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Manifestation contre la venue de Netanyahu en Allemagne

La police allemande arrête des juifs et les accuse « d’antisémitisme »

Wladek Flakin Le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a visité Berlin le 21 octobre dernier. Lors de la manifestation de protestation, il y a eu plusieurs arrestations, dont quelques juifs, accusés de tenir un discours « antisémite »

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Lors de la manifestation contre la visite de Netanyahu, plusieurs manifestants ont été arrêtés. On pourrait dire qu’il ne s’agit de rien d’exceptionnel… sauf que quelques détenus étaient des israéliens ou d’origine juive. Au moins un d’entre eux a été accusé de tenir un « discours antisémite ». Nous interviewons Dror Dayan, étudiant de cinéma et originaire de Jérusalem qui vit depuis dix ans à Berlin. Cet interview à été publié dans Exberliner, puis publiée dans La izquierda Diario et Left Voice.

Quel est le contexte de la manifestation du 21 octobre ?

J’étais arrivé de mon voyage à Jérusalem la veille. Pendant des semaines, j’ai été témoin de l’hystérie de la droite israélienne et de la peur des palestiniens par rapport à la police. C’est pour cela que j’avais écrit ma pancarte en allemand : « Netanyahu criminel de guerre et négateur de la Shoah ». La veille Netanyahu avait déclaré devant le Congrès Sioniste Mondial que l’idée de la Shoah n’avait pas été avancée par Hitler mais par le Grand Mufti de Jérusalem, le palestinien Haj Amin Al-Husseini. Je n’avais jamais entendu une déclaration de ce style – bon, seulement de la part de la nommée jeunesse anti-allemande [Antideutsche], ici en Allemagne.

Ceci est clairement du révisionnisme historique. Je ne crois pas que Netanyahu ait fait ce type déclarations avant. Pour lui, la politique extérieure vise toujours les votants israéliens. J’ai des doutes par rapport au fait qu’il ait voulu causer un scandale international. Je pense qu’il voulait seulement interpeller sa base politique en Israël et les lobbyistes pro-israéliens d’autres pays.

Les commentaires de Netanyahu ont été réfutés par tout le monde : le gouvernement allemand a répondu « C’est nous qui avons été responsables de la Shoah » ; plusieurs universitaires israéliens ont dit que les déclarations de Netanyahu ont été approuvés par ceux qui nient la Shoah.

Est-il vrai qu’il soit en train de nier la Shoah ?

Netanyahu est en train d’utiliser d’une façon très cynique cette catastrophe du XXème siècle pour satisfaire son agenda politique. Pour moi, ça est une façon de nier la Shoah. Je crois que la loi allemande interdit toute relativisation de la responsabilité des Nazis. Dans electronicintifada.net, Ali Abunimah explique que, selon les donnés historiques, l’annihilation de juifs a commencé pendant l’été 1941. Mais selon Netanyahu, Hitler aurait eu son idée après avoir eu un entretien avec le Mufti en novembre 1941. Ceci signifie qu’il n’aurait pas pu avoir une extermination systématique avant cette date. Ainsi, Netanyahu est en train de nier 6 mois de Shoah

Et la manif alors ?

Presque 100 personnes – la plupart étaient des palestiniens mais il y avait aussi des israéliens, des iraniens américains et des allemands. La manifestation contre Netanyahu a eu lieu devant la Chancellerie fédérale. Après 20 minutes, deux policiers se sont approchés de moi. Ils ont signalé ma pancarte et m’ont dit qu’ils avaient des « soupçons potentiels » sur un crime. Ils voulaient que je parte avec eux dans une de leurs fourgonnettes, mais je n’étais pas prêt à m’autocensurer et ils m’ont laissé partir.

À ce moment, un autre israélien à crié « La police allemande arrête des juifs et les accuse d’antisémitisme ! ». Oui ! Et dans la même ville que mon grand-père a dû fuir pour échapper aux Nazis. Après mon arrestation, d’autres manifestants ont fait des pancartes. Sur l’une d’entre elles on pouvait lire « Haaretz : ’Hitler ne voulait pas exterminer les juifs’ », qui est une citation de Netanyahu dans un journal israélien. La personne qui tenait cette pancarte a été arrêtée et accusée de « discours de haine » ! Il a demandé : « Vous ne devriez pas arrêter aussi Netanyahu pour nier la Shoah ? ». En tout six personnes ont été arrêtées.

De quoi est-tu accusé ?

J’ai été accusé de la violation du paragraphe 103 du code pénal – insulter un chef d’État ou un membre d’un gouvernement étranger. Ceci est passible de jusqu’à trois ans de prison et dans des cas de « diffamation » jusqu’à cinq. Malheureusement, ils ne m’ont pas informé si mon crime a été de traiter Netanyahu de « criminel de guerre » ou de « négateur de la Shoah ». Ils ont confisqué ma pancarte mais ils m’ont laissé partir après une demi-heure et j’ai pu retourner à la manifestation. Pour être sincère, j’espère qu’ils formaliseront l’accusation. Dans ce cas-là, ils vont devoir démontrer que ce qui était écrit dans la pancarte n’était pas vrai.

Comment qualifierais-tu ton rôle en tant qu’israélien dans le mouvement de solidarité avec les palestiniens ?

Dans la fourgonnette, un des policiers m’a demandé ce que criaient les manifestants [en arabe] – Je crois que c’est seulement à ce moment là qu’ils ont réalisé que je n’était pas arabe. À chaque manifestation, je vois comment la police est beaucoup plus violente avec les personnes qu’elle croit musulmane qu’avec les israéliens. La société allemande est très raciste. C’est plus probable qu’ils écoutent les juifs blancs que les palestiniens. Je trouve toujours ça très douloureux mais nous, les israéliens, on doit être les premiers à exiger le boycott de l’État d’Israël. Si les victimes de l’occupation mettent en avant ces revendications, ils sont accusés d’antisémitisme. Cette hypocrisie du gouvernement allemand à comme conséquence que les personnes qui sont les plus affectées ne sont pas écoutées.

Les gens doivent comprendre que l’antisionisme n’est pas la même chose que l’antisémitisme. Nous les israéliens nous pouvons expliquer ça. C’est pour cela que notre rôle en Allemagne est très important. En France, en Angleterre ou dans d’autres pays d’Europe, des dizaines de milliers de personnes sont dans les rues en solidarité avec le peuple palestinien. En Angleterre, même le chef de l’opposition a exprimé sa solidarité. C’est inimaginable en Allemagne.


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