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Rencontre transports

« Là on peut vraiment frapper ! » Les travailleurs des transports réunis pour discuter d’un plan de bataille

Ce samedi s’est tenue une rencontre des travailleurs de différentes entreprises des transports : RATP, SNCF, Kéolis, Transdev, la Savac, Roissy... Au cœur des discussions, la nécessité de s’engouffrer dans la brèche ouverte par les raffineurs pour construire une lutte d'ensemble pour les salaires.

Olive Ruton

17 octobre 2022

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Crédits photo : Révolution Permanente

Dans un contexte social explosif très marqué par les grèves dans les raffineries et les appels à la grève pour le 18 octobre dans de nombreux secteurs professionnels, plus d’une cinquantaine de travailleurs des différents secteurs des transports étaient réunis au Théâtre L’Échangeur à Bagnolet ce samedi pour une Rencontre transports. Dans la salle, des travailleurs de bus et métro de la RATP, de Kéolis, la SNCF, de la Savac, des travailleurs de Roissy Charles de Gaulle et d’Orly, ou encore de l’entreprise Transdev de plusieurs départements de l’île de France, du 95, 91, 77, ou encore du 93.

Construire un plan de bataille tous ensemble

Inflation, casse des conditions de travail, augmentation record du prix de l’essence… Pour tous, quelle que soit l’entreprise, la souffrance est énorme dans les transports en commun. Des burn-out, des arrêts de travail, des dépressions, des démissions, des accidents de travail s’accumulent sur tous les sites, accentuant le sous-effectif. Et ce sont autant de raisons pour les travailleurs présents de dire stop au gouvernement qui organise la casse des transports et à leurs directions. Après la crise du Covid, où les travailleurs ont pris des risques pour leur santé et ont continué de faire tourner le pays en pleine crise sanitaire, payer aujourd’hui la crise économique est la goutte de trop. L’ensemble des salariés insiste : « on est tous touchés par les mêmes problèmes ».

L’idée de la rencontre : se réunir pour discuter ensemble et se préparer à la bataille dans un contexte d’augmentation des prix et d’inflation, mais aussi de poser les bases d’une coordination des grévistes à la base, dans la continuité des Rencontres puis de la Coordination RATP-SNCF de 2019. Une coordination qui avait montré « comment par en bas on est capable de s’entraider et de frapper ensemble, tous unis avec la même problématique : que la grève tienne » comme le rappelle Anasse Kazib, cheminot sur le site du Bourget. Cette première Rencontre transports entend donc poser les jalons d’une coordination des grévistes des transports pour les luttes à venir.

Deux urgences : augmenter les salaires et les indexer sur l’inflation

La question fondamentale des revendications était au centre du débat : « On ne veut pas travailler au rabais, on a une famille, l’inflation on la subit réellement » rappelle Jef, machiniste du centre bus de Malakoff, « on se lève tous les jours, le minimum c’est de nous respecter en indexant nos salaires sur l’inflation. » L’inflation, bien supérieure sur les produits de première nécessité au chiffre général répété par les médias, impose l’indexation des salaires. Anasse souligne : « l’inflation c’est le vol de notre salaire. Les même 100 euros ne permettent plus d’acheter la même chose (…) La question de l’indexation de salaire, c’est juste la récupération de l’argent qu’on est en train de nous voler  ».

Au-delà de l’indexation, l’augmentation des salaires est avancée, contre le gel des salaires imposé depuis des années dans de nombreuses entreprises, comme à la SNCF. Pour Laura, il faut exiger « 400 euros d’augmentation, tout de suite, maintenant, pour tous ». Il s’agit d’un mot d’ordre vital, pour Laura, afin de chercher à unifier tous les secteurs du monde du travail, notamment les petits salaires qui ne s’en sortent vraiment pas, à l’image des travailleurs du nettoyage des gares SNCF, présents également dans la salle.

Fernande Bagou, travailleuse du nettoyage à Onet, entreprise sous-traitante de la SNCF, et syndicaliste à la CFDT, est intervenue également pour apporter son soutien aux raffineurs et à tous les salariés qui luttent contre l’inflation, et pour affirmer que la question des salaires touche tout le monde du travail et que la solidarité et l’unité sont fondamentales pour se battre tous ensemble.

Une nouvelle rencontre prévue dès le mardi 18 octobre au soir pour penser les suites

À travers cette rencontre, il s’agit pour les présents de faire tomber les barrières entre les différents secteurs et de discuter comment militer en commun les prochaines grèves, pour frapper conjointement. Au-delà des transports, des raffineurs de Total Grandpuits sont eux aussi venus porter ce message : dans une telle situation, la grève doit se mener tous ensemble. Adrien, pompier sur le site de Total Grandpuits, interpelle dans ce sens ses camarades des transports : « ce n’est pas en solidarité avec les raffineurs que vous allez partir en grève, c’est pour vous, vos familles, parce que pendant que vous galérez vos patrons s’en mettent plein les poches. »

« On a beaucoup parlé d’alignement des planètes continue-t-il. Là on peut vraiment frapper ! Les grèves des raffineurs montrent que ce sont les travailleurs qui font tourner l’économie et que si nous on s’arrête de travailler, tout s’arrête ! Imaginez si en plus de ne plus trouver de l’essence dans les stations, il n’y a plus de trains, plus de bus, plus de métro... c’est tout le pays qui serait à l’arrêt ! » continue le salarié de Total. « C’est le moment ou jamais, s’il n’y a pas d’essence et qu’il n’y a pas de transport on met la France à l’arrêt » renchérit Jamel, conducteur du métro sur la ligne 3.

Laura, cheminote sur le site du Bourget, interpelle les présents : « les directions syndicales ont été obligés d’appeler à cette journée du 18 octobre car la pression commençait à monter à la base, alors faisons en sorte que cette journée ait un lendemain. » Une date sur laquelle les salariés des transports comptent bien s’appuyer pour construire un mouvement plus large. Pour Joël, syndicaliste à Sud aérien et technicien de maintenance à Air France à Orly, « il faut être audacieux en ce moment et prendre des initiatives ».

Tous le répètent, la grève appartient aux grévistes, et il est urgent de militer et construire la date du 18 octobre et surtout les perspectives pour la suite. Comme l’ont expliqué de nombreux travailleurs, cette rencontre est importante pour des salariés qui se sentent isolés dans leurs secteurs face aux tentatives des directions syndicales d’endiguer déjà le potentiel mouvement. Dans certaines boîtes, par exemple, les salariés sont confrontés à l’absence de préavis qui les empêche de se mettre en grève. « Il faut dénoncer les syndicats qui n’appellent pas, il faut imposer la grève ! » appuie Kaci du centre bus de Charlebourg.

Pour construire un plan de bataille et chercher à coordonner les différents secteurs en grève à partir du 18 octobre, les travailleurs des transports présents ont invité à poursuivre les discussions afin que mardi ne soit pas une journée de grève sans lendemain, mais bien un point d’appui pour une généralisation de la grève reconductible dans l’ensemble du pays. Dans un contexte où le gouvernement et le patronat parient sur le fait de nous faire payer la crise et prépare le passage en force de sa réforme des retraites, il est temps de commencer à préparer une alternative.


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