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Kabila Dégage !

L’armée tue les manifestants en République Démocratique du Congo

Alors que la fin de mandat de l'actuel président Joseph Kabila approche, celui-ci tente de se maintenir au pouvoir. Les congolais s'y opposent et manifestent depuis plusieurs jours. L'armée et la Garde Républicaine ont tiré à balles réelles et tué plusieurs manifestants. Certains manifestants prennent les armes. Le ministre de l'Intérieur, Évariste Boshab, parle de « mouvement insurrectionnel ». Les congolais veulent prendre leurs affaires en main.

Camille Pons

20 septembre 2016

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De nombreuses photos, vidéos et témoignages font état de la violence des affrontements de ces derniers jours en République Démocratique du Congo (RDC), et notamment dans la capitale Kinshasa. Si le bilan officiel est de 17 morts, il serait en réalité bien plus lourd, approchant plutôt la centaine selon certaines sources. Les manifestants revendiquent le départ de Kabila, l’actuel président, qui tente de se maintenir au pouvoir au-delà de la fin de son mandat, censé se terminer le 19 décembre. Par quelle manœuvre ? En tentant de reporter les élections prévues au départ le 27 novembre, ou de « faire glisser le calendrier électoral » pour reprendre l’euphémisme du gouvernement. Ce qui ne passe pas pour les Congolais, dont beaucoup contestaient déjà sa réélection en 2011.

Alors que la Majorité Présidentielle (MP) tentait d’entrainer l’opposition dans ce processus, une partie de celle-ci a récemment rompu le dialogue, et appelé à plusieurs manifestations. Cette partie de l’opposition, connue comme le Rassemblement des forces acquises au changement, est une alliance récente de plusieurs forces (Union Pour la Démocratie et le Progrès Social, Mouvement de Libération du Congo, Moïse Katumbi), dont la principale figure est Étienne Tshisekedi. D’autres forces d’opposition, au contraire, préfèreraient poursuivre les pourparlers du « dialogue national politique inclusif », comme Vital Kamerhe, ancien président de l’Assemblée nationale, et Léon Kengo wa Dondo, président du Sénat.

Néanmoins, on ne peut pas assimiler simplement les manifestants aux directions des partis politiques d’opposition et à leurs personnalités, à l’image de Tshisekedi et de ses partisans. D’un côté, il y a Tshisekedi, 83 ans, personnage politique de retour à Kinshasa (il se faisait soigner en Belgique, ce qu’aimeraient pouvoir faire de nombreux Congolais), président de l’UDPS, qui avait entamé des négociations secrètes avec la présidence en mai 2015 pour des postes ministériels, avant de claquer la porte. De l’autre, des manifestants déterminés à « prendre leurs affaires en main », comme le mentionnent de nombreux commentaires sur les réseaux sociaux (c’est-à-dire, sans besoin de l’ingérence de l’ONU, les États-Unis, la France ou la Belgique, d’une part, ni les partis d’autre part), et qui ont fait face aux chars de l’armée devant le stade des martyrs, ou encore affronté les forces de l’ordre avec les étudiants devant l’Université de Kinshasa.

Face à cette situation, les pays impérialistes s’inquiètent de la situation. Jean-Marc Ayrault a parlé d’une « situation qui n’est pas acceptable ». L’envoyé spécial des États-Unis pour les Grands Lacs, Tom Perriello, a dénoncé la violence « des deux côtés ». Ban Ki-moon, secrétaire général de l’ONU, a condamné les violences. Tous, en tout cas, sont préoccupés par l’instabilité croissante, et redoutent une augmentation des affrontements. Et ils entendent bien ne pas laisser les pourparlers se dérouler au hasard. Concrètement, le 1ᵉʳ juin 2016, l’Union Africaine a établi un « Groupe de soutien à la facilitation », composé entre autres de l’ONU, l’Union Européenne, l’Organisation Internationale de la Francophonie..., dont la fonction est de conseiller le « facilitateur » Edem Kodjo, ancien premier ministre du Togo, et qui préside le soi-disant organisme de « dialogue ». Autant dire que malgré toutes ces médiations, les congolais ne sont pas dupes sur les intentions des puissances « occidentales », et sur le rôle de l’Union Africaine.

« La finale, c’est le 19 »

Beaucoup ont les yeux rivés sur le 19 décembre, date à laquelle se termine le mandat de Kabila. « Les Burkinabés n’ont pas attendu la fin de mandat pour faire partir Blaise » leur répondent certains. Et c’est ce qui est en jeu actuellement. La forte poussée de la population, sous le mot d’ordre de « Kabila dégage ! », n’est pas près de retomber. C’est tous unis, étudiants, habitants des quartiers, fonctionnaires, mineurs..., en multipliant les manifestations et les grèves, que le peuple congolais trouvera la force, face à la répression du gouvernement, de véritablement « prendre ses affaires en main » !


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