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Capitulation !

La France Insoumise vote 45 milliards d’euros "d’aide" au patronat derrière l’"union nationale" de Macron

La direction de la France Insoumise a voté jeudi 19 mars le projet de loi de finances rectificatif prévoyant un plan d’aide de 45 milliards de soutien immédiat au patronat. Un plan qui selon Jean-Luc Mélenchon ne prévoit « pas grand-chose pour les travailleurs voir quasiment rien ». Pourtant, cela n’a pas empêché le leader de La France Insoumise de voter en toute conscience des milliards de cadeaux aux grandes entreprises avant de reconnaitre avoir « peut-être fait une erreur en votant cette loi ». Une capitulation en règle de La France Insoumise à « l’union nationale » allant de Macron jusqu’au MEDEF.

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En réponse à la crise sanitaire, le gouvernement a soumis en urgence au Parlement deux projets de loi. Voté ce dimanche 22 mars, le premier instaure « l’état d’urgence sanitaire » ouvrant la voie à une offensive historique sur le terrain des droits démocratiques, sur la liberté d’aller et venir, mais aussi sur le terrain du droit du travail. Le projet de loi a été voté à une large majorité (par 510 voix contre 37 et 28 abstentions) par un front de députés allant de LREM, à LR jusqu’au RN, le PS s’est abstenu.

Seuls deux groupes parlementaires se sont opposés à « l’état d’urgence sanitaire », La France Insoumise et le PCF, dénonçant à juste titre une loi qui donne « les pleins pouvoirs au gouvernement » et « déroge au droit du travail  ». Un vote qui sonne cependant comme une évidence tant l’offensive que porte ce projet de loi est brutale contre le monde du travail et la jeunesse.

Vote du PLFR : la France Insoumise derrière l’« union nationale » en soutien au patronat

Mais c’est sur le deuxième texte dit projet de loi de finances rectificative (PLFR) que le vote des députés de gauche est plus que problématique. En effet, si peu d’informations ont filtré dans les médias sur les débats à l’Assemblée Nationale, la France Insoumise, ou encore le PCF, a voté à l’unanimité le PLFR 2020 qui en définitive distribue 45 milliards d’euros de cadeaux « inconditionnels » au patronat. C’est ce que confirme Jean-Luc Mélenchon sur France Inter : « Nous avons commencé par voter le projet de loi de finances » explique-t-il avant de relativiser, il s’agit « peut-être » d’une « erreur ».

Sa justification ? « Nous ne voulons rien bloquer » a-t-il pointé. Une reculade bien tardive qui ne changera rien à l’unanimité fracassante (572 votes pour et 0 contre) qui s’est exprimée sur le terrain parlementaire où la « gauche » s’est rangée en bloc derrière l’« union nationale » de Macron en soutien au MEDEF pour voter 45 milliards de cadeaux au patronat, une miette de 2 milliards pour les hôpitaux, rien pour les travailleurs !

Des centaines de milliards pour sauver les grandes entreprises, une miette pour les hôpitaux, rien pour les travailleurs

Car en substance, bien plus qu’un plan d’aide « aux entreprises et aux travailleurs » comme cherche à le faire penser le gouvernement, il s’agit d’un plan d’aide des plus massifs au patronat. Des milliards de cadeaux qui commence par les mesures de soutien immédiats qui se chiffrent à 45 milliards d’euros de mesures, mais inclue également prêts garantis par l’Etat à hauteur de 300 milliards d’euros, et quelques 1.000 milliards d’euros de garanties de prêts bancaires par les puissances publiques européennes.

Pour ce qui concerne l’aide sonnante et trébuchante de 45 milliards d’euros, elle se compose premièrement de 35 milliards d’euros en « report » de cotisations et impôts qui, vu l’ampleur de la crise, pourraient se transformer en annulation, de 1 milliard seulement au titre du fond de solidarité pour les petites entreprises qui seront pourtant en première ligne face à la crise. Ensuite de 8,5 milliards au titre du financement du chômage technique par les administrations publiques. Une mesure en faveur des patrons puisque non seulement les salariés ne toucheront que 84% de leur salaire net, mais plus encore, cette mesure pèsera directement dans le déficit public dont l’explosion servira à justifier le paiement de la crise par les travailleurs.

