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Métro parisien

La RATP et la police portent plainte pour des affiches sur les violences policières

A Paris, des affiches dénonçant la responsabilité de la police dans les cas de morts et de violence, à l’instar de Zineb Redouane ou de « Benoît, 19 ans », ont provoqué la rage du syndicat des commissaires de la police nationale qui s’est empressé dé réagir. Rejoint par la bienséante direction de la RATP, prise a parti, le syndicat a déposé plainte pour « diffamation ».

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Sur ces affiches, collées dans les couloirs du métro parisien, on peut y lire "Zyneb, 80 ans : chez elle, sur son balcon, alors qu’elle fermait ses volets, TUEE PAR LA POLICE » et « Benoit, 19 ans : frappé par la police le 21 septembre, FRACTURE DU GENOU DROIT »

Apparemment victimes d’une véritable stigmatisation, le principal syndicat de commissaires de police, le SCPN, a dénoncé sur Twitter une campagne de « #haine anti-flic » jugée « inacceptable ». Dans un communiqué de presse, il informe avoir « saisi dès à présent le ministre [Christophe Castaner] afin qu’il dépose plainte pour diffamation et demande le retrait immédiat de ces affiches ».

La direction de la RATP, prise à parti pour avoir « laissé placarder de tels messages », s’est alliée au dépôt de plainte et a rassuré en informant que ses « agents interviennent pour les retirer ». Que de gesticulations pour quelques morceaux de papiers.

Mais si ces affiches, explicites et relativement sobres, ont l’air d’inquiéter à ce point la police au point d’interpeller le ministre de l’intérieur pour « diffamation », c’est bien qu’elles révèlent quelque chose de sous-jacent.

« Bavures » ou violence systémique ?

Nous ne citerons qu’eux et cela est déjà beaucoup trop : Zyed et Bouna, Abdoulaye Camara, Rémi Fraisse... Toutes ces fois, la justice a statué sur des non-lieux. Dans le cas d’Adama Traoré, par exemple, le procès dure depuis maintenant 3 ans, avec pas moins de 5 expertises pour prouver qu’il n’est pas mort « naturellement ».

Les forces de répression qui ont blessé des centaines de Gilets Jaunes blessés, dont certains ont perdu un œil ou on eu la main arrachée, ne seront jamais inquiétées. D’ailleurs, c’est lors d’une de leur manifestation à Marseille, en décembre dernier, alors qu’elle n’était même pas dans la rue, que Zineb Redouane a été tuée par les forces de police après avoir reçu un tir de grenade lacrymogène. Pour l’ouverture une procédure - qui n’aboutit quasiment jamais à une condamnation - il faut qu’un CRS soit photographié entrain de lancer un pavé sur des manifestants.

Le point commun entre tous ces cas ? Ce sont des gens « qui ne sont rien », pour citer Emmanuel Macron. Ce ne sont ni des riches, ni des puissants. Ce sont des jeunes, des travailleurs, des grand-mères. L’accumulation de ces violences, l’impunité dont bénéficient les responsables et la justice complice, à moins qu’il y ait rapport de force, montrent bien qu’il ne s’agit pas de « bavures », dont le terme suppose « l’erreur ». Non, il s’agit bien là d’une violence qui est pensée, organisée pour éviter que la population ne déborde sur les choix politiques, ceux-là même qui conditionnent la misère sociale dont nous essayons tous de nous extirper.

Face aux accusations de diffamation continuons à dénoncer les violences policières !

La « diffamation » invoquée par la police fait spécialement référence au cas de Zineb, qui est encore en cours. Or, au vu des dires du procureur le lendemain même du décès, à savoir que la mort de Zineb Redouane résultait d "un choc opératoire et non d’un choc facial" ce qui, vu le laps de temps, est évidemment de la propagande, il y a fort à parier que le procès se soldera également par un non lieu. Nous le supposons pas abstraitement : c’est bien par l’expérience des institutions, qu’elles soient judiciaires, policières, médiatiques ou même médicales, qui n’hésitent pas à relayer des faits mensongers pour protéger leurs agents.

Ces affiches simplistes mais percutantes dénoncent les violences policières et démontrent que le gouvernement n’a pas d’autres réponses à apporter aux mouvements sociaux que la violence et la répression. La réaction du syndicat des commissaires de la police nationale montre leur volonté de défendre cet état de fait, elle justifie la violence d’État. Étant donné que le gouvernement justifie la répression policière il est logique que dénoncer ces violences devienne en soi un crime à réprimer. La direction de la RATP est complice de fait en allant devant la justice. Un message inquiétant pour les travailleurs de la RATP qui seront le fer de lance de la mobilisation du 5 décembre prochain.

Porter plainte pour quelques affiches ne fera pas taire la colère sociale qui embrase le pays chaque samedi depuis un an, comme la répression physique ne fait pas taire la contestation. Ils ne nous feront pas taire, continuons à dénoncer les violences policières et l’impunité judiciaire dont ils bénéficient. Réclamons la vérité et la justice pour toutes les victimes de la répression féroce du gouvernement.

Crédit photo : @ScpnCommissaire


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