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La rémunération obscène du président de PSL sur un fond de précarité

Claude Scorza « Ils se cooptent, se connaissent et se reconnaissent. Ils ont le temps pour eux, tout le temps qu’il faut dépenser pour faire de bons permanents, qui savent dissoudre dans la durée le coup de gueule prophétique. » Pierre Bourdieu, « Les apparatchiks de la recherche ».

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Il y a quelques jours, le blog « Histoires d’universités » rappelait que le salaire de Thierry Coulhon, nouveau président de Paris Sciences et Lettres (regroupement d’universités d’élite) s’élevait à 150 000 euros nets par an. D’après Coulhon, « le CA (Conseil d’administration) de PSL a approuvé cette rémunération en janvier 2015, sur la base d’une étude comparative nationale et internationale réalisée par un comité des rémunérations, composé de deux chefs d’établissements et de deux membres du personnel. » Ce qu’il veut dire par là c’est qu’il n’y a pas de raison de s’inquiéter, que, pour ainsi dire, tout est dans les normes. Effectivement, depuis le vote et l’application de la Loi LRU les universités sont de plus en plus gérées comme des grandes entreprises et leurs présidents agissent de plus en plus comme des grands patrons.

Un personnage un peu Coulhon

Sacré personnage ce Thierry Coulhon. Inconnu du grand public, il fait pourtant partie de la bureaucratie universitaire qui fait des allers retours entre le Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, le monde universitaire et le privé, un peu comme ces organismes parasitaires qui, pour pouvoir survivre, migrent d’hôte en hôte. Dernièrement il a atterrit à la tête de Paris Sciences Lettres, remplaçant la philosophe Monique Canto-Serber, un autre grand personnage. Mais il s’est surtout fait connaître dans les coulisses du pouvoir lorsqu’il a supervisé l’application de la LRU en 2008 en tant que directeur adjoint de cabinet auprès de Valérie Pécresse lorsqu’elle était ministre de l’ESR.

Aujourd’hui on connait quelles sont les conséquences de la loi LRU dans les universités : des budgets en baisse, l’augmentation des frais d’inscription, suppression de postes, plus de précarité pour le personnel, etc. Le tout dans le but de se soumettre un peu plus aux intérêts patronaux et d’être visibles internationalement.
Effectivement, il y a quelques jours, Coulhon inaugurait, en présence d’Anne Hidalgo, « PSL-Lab », un lieu réservé aux futurs étudiants-entrepreneurs de PSL pour les accompagner dans la création de leurs entreprises. Entretemps, la précarité sévit dans les services des universités membres de PSL. Tout récemment, le licenciement de trois salariés en CDD des cuisines de Normale Sup avait suscité la colère des élèves et du personnel, alors que le non renouvellement des contrats avait été justifié par le DRH par un budget insuffisant !

Tel est le futur auquel condamnent l’ESR les Thierry Coulhon, c’est-à-dire une université où les présidents sont payés comme des grands patrons, où les salariés sont surchargés de travail ou qui vivent dans la peur de voir leur contrat non renouvelé, où les étudiants étrangers meurent de faim dans leur chambre du CROUS comme El Anfani Abdallah. Contre le modèle de la recherche défendu par la bureaucratie universitaire, s’inspirant des méthodes du privé et des salaires associés, de plus d’une dizaine de SMIC mensuels, la solidarité des étudiant-e-s de PSL avec le personnel des universités est plus que nécessaire notamment parce que celui-ci est le premier à vivre les conséquences de leur politique de privatisation, de casse sociale et de précarisation. Mais cela ne peut pas se faire sans remettre en cause aussi la manière actuelle de faire de la recherche, soumis au profit et aux intérêts privés, donc sans défendre une recherche au service des opprimé-e-es et des exploité-e-s.


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