Comme pendant la crise de 2008, l’explosion du déficit public servira de justification à de futures nouvelles attaques brutales contre les services publics, les droits sociaux dont on voit déjà les prémices avec la loi d’urgence qui entaille toujours plus le droit du travail avec une remise en question des 35h, des RTT, et des congés.

Pour La France Insoumise, il aurait fallu plus d’argent pour le patronat !

Mais si la France Insoumise a voté comme un seul homme ce volet « financier » de « l’état d’urgence sanitaire », ce n’est pas seulement une « erreur ». C’est la résultante d’une volonté de se fondre dans l’« unité nationale » appelée de ses vœux par Macron le jeudi 12 mars. Par suite de cette intervention, le leader de La France Insoumise répondait que le temps n’était pas « celui de la polémique » avant que les députés de la France insoumise affirment même être « disposés à la coopération » mais pas « à n’importe quel prix ». En somme, la FI signait avec ce vote le premier acte de sa « coopération » avec le gouvernement.

Mais il ne s’agit pas non plus d’un hasard que cette « union » se fasse sur les crédits de guerre au patronat. En effet, pour Mélenchon, le fond du problème réside aussi dans le fait que le plan de soutien massif aux employeurs ne lui semble pas suffisant pour maintenir l’économie. Ainsi, pour le leader de La France Insoumise, « il faut injecter massivement des liquidités » dans l’économie avant de préciser que les « 45 milliards, ne [lui] semblent pas à la mesure de la situation ».

Des propos qu’Adrien Quatennens, député du Nord radicalise en affirmant à Sud Radio ne pas être convaincu par la formule « quoi qu’il en coûte », utilisée par Macron. « Le gouvernement communique beaucoup sur les 45 milliards qu’il met sur la table. Mais le diable se cache dans les détails, en réalité il n’y a que 6,5 milliards qui sont des aides d’État supplémentaires, le reste sont des reports de charges ». Il continue : « 32 milliards sur 45 annoncés sont des reports de charges, de cotisations : donc dans quelques mois les entreprises devront payer dans une conjoncture économique compliquée ». Une manière de dire que s’il n’y pas assez d’argent pour les travailleurs, les 45 milliards de cadeaux au patronat ne suffisent pas pour La France Insoumise.

Face à la catastrophe sanitaire et économique brutale, il n’y a pas de voie intermédiaire

Ce qui se cache derrière cette « union nationale » derrière Macron et le MEDEF, c’est bien la stratégie de conciliation de classe de La France Insoumise. En exigeant de l’argent pas seulement pour les hôpitaux et les travailleurs, mais aussi pour le patronat, il inscrit sa stratégie dans son orientation une politique de collaboration de classes en direction du grand capital « productif » et national. C’est ce qu’il pointe dans son intervention à l’Assemblée Nationale remettant au gout du jour la « souveraineté » perdue : « Priorité à l’être humain, priorité à cette souveraineté dont vous êtes en train de découvrir qu’elle n’est pas du chauvinisme, mais qu’elle est le bon sens qui relocaliser, planifier les moyens qui sont mis en œuvre au profit des êtres humains. »

En d’autres termes, cette capitulation devant l’« union nationale » est une manière de dresser une carrure « responsable » vis-à-vis de l’économie nationale, se plaçant sur le terrain de la « souveraineté » pour s’adresser au capital national productif. Une capitulation sur le terrain de la conciliation avec le régime et ses classes dominantes qui marque s’il le fallait encore l’impasse du populisme de gauche de La France Insoumise.

Contre toute logique d’« union nationale », c’est seulement, en toute indépendance de classe, qu’une issue est possible, seulement si les travailleurs imposent un programme de mesures qui ferait en sorte ... que la crise soit payée par les capitalistes. Une politique « de classe » c’est déjà ce que fait le gouvernement, mais au service de son propre camp, en profitant de la crise pour redoubler l’offensive contre le monde du travail.

Aussi, la stratégie de conciliation de classes de la FI tombe à l’eau dans la situation actuelle. Au moment où une voix de gauche est plus que jamais nécessaire face à la catastrophe que nous vivons et qui nous menace, la France Insoumise se fait le dernier maillon d’une unité nationale réactionnaire. Malheureusement, c’est à cela que conduit la stratégie populiste de gauche.


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