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Révolte à la Réunion

La Réunion : après les matraquages, une ministre pour éteindre l’incendie ?

Alors que le mouvement des gilets jaunes a ouvert une séquence de mobilisation très radicale à la Réunion, le gouvernement a décidé d’envoyer des gendarmes de métropole pour réprimer le mouvement. Incapable de calmer la colère sur l’île, c’est la ministre d’Outre-mer qui devrait se rendre sur place. Mais pour changer quoi ?

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Crédit photo : AFP / David Chane

Face à la colère de la population réunionnaise, c’est par une répression violente qu’a décidé de répondre le gouvernement, en envoyant l’armée. Si certains tentent de minimiser le saut répressif en cours en disant qu’il ne s’agit pas de l’armée mais de gendarmes, c’est oublier que la gendarmerie mobile est la forme d’intervention de l’armée française sur le territoire. Face à la paralysie de l’île et à la situation de forte tension, la réponse violente du gouvernement,le couvre-feu imposé par la préfecture et les tentatives médiatiques de division entre des gilets jaunes pacifiques aux revendications légitimes et des casseurs illustrent le fait que l’Etat est en difficulté. Annick Girardin, ministre des Outre-mer a annoncé qu’elle se rendrait à la Réunion pour « dialoguer » mais c’est avant tout avec un discours autoritaire que cette visite se prépare.

Outre-mer pour ne pas dire colonie ?

L’annonce même de la visite de la ministre rend compte du caractère spécial d’un territoire comme la Réunion. Si ces visites ministérielles relèvent plus du symbole et de la parade médiatique qu’autre chose, il est à noter qu’en cas d’inondations en métropole, les membres du gouvernement accourent au plus vite s’offrir un bain de foule facile. La Réunion connaît en ce moment une explosion de colère beaucoup plus violente qu’en France avec un blocage total de l’ile menant à des affrontements d’ampleur avec la police et la ministre annonce qu’elle s’y rendra dans quelques jours, presque sous-entendu si l’agenda le permet ! Ce que la ministre a avant tout mis en avant, c’est sa volonté de « maintien de l’ordre », affirmant que « des moyens considérables » étaient mis en œuvre. La question des raisons de la colère des Réunionnais est balayé d’un revers de la main : ce qui compte pour la ministre, ce sont « les valeurs républicaines ». Pourtant, ce sont bien les institutions de la République, auxquelles la ministre souhaiterait que la population de l’île fasse de nouveau confiance, qui ont créée les conditions économiques qui mènent aujourd’hui de nombreuses personnes à la révolte. La Réunion est laissée dans un état de dépendance économique totale, caractéristique nécessaire et entretenue par les puissances coloniales pour garder la domination économique et politique sur ces territoires. Le taux de chômage, deux fois plus élevé qu’en métropole, en témoignent. De même après quatre jours de blocage, l’île souffrait déjà de pénurie !

Les mécanismes habituels de contention pour obtenir la paix sociale ne fonctionnent plus. Ni le Parti Communiste Réunionnais, dont les forces ont beaucoup baissé ces dernières années, ni les (très minimes) minima sociaux pour éviter une trop grande pauvreté ne suffisent aujourd’hui à contenir une colère qui couve depuis longtemps. La ministre tente bien d’expliquer que des mesures ont été prises dans le Livre bleu Outre-mer et seront mises en application dès 2019 mais aujourd’hui la colère est trop grande pour se contenter des miettes qu’est prêt à lâcher le gouvernement. La principale carte du gouvernement c’est la répression, faire rentrer tout le monde dans le rang par la matraque.

D’ailleurs la ministre ne se risque pas à venir sur l’île avant que les forces répressives n’aient agi. Comme à Mayotte, où elle était venue accompagnée d’un général alors qu’une grève générale secouait l’île.

Aujourd’hui les Réunionnais se battent pour des conditions dignes d’existence. Qu’est-ce que la visite d’une ministre va changer à leur quotidien ?


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