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Vos guerres, nos morts

L’impérialisme britannique au Moyen-Orient depuis 2001

L’attentat de Londres a finalement été revendiqué par Daech. Mais comment comprendre cet acte meurtrier et tous ceux qui l'ont précédé sans s'interroger sur le rôle de l'impérialisme, à commencer par l'impérialisme britannique, au Moyen-Orient ?

Anna Ky

23 mars 2017

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Il est évident que l’attaque qui a causé plusieurs victimes à Londres ce mercredi est un drame et que nous nous solidarisons avec elles et leurs familles. Mais dans un contexte où les attentats sont toujours prétextes à une union nationale plus forte et à un renforcement sécuritaire, où des personnalités politiques comme Manuel Valls, il y a plus d’un an, n’hésitent pas à déclarer qu’« expliquer c’est excuser », il est réalité primordial de comprendre le rôle des grandes puissances au Proche et Moyen-Orient.

Des interventions meurtrières à l’émergence de forces réactionnaires

 
S’il n’existe pas de lien corrélatif mécanique entre les interventions impérialistes anglo-américaines, françaises, etc., et l’émergence d’Al Qaeda et de Daech, la déstabilisation du Moyen et Proche-Orient est évidemment un terreau fertile à l’émergence de mouvances obscurantistes comme la dictature des talibans en Afghanistan, Al Qaeda et Daech.

Ce serait un raccourci simpliste que d’analyser l’émergence de ces forces réactionnaires comme l’émanation directe de Washington et ses alliés. Mais ces puissances impérialistes ont joué un rôle majeur dans la situation chaotique que connaissent ces régions du Proche et du Moyen-Orient.

À la suite du 11 septembre 2001, les États-Unis, mais également d’autres puissances impérialistes telles que la France, le Royaume-Uni et le Canada, ont mené une « guerre contre le terrorisme » sans merci, en Afghanistan en premier lieu, puis en Irak dès 2003. La stratégie militaire en œuvre était une « guerre punitive et préventive ». Après l’invasion de l’Irak et le renversement de Saddam Hussein, l’objectif de la Maison Blanche a été d’exacerber les conflits larvés entre différents courants religieux pour éviter une alliance entre sunnites et chiites face à l’impérialisme nord-américain. Ces interventions incessantes ont causé parmi les populations locales des dizaines de milliers de morts directes – sous les bombardements, pris en étau entre la coalition internationale et les forces réactionnaires – mais aussi indirectes, par l’exil, la misère et la famine. Cette région, et notamment du fait de sa richesse en matières premières, est le lieu où depuis plus d’un siècle, les puissances mondiales et leurs relais régionaux se livrent une bataille barbare et impitoyable.

Cette instabilité géopolitique exacerbée depuis 2001 et le chaos généralisé ont permis l’émergence et le renforcement de mouvances islamistes radicales. Avant 2003, Al Qaeda et Daech n’existaient pas en Irak ni en Syrie. Aujourd’hui, les talibans sont plus forts que jamais en Afghanistan, maintenant les populations sous une chape de plomb.

Une guerre asymétrique

 
Ce contexte instable, directement issu de l’interventionnisme des grandes puissances et de la « guerre préventive » menée par l’administration Bush et ses alliés – où le Royaume-Uni et la France figurent au premier rang - puis perpétuée sous Obama, ont été un terreau fertile à la radicalisation, au désespoir et à l’emprise des mouvances islamistes radicales.

Ce même schéma est en train de se répéter en Syrie, plongée dans le chaos après la contre-révolution sanglante menée par Bachar El Assad au début des années 2010 et intensifiée par les interventions impérialistes de la coalition internationale.

Il s’agit d’une forme de terrorisme qui ne dit pas son nom, en cela qu’elle est menée par des puissances qui se proclament démocratiques et qui opposent l’art de la guerre et de la violence légitimée de fait, au Proche et au Moyen-Orient, à des attaques terroristes perpétrées sur le sol des pays impérialistes mais aussi périphériques qui lui sont alliés.

Ainsi la notion même de terrorisme est arbitraire et repose sur des présupposés propres aux pays occidentaux, tels que la loi, l’ordre, la sécurité… Mais qu’en est-il lorsque ce sont ces mêmes pays occidentaux qui participent à semer la terreur dans des pays plus lointains ? Cette barbarie capitaliste doit cesser, car une nouvelle fois, ce sont leurs guerres et nos morts. L’attaque de Londres en est un nouveau témoignage.


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