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Coronavirus

"L’hôpital public n’est plus en capacité de faire face à une pandémie" Sud Santé 33 s’inquiète de la gestion gouvernementale

L'organisation syndicale Sud Santé Sociaux 33 a sorti un communiqué sur les inquiétudes qui traversent le Samu, les urgences et les hôpitaux publics alors que l'épidémie de Coronavirus rentre dans le stade 3. Nous avons interviewé Gilbert Mouden, infirmier anesthésiste à l'unité SAMU SMUR du CHU de Bordeaux.

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Crédits photo : AFP

Gilbert Mouden est infirmier anesthésiste depuis 25 ans. Il travaille au SAMU SMUR de Bordeaux et est délégué syndical à Sud Santé sociaux. Mobilisé depuis plus d’un an contre la casse de l’hôpital public, ce militant syndical s’inquiète au même titre que ses collègues de la gestion de l’épidémie par le gouvernement.

RP : Comment appréhendez-vous l’épidémie ?

Gilbert Mouden : Nous avons pris du retard par rapport à ce que l’on sait sur la façon dont s’est propagée l’épidémie en Italie. Il va y avoir un afflux de patients à prendre en charge dans des hôpitaux publics depuis longtemps en crise. Quand je parle de crise je parle surtout du manque de lits et du manque de personnel. On est déjà à flux tendu et clairement ça va être compliqué de prendre en charge l’ensemble des patients. Le nombre de lits en réanimation sont limités, la réserve de lits est très faible et ce qui m’inquiète c’est d’abord notre capacité à pouvoir répondre à l’afflux.
Je suis également inquiet par rapport à certains aspects du matériel qui nous est fourni. Par rapport aux masques par exemple, on voit sur les personnels des masques qui ne sont pas toujours adaptés. On a prévenu le CHSCT et il nous faut des masques FFP2 en nombre.

Par ailleurs, au niveau des soignants on s’inquiète du fait que des personnels soignants viennent travailler malades et affaiblis, ou encore de la décision récente de ne plus mettre en quarantaine automatiquement le personnel s’il a été en contact avec une personne porteuse du coronavirus et qu’il n’a pas de symptômes.

RP : Comment cela se passe-t-il jusqu’à présent au niveau de la gestion de la crise dans votre unité ?

GM : Depuis plusieurs jours il y a une très grande demande. Les appels sont extrêmement nombreux. Hier matin le centre d’appel était surchargé, avec 45 appels en attente. Il s’agit pour le moment principalement d’appels pour obtenir des informations par rapport au Coronavirus. Le problème c’est que la situation va évoluer et encore une fois il y a un manque de personnel et les assistants de régulation médicale sont surchargés. A partir de demain, il y aura du personnel en heures supplémentaires sur deux nouveaux postes.

RP : Avez-vous déjà été confronté à une situation similaire au cours de votre carrière ?

GM : Je suis infirmier depuis 25 ans mais jamais je n’ai été confronté à une telle épidémie. Nous avons déjà eu des crises avec le SRAS ou encore la grippe H1N1 mais ce n’était pas une épidémie de l’ampleur de celle- ci. Aujourd’hui on est formés au niveau des urgences, on a le matériel qu’il faut mais ce qui nous manquera c’est l’effectif humain qui n’a pas été réévalué depuis plusieurs années au niveau de la métropole de Bordeaux. On a les mêmes effectifs qu’il y a 20 ans. Au niveau du SAMU-SMUR (service mobile d’urgence et de réanimation) à titre d’exemple il y avait cinq médecins par jour avant, aujourd’hui il n’y en a plus que trois pour couvrir Bordeaux et la grande couronne.

On est sur quelque chose de nouveau avec cette épidémie. On est habitués et prêts à prendre en charge des flux importants en cas de catastrophe routière ou d’attentat mais là on est sur quelque chose de viral, c’est une nouvelle organisation qu’il faut penser.

RP : Dans votre communiqué vous remettez en question le discours qui se veut rassurant du gouvernement sur le degré de préparation des hôpitaux, leur capacité à répondre à l’épidémie, de quoi voulez-vous prévenir la population ?

GM : Je suis mobilisé depuis plus d’un an, plus d’un an qu’on est dans la rue. Le gouvernement nous a promis des moyens financiers mais qu’on ne voit pas arriver, il n’y a pas eu de création de postes. Et il faut que la population soit informée de cet état des hôpitaux et des conditions de travail des personnels qui sont dépassés et surmenés. Ce n’est pas certain qu’on arrive à faire face et on va ressortir encore plus affaiblis.

Pour autant il faut qu’ils sachent qu’on est des professionnels de santé et les soignants se mobiliseront et feront tout pour aider la population, on a cette âme de soignant en premier.


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