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Scandale humanitaire

La Préfecture de Bordeaux expulse le squat de la Zone Libre : 300 personnes mises à la rue !

Ce jeudi matin dès 6h, une vingtaine de camions de CRS et agents de la BAC encerclaient le squat de La Zone Libre, près de Bordeaux pour expulser les 300 à 350 personnes dont 110 enfants qui y vivent. Ce seront de nouvelles personnes dans les rues bordelaises par l’action criminelle de la Préfecture qui en est à deux expulsions en une semaine. Cela doit cesser !

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Une nouvelle expulsion a eu lieu ce matin à Cenon. Les habitants occupaient les lieux restés vacants jusqu’en novembre 2019. Mais le squat était menacé d’expulsion par la Préfecture depuis juin 2020. De nombreuses associations, organisations politiques et syndicales, bénévoles et militants, appelaient au rassemblement contre l’expulsion.

Environ 200 personnes étaient présentes pour défendre le squat, des travailleurs, étudiants, aux côtés des sans-papiers et migrants de La Zone Libre. En outre, une centaine des habitants n’étaient pas présents car leur situation d’OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) les contraint à se cacher pour ne pas définitivement se faire renvoyer dans les pays qu’ils ont fui à cause de la guerre et de la misère. Armés de matraques et des LBD, une centaine de CRS étaient préparés à réprimer toute contestation et quand les personnes en soutien ont tenté de rentrer dans le squat pour aider les familles, la police a gazé à plusieurs reprises et interpellé au moins 2 personnes.

Une dizaine de bus étaient également sur place dès 6h pour emmener les sans-papiers en centre d’hébergement de 9 départements différents, à Limoges, en Charentes Maritime, Toulouse et Angoulême entre autres, selon La Croix Rouge. Valter, un habitant arménien de La Zone Libre, nous confie « J’ai un contrat, un petit contrat mais un contrat quand même. Ma sœur est ici à Bordeaux aussi, donc non, je ne veux pas monter dans un bus pour 3 nuits à Limoges ». Couper les personnes de leur famille, voilà ce que propose la Préfecture ; ce que refusait également Zakaria, livreur chez Deliveroo, de nationalité italienne et d’origine marocaine : « J’ai vécu dans un quartier qui craignait, mais moi je ne voulais pas de ce milieu là donc je suis venu vivre ici. Ici c’est bien. Il y a des familles, le matin en allant bosser tu croises des enfants, tu joues avec eux... C’est convivial et sain, on est comme une grande famille. [...] Moi je sais que je ne monterais pas dans ce bus. J’ai ma femme ici avec moi, du travail, je connais plein de monde... J’irais pas à Limoges, c’est hors de question. Mais certains ici ont des enfants, et là c’est plus dur de résister, faire face à la police, passer quelques jours dans la rue... ».

Ces contraintes et difficultés que chacun des habitants de La Zone Libre a pu rencontrer, la Préfecture n’y porte aucune considération, ce dont témoigne Marie qui nous explique « J’ai demandé au policier que faire pour une femme sans-papiers en fauteuil roulant qui ne pouvait pas monter dans le bus, et qui avait commencé tous ses rendez-vous médicaux et les procédures de papiers à Bordeaux ; le policier a rigolé devant les deux femmes, tout en disant que ce n’était pas son problème ». Réponse froide et cynique face à des personnes que l’on plonge dans une situation de misère.

La Préfecture n’offre que des solutions de fortune pour quelques jours, que la plupart des habitants ont refusé car c’est l’expulsion même qui est scandaleuse : de la même manière que la Préfecture a payé 3 nuits d’hôtel pour les familles de LX Perchatte, elle a payé le billet de train de certaines familles que nous avons rencontré à La Zone Libre afin de les dégager de Bordeaux et les laisser se débrouiller sans aucun autre moyen ou solution alternative décente !

Ce sont là des informations recueillies individuellement sur place lors de l’expulsion, mais la Préfecture n’a donné aucune autre information plus précise alors même que ses agents se trouvaient sur les lieux. Nous ne savons toujours pas où se trouvent chacun des habitants et tout reste très opaque pour que l’expulsion des sans-papiers se fasse dans le plus grand des silences : la Préfecture assure régulariser quelques personnes sans préciser le nombre, mais ce qu’elle donne en miettes à quelques uns n’est qu’un cache-misère des 300 personnes auxquelles elle n’assure que la rue, le centre de rétention ou le renvoi dans leur pays.

Nous condamnons fermement la politique répressive que la Préfecture renforce et dénonçons la complicité de la Mairie de Bordeaux comme celle de Cenon dans l’expulsion de La Zone Libre. La Mairie de Bordeaux n’a rien fait pour empêcher l’expulsion, comme toujours en prétendant ne pas avoir été au courant, ce qui cache en réalité une déclaration d’intention sans mesure en conséquence. Le maire de Cenon Jean-François Egron (PS) quant à lui soutenait ouvertement l’expulsion !

Nous dénonçons l’action criminelle de la Préfecture, main dans la main avec la Mairie de Bordeaux et Cenon, qui se plient à la demande du propriétaire qui exige l’expulsion pour construire et spéculer derrière, au prix de plusieurs centaines de vies humaines ! Il faut immédiatement que les expulsions cessent : pas une de plus sur la Métropole bordelaise et son agglomération ; et nous exigeons des solutions de logement pérennes pour tous les migrants et sans-papiers qui ont déjà été expulsés : il faut imposer la réquisition des logements vides et la régularisation de tous les sans-papiers !


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