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Déclarations inquiétantes

« La grève n’a que trop duré » : le gouvernement prêt à remettre en cause le droit de grève ?

Depuis plusieurs jours, les déclarations de différents membres du gouvernement semblent ouvrir la voie à une remise en cause du droit de grève dans les transports publics une fois que le mouvement sera terminé.

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 Crédit photo : POOL/AFP 

« La grève à la RATP et à la SNCF me paraît sans issue et n’a que trop duré » a déclaré Edouard Philippe au terme d’un séminaire gouvernemental à l’Elysée ce mercredi. On savait déjà que le gouvernement détestait les grévistes qui s’opposent à sa réforme avec détermination depuis plus d’un mois, mais force est de constater que cette déclaration marque un changement de posture. Depuis le début du mouvement, le gouvernement avait toujours insisté sur le respect de la légalité du droit de grève.

Avec cette déclaration, sans aller jusqu’à déclarer la grève illégale, le premier ministre introduit un nouveau élément de discours qui consiste à dire qu’elle « a trop duré » et qu’elle ne serait que le fait de "jusqu’au-boutistes", en contradiction avec les 66% de la population qui la trouve toujours justifiée. Cette prise de position s’accompagne d’une répression qui s’est accentuée ces derniers jours, ciblant spécifiquement les grévistes, sur les piquets ou dans les manifestations.

Ce changement de ton résonne aussi avec les déclarations d’Elisabeth Borne sur le plateau de BFM-TV le 12 janvier. Interrogée sur la nécessité d’un « service minimum » dans les transports, ou en d’autres termes d’ouvrir la possibilité de réquisitionner les personnels grévistes, elle déclarait : « On peut ouvrir un débat sur la manière dont on peut assurer la continuité du service public, ce débat on pourra l’avoir, ce n’est pas la réponse immédiate. Ce n’est pas des sujets qu’il faut aborder dans l’urgence ». Une déclaration évasive qui semble signifier que le gouvernement ne souhaite pas ouvrir cette porte en plein milieu de la grève, mais qu’il pourrait l’ouvrir par la suite.

Ces ambiguïtés dans le discours sont loin d’être anodines quand on sait que la droite porte depuis le début du mouvement l’idée d’une remise en cause du droit de grève dans les transports publics. Bruno Retailleau des Républicains avait-même déposé un projet de loi en ce sens courant décembre. La réponse du gouvernement a consisté à dire que ce n’était pas le bon moment, sans se proposer sur le fond.

Ce scénario n’est pas sans rappeler ce qu’il s’était passé durant le mouvement des Gilets jaunes avec la loi « anti-casseurs » votée le 10 avril 2019. Alors que le gouvernement avait botté en touche sur cette proposition de la droite durant tout le mouvement, il avait finalement par se saisir du projet de texte de loi pour imposer une mesure particulièrement liberticide.

Dans le même temps, le candidat LREM à la mairie de Paris Benjamin Griveaux a multiplié les déclarations sur « l’accélération de l’automatisation des lignes de métro ». Une déclaration loin d’être anodine dans le contexte où les lignes déjà automatisées, la 1 et la 14, ont joué un rôle central pour briser la grève durant tout le mouvement.

Même si le gouvernement ne le dit pas explicitement pour l’instant, le droit de grève dans les transports publics semble être dans le viseur. Une raison de plus pour soutenir massivement les grévistes, pour faire retirer la réforme mais aussi garder le droit de se mobiliser et de faire grève.


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