Déjà, on nous avait annoncé le rétablissement préventif des contrôles aux frontières, sorte de retour de la ligne Maginot pour « empêcher les Black Blocks de venir tout casser à Paris ». La nouvelle directive, désormais, c’est l’interdiction formelle de manifester. C’est la nouvelle ligne assénée par le premier flic de Premier ministre de Hollande. Circulez, il n’y a rien à voir.
De toute façon, le Sommet risque de se réduire à la simple phase des discussions finales. La Conférence Climat en tant que telle sera maintenue, comme l’a confirmé Manuel Valls ce weekend, mais elle sera largement reformatée, réduite certainement « à la négociation », à savoir les vagues palabres assorties d’une résolution finale plus ou moins contresignée par les 120 chefs d’Etat et de gouvernement qui seront réunis lundi 30 novembre. Réunis au Bourget, comme dans un camp retranché, soit dit au passage.
Le reste passe par pertes et profits. Hollande, Valls, Ségolène Royale, Laurent Fabius voulaient que la COP21 soit, pour partie, une espèce de kermesse citoyenne repeinte en vert pour épauler leur propagande. Finalement, come l’a annoncé Matignon, les concerts et les manifestations festives seront toutes annulées. Pour ce qui est du côté « citoyen » de la Conférence, qui prévoyait que soient plus ou moins associées aux discussions ONG et autres associations suffisamment critiques pour être présentables mais pas trop non plus pour recevoir des subsides… il n’y aura très probablement rien, n’en déplaise à Royal.
Rien n’a été tranché, pour l’instant, affirme le gouvernement. Au vu, néanmoins, de la tournure (martiale) que prend la situation, avec le discours de Hollande à Versailles et la prolongation pour trois mois de l’état d’urgence, il y a fort à parier que du côté de la contestation, tout va être raboté. Y compris pour ce qui est de l’aile la plus modérée de la Coalition Climat 21 qui regroupe 130 organisations, syndicats, ONG et associations humanitaires.
Ainsi, il n’est pas sûr que se tienne la grande mobilisation du 29 novembre, à la veille du Sommet, pas plus que le contre-Sommet citoyen, prévu à Montreuil les 5 et 6 décembre, ou encore la journée de désobéissance qui devrait se tenir le 12 décembre, au lendemain de la clôture officielle de la COP21. Et si le gouvernement n’agit pas directement, il peut compter sur ses alliés objectifs, les plus dialoguants et accommodants de la Coalition Climat, qui déjà ont indiqué vouloir « prendre le temps de la réflexion ».
La seule réflexion à avoir, en réalité, c’est que face à cette ribambelle de puissants qui veulent faire bonne figure en bavardant autour de l’écologie pour mieux continuer à polluer la planète et ses habitant-e-s, c’est qu’il faut tenir nos positions : ni interdiction, ni annulation, notamment autour de la grande marche du 29 novembre.
