Les précédents débats télévisés des candidats démocrates peinaient jusque-là à susciter un réel enthousiasme chez l’électorat. Le succès de Clinton semblait quasiment garanti tant que le soi-disant « socialisme » de son adversaire paraissait le condamner à la marginalité. Mais l’ambiance était sensiblement différente dimanche soir. {}

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Certains sondages récemment publiés indiquent en effet que le soutien dont bénéficie Clinton depuis le lancement de sa campagne s’évapore peu à peu au profit de l’outsider. Un sondage publié mardi place Sanders en tête avec 5 points d’avance dans l’Iowa et avec 14 points d’avance dans le New Hampshire, deux États clés sur le chemin de la nomination. Le « candidat rouge » bénéficie d’un très net soutien parmi les jeunes électeurs – démocrates et indépendants – qui continuent à assister par milliers à ses meetings. {}

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Tout au long de la soirée, Clinton a cherché à s’inscrire dans la continuité d’Obama. A maintes reprises elle a salué les accomplissements du président sortant pendant ses sept ans et demi à la Maison-Blanche. À la fois épée et bouclier, la candidate évoquait et louait les politiques de celui qui lui avait volé la nomination en 2008, dans une tentative de stabiliser sa campagne et de profiter du taux de popularité toujours important dont bénéficie l’actuel président. {}

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Cette tactique a fonctionné dans une certaine mesure. Clinton a par exemple mis l’électorat en garde contre la réforme de la sécurité sociale proposée par Sanders. Alors que celui-ci propose en effet la mise en place d’un système de santé universel à payeur unique, Clinton l’a taxé de vouloir « déchirer » le Affordable Care Act, la plus grande réforme sociale sous la présidence d’Obama, se positionnant d’emblée comme celle qui compte plutôt améliorer ce dernier. De la même manière, elle a cherché à se défendre des attaques contre ses « relations incestueuses » avec Wall Street en avançant qu’Obama avait réussi à « nous faire sortir de la Grande Récession » tout en acceptant des donations des grandes multinationales et du patronat. La candidate est également passée à l’offensive en ce qui concerne la question du contrôle des armes, essayant de capitaliser sur les nouvelles mesures annoncées par le président et en se donnant l’image de la candidate qui se soucie de l’épidémie de violence armée dont est victime le pays. {}

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Néanmoins, c’est Bernie Sanders qui sort renforcé de l’exercice de dimanche soir. Il a réussi à présenter sa rivale comme amie intime de Wall Street et partie intégrante de la caste corrompue qui dirige Washington. S’il était moins à l’aise dans la deuxième partie du débat consacrée à la politique extérieure, il a fortement critiqué les positions guerrières de Clinton. Quand on lui a demandé si Clinton avait fait une erreur en laissant un vacuum en Irak en 2011, il a martelé que « non, l’erreur a été d’envahir l’Irak. » Se présentant en « homme du peuple », il a promis de mener les réformes nécessaires pour couper le lien entre les intérêts spéciaux et le Congrès. « Je suis fier d’être le candidat qui a levé le plus de petites contributions individuelles dans l’histoire des campagnes présidentielles » a-t-il affirmé. Appelant de ses vœux une « révolution politique » contre la « caste » mais nullement contre le capitalisme en soi, il a déclaré qu’il comptait « rendre l’Amérique au peuple. »{}

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Mais l’issue du duel reste toujours incertaine. Dans les sondages à l’échelle nationale, Clinton maintient des scores élevés contre Sanders. Ce dernier peine en effet à recomposer l’alliance électorale entre les jeunes, les blancs progressistes et les personnes noires qui a justement porté Obama au pouvoir en 2008. Et Clinton espère l’empêcher de le faire. A deux reprises, elle s’est indignée contre les inégalités raciales. Disant qu’un homme noir sur trois est emprisonné à un moment ou un autre de sa vie, elle a ajouté : « j’aimerais qu’on se demande ce qu’on ferait si c’était un homme blanc sur trois. » Et faisant référence à la crise de l’eau potable à Flint (Michigan), ville populaire à majorité noire dévastée par la crise et l’austérité, elle a dénoncé les deux poids, deux mesures. Sans, bien sûr, évoquer sa propre part de responsabilité...