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Les travailleurs n'ont pas à payer les magouilles des capitalistes !

La Pologne annule un méga-contrat avec Airbus Helicopters, qui annonce des suppressions d’emplois...

Mardi 04 octobre, le gouvernement polonais a annoncé mettre fin aux négociations concernant l'achat de 50 hélicoptères militaires Caracal, un contrat de plus de 3 milliards d'euros. Entre le refroidissement des relations franco-polonaises, calculs du gouvernement eurosceptique polonais et annonces d'Airbus, qu'y a-t-il derrière cette annulation ? Camille Pons

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« La Pologne considère que les négociations sont terminées ». C’est ce qu’a annoncé le Ministère de l’Économie polonais - en Pologne, c’est le ministre de l’économie, et non de la Défense, qui négocie les contrats d’armement- , mettant ainsi fin aux négociations débutées depuis avril 2015, concernant l’achat de 50 hélicoptères de transport militaires H225M (appelés Caracal dans l’Armée française) pour 3.13 milliards d’euros.

La raison de la rupture avancée par le gouvernement polonais concerne les offsets jugés peu conséquents. Les offsets sont les compensations industrielles en échange d’importations, ce qui se fait généralement pour des contrats important comme dans l’armement, autrement dit, un pays achète du matériel militaire et l’entreprise, en contrepartie, y installe une partie de la production et "transfère des compétences"). Airbus conteste l’affirmation du gouvernement polonais et parle d’offset de 3 milliards d’euros, soit 100% du contrat.

Dans un article de La Tribune , on lit que "dans le détail, Airbus Helicopters et le motoriste Safran Helicopter Engines (ex-Turbomeca) devaient installer leur chaîne d’assemblage à Lodz. Ils s’étaient engagés à créer de l’ordre de 1.250 emplois directs et environ 2.000 indirects en Pologne. Notamment à Lodz (800 emplois directs) et Radom (250). Les Polonais avaient également obtenu des transferts de technologie massifs ainsi que des transferts de propriété intellectuelle qui leur permettaient de développer sous leur responsabilité des programmes d’amélioration du Caracal. En outre, la chaîne polonaise avait obtenu la fabrication de Caracal gagnés à l’exportation dans certains pays par Airbus Helicopters. Enfin, le constructeur européen s’était engagé à faire monter en puissance le centre de recherche installé en Pologne, qui devait passer d’une trentaine d’ingénieurs à une centaine."

Des causes (et des conséquences) politiques


À la suite de sa victoire aux législatives d’octobre 2015, le parti eurosceptique PiS (Droit et Justice) avait expliqué que l’avenir des discussions était "incertain", un an avant la rupture réelle. À propos du Caracal, le ministre de l’Économie s’était expliqué : "Nous voulons qu’il profite à la Pologne, mais nous souhaitons nous appuyer sur les usines polonaises de Mielec et Swidnik sans renoncer aux Caracal". Il devient facile de lire entre les lignes si l’on sait que Mielec et Swidnic abritent les usines des concurrents d’Airbus, à savoir Leonardo (Italie) et Sikorsky, du groupe Lockheed Martin (USA). Les préférences du gouvernement polonais pourraient aller vers le groupe états-unien.

Cette rupture est aussi un message de la Pologne à la France. Dans un contexte de tension grandissante avec la Russie depuis la crise ukrainienne et l’annexion de la Crimée en 2014, le PiS exploite la ligne de la "surenchère anti-russe", et presse les membres de l’OTAN de s’investir militairement. Et reproche à la France sa "timidité" en la matière. En juin dernier par exemple, une énorme démonstration de forces était effectuée par l’OTAN : les manœuvres Anakonda16, les plus importantes jamais organisées à l’Est depuis la chute du Pacte de Varsovie en 1991. 24 pays, 25.000 militaires (dont 10.000 des États-Unis) y ont participé, mais pas la France. Pour des raisons propres à l’impérialisme français, son Armée étant surtout occupée par son pré-carré africain, au Moyent-Orient et, plus récemment sur son territoire national avec l’État d’urgence. Autre exemple, la France avait décidé de ne pas participer de manière importante aux opérations dite "de réassurance" actées par le sommet de l’OTAN de juillet dernier (qui s’est d’ailleurs tenu à Varsovie).

Néanmoins, Paris, en renonçant à vendre les Mistral prévus à la Russie, avait expliqué avoir "pris en compte les revendications polonaises". Malgré cela, le contrat attendu en retour n’aura pas lieu, signe supplémentaire de la perte d’influence de la bourgeoisie et de la diplomatie française.

Le ministre de la Défense, Jean-Yves le Drian, pourrait partir en Pologne ces prochains jours en urgence, et tenter d’abattre des dernières cartes.

Airbus, comme d’habitude, veut faire payer les travailleurs


Hasard du calendrier, Airbus Helicopters tenait sa réunion de Comité Central Européen mercredi, au lendemain de l’annonce polonaise, donc. Depuis Marignane, le PDG Guillaume Faury aurait annoncé la nécessité de "nouvelles mesures d’adaptation" face au carnet de commandes en baisse. Comprenez, des suppressions d’emplois.

Indépendamment de ce contrat, c’était déjà la rengaine qu’il entonnait depuis quelques mois, installant petit à petit l’idée selon laquelle il est normal que les emplois soient – toujours – la variable d’ajustement. Un argument d’une "filiale en mauvaise santé" d’autant moins crédible qu’Airbus est justement en train de finaliser sa fusion en un seul et même groupe (au 1er janvier 2017, Airbus Group et Airbus ne formeront qu’un seul et même groupe : Airbus). Alors qu’il aura lui-même des "fonctions transverses" (puisqu’il sera chargé de l’ingénierie pour l’ensemble du groupe), comme de nombreux dirigeants, il prétend diviser les travailleurs du groupe en fonction de ses intérêts.

La fusion elle-même sert d’ailleurs de justification à d’autres suppressions d’emplois, pour "supprimer les doublons" , que le directeur général Marwan Lahoud a confirmées jeudi 6 octobre, par la "nécessité de mesures sociales".

Alors que les suppressions d’emplois se multiplient, même dans l’aéronautique comme on le voit aussi à Latécoère, commençant à fissurer le soi-disant "El Dorado de l’emploi" que ce secteur aéro représenterait, mais aussi dans de nombreux secteurs, d’Alstom à SFR, en passant par Intel ou encore les universités, nous devons répondre tous ensemble, et ne pas nous laisser diviser. C’est aux capitalistes de payer le prix de leur crise !


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