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Guerre civile larvée en Turquie

La « bonne » leçon qu’Erdogan espère donner aux Kurdes

Le climat de guerre civile que fait régner le président turc Recep Tayyip Erdogan dans le pays depuis plus de six mois est devenu de moins en moins larvé à partir de la mi-décembre. Les principales villes kurdes du sud-est du pays sont devenues ainsi le théâtre d'opérations militaires sanglantes visant à éradiquer la résistance kurde dans cette région tumultueuse. Ivan Matewan

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10 000 militaires et policiers assiègent actuellement plusieurs villes dans le sud-est de la Turquie où se mène depuis plusieurs semaines une vaste opération militaire dont la cible principale est le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). L’intervention militaire a fait jusque-là des centaines de victimes – environ 200 militants et 150 civils – et obligé des milliers d’autres personnes à s’enfuir.

L’objectif de cette opération d’ampleur a été clairement défini par le président lui-même. Pour lui, les militants pour l’indépendance kurde sont devenus l’ennemi numéro un du pays et doivent être éradiqués. « Vous serez anéantis dans ces maisons, ces bâtiments, ces fossés que vous avez creusés » a-t-il récemment déclaré au sujet des membres du PKK. « Nos forces de sécurité, a-t-il poursuivi, continueront cette bataille jusqu’à ce que tout soit purifié et un climat paisible établi. »

Les hostilités entre la Turquie et le mouvement kurde ont progressivement repris en juillet au lendemain de la fin d’un cessez-le-feu qui avait été accepté deux ans auparavant par le PKK, quand le gouvernement d’Erdogan a décidé de s’attaquer toujours plus fortement au mouvement kurde. Cette décision s’inscrivait dans une stratégie politique consciente de la part du président turc afin de renforcer son parti en amont des élections législatives anticipées en novembre après son échec lors des élections de juin où ils ne sont pas arrivés à obtenir la majorité absolue ainsi que le régime turc de plus en plus instable. La monté du Parti démocratique des peuples (HDP) avait en effet barré la route au parti islamo-conservateur qui espérait avoir les mains libres pour entreprendre une transformation profonde du régime parlementaire vers un régime plus présidentiel, en réussissant à passer la barre des 10 % dans les élections législatives au mois précédent.

Malgré les succès de ce parti pro-kurde, une issue dite « politique » au conflit actuel semble peu probable pour l’instant. Considérant que le HDP n’est rien d’autre que l’extension du PKK, le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu refuse de négocier avec ce premier. Le leader de ce parti politique pro-kurde fait même l’objet de poursuites pour « crime constitutionnel » après avoir évoqué il y a quelques jours seulement son soutien à l’autonomie des Kurdes. Selon ses récentes déclarations, le président turc compte donner une bonne leçon aux Kurdes et à leurs soutiens.

L’intensification de l’oppression et de la répression à l’égard du peuple kurde n’a pas laissé ce dernier indifférent. Face aux attaques de l’armée et de l’État turcs, la résistance et la solidarité sont en train de s’organiser. Sur place, les militants, notamment jeunes, de la cause kurde s’organisent pour se défendre du massacre et lutter pour leur indépendance nationale. Ailleurs, comme dans les pays européens, des manifestations se tiennent, comme c’était le cas le 26 décembre en Allemagne. Ce jour-là, plus de 15 000 personnes ont marché contre les massacres des Kurdes en Turquie, pour la fin de l’interdiction du PKK et contre les régimes européens, allemands et français en premier, qui soutiennent financièrement et matériellement le régime assassin d’Erdogan.


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