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Grèce

La Troïka fait pression pour que Tsipras bouge ses « lignes rouges »

Josefina Martínez Mercredi soir, le premier ministre grec Alexis Tsipras s’est réuni avec François Hollande et Angela Merkel pour essayer de débloquer les négociations entre son pays et la Troïka. Cette dernière exige en effet plus de coupes budgétaires et Tsipras a déjà fait beaucoup de concessions. En cas d'accord, le plan de sauvetage du pays pourrait être prolongé de neuf mois.

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A la fin du dîner entre les présidents et chefs de gouvernement qui participaient au sommet entre l’UE et la Communauté des Etats Latino-Américains et Caribéens (Celac), Tsipras a demandé à se réunir en urgence avec Merkel et Hollande. Ces derniers avaient au préalable lancé un avertissement au gouvernement grec en affirmant qu’il fallait arriver à un accord au plus vite. En effet, le « plan de sauvetage » de la Grèce arrive à son terme le 30 juin prochain.

Cependant, le Wall Street Journal a informé ce lundi que les créanciers étaient en train d’évaluer la possibilité d’octroyer une extension de la tutelle de la Troïka jusqu’en mars 2016. Cela permettrait de repousser la « date limite » pour les négociations sur le « sauvetage » du pays et permettrait à la Grèce d’accéder à des nouveaux financements.

Mais en échange de quoi ? La Troïka insiste depuis quelques jours pour que le gouvernement grec repousse ses déjà très élastiques « lignes rouges », qui depuis le début des négociations ont d’ailleurs déjà beaucoup bougé.

Des lignes rouges ont déjà été franchies par le gouvernent Syriza-Anel

La signature de l’accord du 20 février a impliqué de reconduire le plan d’austérité antérieur, d’accepter le paiement de la dette et de se soumettre au contrôle de la Troïka sur toute mesure économique.

Ainsi le gouvernement s’est engagé à ne pas prendre de mesures « unilatérales », c’est-à-dire sans l’accord de la Troïka. Avec cette mesure à caractère politique, le gouvernement Tsipras renonçait à une grande partie de sa souveraineté sur des décisions fondamentales.

Il va aussi continuer à payer la dette au FMI et à d’autres organismes internationaux. Le gouvernement a déjà payé plus d’un milliard d’euros au FMI et fin juin il doit payer 1,6 milliards d’euros supplémentaires. Entre juillet et août il devra rembourser aussi la BCE, soit 6,7 milliards d’euros. Au total, la dette grecque atteint 331,4 milliards d’euros.

Tsipras continuera le processus de privatisations, notamment celle de ports et d’aéroports. La réforme du marché du travail introduite par le gouvernement antérieur ne sera pas abolie non plus. On augmentera la TVA. Le gouvernement s’est engagé à atteindre les objectifs fiscaux exigés par l’UE, donc à réduire la dépense publique qui diminue déjà depuis des années.

Quant au salaire minimum, il ne sera pas augmenté ou du moins cette mesure sera prise plus tard. Parallèlement, les 2 milliards d’euros promis pendant la campagne électorale, destinés à mettre en place le plan d’urgence sur l’électricité et l’alimentation, ne pourront pas être alloués pour cela. A la place ce sera un budget beaucoup plus réduit qui sera attribué.

Malgré ces concessions, la Troïka continue à demander des mesures supplémentaires. Concrètement, elle a demandé à Athènes un excédent budgétaire primaire (avant le paiement de la dette) de 1% du PIB en 2015 et de 2% en 2016, alors que le gouvernement a proposé 0,75% et 1,5% respectivement.

Il n’y a pas d’accord sur l’augmentation de la TVA non plus. En effet, alors que le gouvernement propose trois niveaux de TVA, la Troïka en demande deux, respectivement de 11% et de 23%. Ce dernier taux s’appliquerait à l’électricité, pourtant besoin primordial pour toutes et tous.

Une autre exigence de la Troïka consiste en une coupe dans les retraites. Tsipras a reculé jusqu’à l’extrême dans une position totalement défensive où il cherche simplement à ce que les pensions, ou a minima les plus basses, ne soient pas diminuées.

Le gouvernement Syriza-Anel a demandé une extension de neuf mois du plan de sauvetage. En outre, il propose que le Mécanisme de Stabilité Européen (FESF) achète les titres grecs détenus par la BCE et qui arrivent à échéance en juillet et août.

Même si cela pourrait signifier un « soulagement » temporel pour le financement de la Grèce, en permettant de débloquer la dernière tranche du plan de sauvetage, et repoussant à plus tard le problème, cette situation revient à prolonger les conditions de soumission politique et économique de la Grèce.

Parallèlement, cela ne change en rien le fait qu’une dette de 331,4 milliards d’euros est absolument impayable.

Dans un contexte où le chômage se maintient à des niveaux record, touchant 25,6% de la population active, aucune des nécessités les plus urgentes des travailleurs, des travailleuses et des classes populaires ne pourront trouver une réponse si le pays continue à être asphyxié par les exigences de la Troïka.


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