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On attend le retour de la retraite à 60 ans…

L’espérance de vie baisse, tout le monde trinque autant ?

Le rapport de l’INSEE sur la démographie française, publié ce mardi 19 janvier indique une baisse de l’espérance de vie pour les deux sexes inédite depuis 1969. Une hausse de la mortalité chez une population vieillissante doublée d’une légère baisse du taux de natalité expliquerait cette chute de l’espérance de vie en France. Mais qu’on ne s’inquiète pas, la démographie française reste un « atout pour l’économie de la France ». Et pour nous, qu’en est-il ?

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Ce que dit le rapport de l’INSEE

L’année 2015 est marquée par une baisse historique de l’espérance de vie pour les deux sexes. Une femme vivra en moyenne 0,4 an de moins qu’en 2014, avec une espérance de vie qui passe de 85,4 ans à 85 ans, tandis qu’un homme vivra en moyenne 0,3 an de moins, pour une espérance de vie à la naissance qui passe de 79,2 à 78,9 ans. Pour causes, un taux de mortalité qui a fortement augmenté en 2015 (avec une hausse de 41 000 décès) et une diminution légère du nombre de naissances (- 19 000 sur l’année 2015).
À y regarder de plus près, ce sont les plus de 65 ans qui subissent le plus la hausse de la mortalité. De plus la « génération baby-boom » née entre 1946 et 1974 représente en 2015 18,8% de la population totale et sa part dans la population globale est en augmentation constante. On constate donc une hausse des plus de 65 ans dans la population totale, et même si la France connaît un taux de natalité élevé (malgré sa légère baisse pour l’année 2015), la démographie française est tendanciellement vieillissante.
C’est ce qui expliquerait que nous soyons en moyenne plus facilement sensibles aux conjonctures climatiques et épidémiologiques. Le rapport de l’INSEE met en avant trois facteurs qui seraient responsables du taux de mortalité le plus haut connu depuis la deuxième guerre mondiale : la grande grippe du premier semestre de 2015, la canicule du mois de juillet et l’épisode de grand froid d’octobre. Et ce car les personnes âgées de plus de 65 ans sont plus sensibles et moins résistantes aux épisodes de chaleur et ou de froid, et les vaccinations moins efficaces chez les personnes de cette tranche d’âge. CQFD.

Ce qu’omet le rapport de l’INSEE

Si le rapport de l’INSEE fournit des pistes pour comprendre les raisons de cette diminution inédite de l’espérance de vie à la naissance, ce qui doit permettre de rassurer sur le caractère conjoncturel de cette chute, l’Institut se contente d’observer les différents taux (de natalité, de mortalité, d’espérance de vie) en fonction des sexes. Aucun examen de ces mêmes taux en fonction des professions et catégories sociales, et silence radio sur les mesures politiques des dernières années qui auraient pu influencer la démographie française. Pourtant, personne n’ignore que l’espérance de vie est relative à la catégorie socio-professionnelle observée : ainsi, en moyenne un ouvrier vivra cinq ans et demi de moins qu’un cadre. De même, à 55 ans, les hommes retraités anciens cadres ont en moyenne 3,3 ans de plus à vivre que les hommes du même âge retraités anciens ouvriers (selon les chiffres de l’INSEE de 2013).

Au-delà de l’influence de la catégorie sociale sur l’espérance de vie, des facteurs sociaux économiques comme l’inactivité, le chômage ou la précarité s’accompagnent là encore d’une espérance de vie plus faible. Quand on sait que le chômage est en hausse en France, et qu’il assassine silencieusement des milliers de personnes par an, on s’étonne que l’Institut n’examine pas de ce côté-là. Sans compter les politiques d’austérité qui s’appliquent toujours plus sur les travailleurs, les jeunes et les classes populaires qui plonge notre camp social dans toujours plus de précarité, si bien qu’on finit par ne plus s’étonner qu’un étudiant meurt de faim dans sa chambre universitaire ou qu’un ouvrier meurt sur son lieu de travail.

Alors que l’INSEE publie chaque année ses rapports sur la démographie française, passant volontairement sous silence des critères aussi révélateurs que ceux relatifs à la catégorie sociale, on nous rabâche sans arrêt que l’augmentation continue de l’espérance de vie doit logiquement s’accompagner de l’allongement de la durée de cotisation. Est-ce que ces même voix vont maintenant défendre l’abaissement de l’âge de départ à la retraite ? Certainement pas… Ceux qui nous gouvernent ont plus d’un tour dans leur sac pour justifier leurs politiques d’austérité qui visent à faire payer aux travailleurs leur crise. De quoi nous faire grincer des dents quand on apprend que la baisse moyenne de l’espérance de vie serait le fruit d’évènements purement conjoncturels, alors que nous constatons tous au quotidien l’appauvrissement et la précarisation de nos conditions de vie et de travail.


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