé du conflit en Ukraine.

Nathan Deas

25 mars 2022

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Sergueï Roudskoï, adjoint au chef de l’état-major russe, a déclaré, vendredi 25 mars, vouloir se concentrer sur la « libération » de l’Est de l’Ukraine avec pour « objectif principal », le Donbass. « Les capacités de combat des forces ukrainiennes ont été réduites de manière importante, ce qui permet (...) de concentrer le gros des efforts sur l’objectif principal : la libération du Donbass » a-t-il déclaré.

Après un mois de combat et des gains territoriaux limités, cette annonce pourrait être le premier signal que Moscou serait prêt à renoncer à ses espoirs de s’emparer de plus grandes étendues du territoire ukrainien. Ainsi, la « libération » de l’ensemble du Donbass, dans la limite de ses frontières administratives (les oblasts de Donetsk et de Louhansk), délimités à l’ouest par les régions de Kharkiv, Dnipropetrovsk et Zaporijia, était selon le ministre de la défense russe cité par Interfax, l’une des options de départ de l’opération russe en Ukraine, l’autre étant la conquête de l’ensemble du territoire ukrainien.

Comme le note Ouest France « L’annonce de ce recentrage apparent des objectifs militaires de Moscou intervient alors que ses lignes de front n’ont plus bougé depuis plusieurs jours à proximité des grandes villes assiégées par l’armée russe, dont Kharkiv, Tchernihiv et Mykolaïv, et alors que les forces ukrainiennes semblent même avoir repris l’ascendant à l’est de Kiev ».

Interrogé par France Info, Joseph Henrotin, rédacteur en chef de la revue Défense et sécurité internationale note que cette déclaration pourrait bien marquer un tournant. « Les forces russes sont dans un état de sur-expansion, elles ont atteint leur point culminant. c’est-à-dire le point au-delà duquel leurs efforts deviennent contreproductifs » détaille-t-il avant de nuancer « reste à voir si les Ukrainiens vont être d’accord avec cette affirmation ».

De ce point de vue, le revirement stratégique de l’état-major russe pourrait être le signe de la volonté après plus d’un mois de conflits et de très importantes pertes, de ne pas étendre le conflit sur un temps trop long. Et ce alors que l’économie de la Russie est déjà très fortement fragilisée par la politique de sanctions sans précédent pratiquée par les puissances de l’OTAN à son encontre et qu’une occupation sur le long terme de l’Ukraine serait très coûteuse à tous points de vue.

Si Sergeuï Roudskoï, a expliqué que la non-prise de contrôle des grandes villes ukrainiennes était délibérée, et que Moscou pourrait encore dans le futur décider de les saisir, la Russie semble donc être revenue sur sa volonté de destituer le gouvernement de Zelensky et sur une conquête totale de l’Ukraine. Cependant, Poutine ne transige pas sur la reconnaissance de l’indépendance des Républiques de Donetsk et de Lougansk, ainsi que sur son annexion de la Crimée. Or, il est difficile pour l’Ukraine d’envisager une telle concession à la Russie.

Pour l’heure, l’armée russe contrôle 93 % du territoire de la « république populaire de Louhansk » et 54 % du territoire de la « république populaire de Donetsk » a expliqué le ministre de la défense russe. Ce territoire est extrêmement stratégique. Ces dernières semaines, les bombardements se sont concentrés sur Marioupol, dont la prise est centrale pour l’armée russe, pour permettre d’établir un corridor entre la péninsule de Crimée sous contrôle russe et la région du Donbass permettant d’accéder à la mer d’Azog.

Objet central de la convoitise russe -Poutine avait reconnu l’indépendance des républiques du Donbass avant même de lancer l’invasion de l’Ukraine-, le gouvernement ukrainien semblait avoir ouvert la possibilité de discuter et négocier à propos du Donbass et de la Crimée ces derniers jours. La région s’impose de plus en plus comme le terrain de résolution du conflit et de la guerre.

Le Donbass est l’un des endroits où l’invasion russe de l’Ukraine a commencé il y a huit ans et il pourrait s’avérer décisif dans la façon dont elle se termine, les enjeux sont cruciaux pour l’Ukraine disent les responsables de la défense et les analystes occidentaux dont le Financial Times qui note « Ce serait un coup dur pour l’effort de guerre de Kiev si la Russie parvenait à faire échouer l’opération conjointe des forces ukrainiennes dans le Donbass. Si le nombre exact de troupes ukrainiennes dans la région fait l’objet d’un black-out informationnel, pas moins de 40 000 soldats de l’armée de terre, soit environ un quart des forces terrestres ukrainiennes, y étaient stationnés lorsque Moscou a lancé sa dernière invasion il y a quatre semaines. (sic) ».

Plus que jamais, l’urgence est de continuer à revendiquer le retrait des troupes russes d’Ukraine, mais aussi le droit à l’auto-détermination du Donbass et des régions de l’Est, une revendication centrale pour liquider la propagande chauvine et pro-russe de Poutine et alors que la région est amenée à devenir l’épicentre de la guerre. Ce combat doit se mener en totale solidarité avec les travailleurs et les classes populaires ukrainiennes et russes.


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