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Au Théâtre.

La folle et inconvenante histoire des femmes. quelle histoire du féminisme sur les planches ?

Jusqu'au 3 janvier 2021, au théâtre du Funambule (Paris 18e), l'on peut retrouver La folle et inconvenant histoire des femmes, une pièce de Laura Léoni avec Diane Prost. Cette pièce pose la question de quelle histoire du mouvement pour l'émancipation des femme s a-t-on besoin aujourd'hui.

Esther Tolosa

9 octobre 2020

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Seule sur scène, portant une chemise de nuit qu’elle transformera habilement au fur et mesure pour en faire des costumes de chaque époque, et accompagnée d’un vidéo projecteur, Diane Prost se produit en ce moment, et jusqu’au 3 janvier au Théâtre du Funambule pour « la folle et inconvenant histoire des femmes ». Cette pièce constitue une réflexion sur la place des femmes dans l’Histoire de France de manière drôle et décalée.

Nous avons pu interviewer Diane Prost, qui nous raconte comment elle a eu l’idée de la pièce et comment elle l’a construit : « Je me suis demandé ce que c’est l’homosexualité dans l’histoire, depuis quand on a des droits et depuis quand on est considérés. […] Mais en fait en faisant des recherches je me suis rendu compte que dans l’histoire on parlait que des mecs, et je me suis dit putain même pour l’homosexualité on parle encore une fois que des hommes. Du coup je me suis dit que mon sujet ça devrait être les femmes, et notamment les femmes homosexuelles parce que je le suis moi-même et que donc ça me touche particulièrement. Du coup c’est là que j’ai décidé de remonter jusqu’à la préhistoire. »

En effet, au cours de la pièce la comédienne décide d’interpréter une femme ou un personnage de différente époques de l’histoire française en partant de la préhistoire avec les premier peuples sédentaire, et en passant par l’antiquité, le Moyen-Âge, la Renaissance, les Lumière, la Révolution, Napoléon jusqu’au19e siècle. Elle donne ainsi la vie et la parole à ces femmes oubliées de l’histoire, celles qui étaient enfermées et ne servaient que de « réceptacle » à l’Antiquité, celles qui ont été brûlées pour sorcellerie au Moyen-Âge parce qu’elles cherchaient à réfléchir, celles qui ont participé activement à la Révolution bourgeoise de 1789 mais qui n’ont eu aucun droit par la suite, celles qui ont été opprimées et soumises à leur mari pendant des années par la mise en place du code civil de Napoléon… et tant d’autres.

Pour Diane Prost, « on ne parle pas des femmes dans l’Histoire, il y a une trop grande invisibilisation. La sexualité des femmes n’était pas du tout considéré, et en fait elles-mêmes n’étaient pas du tout considérées ». Au cours de son « long travail de documentation » qui a duré deux ans, elle nous dit avoir appris beaucoup sur l’histoire des femmes : « Moi il y a plein de femmes que je ne connaissais pas, par exemple le statut des femmes pendant l’antiquité, qu’elles ne pouvaient pas sortir du tout, qu’elles servaient juste de monnaie d’échange. C’est pour ça que je tourne ça en dérision dans mon spectacle, parce qu’aujourd’hui on ne peut qu’en rire ».

Cependant, on ne peut pas parler de l’histoire du droit des femmes comme une histoire qui « avance » de manière linéaire comme si l’histoire universelle tendait vers un mieux inéluctable. Les avancées en matière de droits démocratiques, de droits dans la vie, de lutte contre le sexisme, pour les femmes et pour l’ensemble de la société sont toujours le résultat de la lutte acharnée des opprimés et des exploités par la révolte, par la rue .

Dans cette pièce, Diane Prost prend le parti d’éluder la question pourtant centrale qui est celle de la classe en ne figurant que des femmes issues d’un milieu social favorisé. Les Britania (antiquité), les Flora Tristan, les Louise Michel (XVIIIe s), les Alexandra Kollontaï (XXe s ) n’ont ici pas voie au chapitre contrairement à Napoléon que Diane Prost figure par exemple.

En résumé, une histoire des femmes et de leur lutte pour leur émancipation est cruciale pour agir aujourd’hui. Il serait néanmoins néfaste de continuer à éluder le rapport intime entre la lutte contre le patriarcat et la lutte contre l’exploitation et son avènement dans le système capitalisme au XVIIIeme siècle. Les avancées dans les droits des femmes sont toujours allées de pair avec un mouvement radical de la classe exploitée, de la Révolution Française à la Révolution russe en passant par la commune de Paris. Aujourd’hui, ces droits comme celui du droit à l’avortement n’est pas sans remise en cause de la part des gouvernements libéraux, et ils doivent continuer de mobiliser non seulement les femmes mais aussi notre classe. Ainsi il y a un réel besoin de comprendre l’histoire des mouvements féministes et de leur lien avec le mouvement de notre classe.

Crédit photo : Théâtre Le Funambule


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