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A bas la sélection !

La sélection continue : Parcoursup laisse des milliers d’étudiants sur le carreau

Ce jeudi, la phase complémentaire de Parcoursup touchait à sa fin. La sélection à l’Université continue, et le gouvernement est déterminé à l’amplifier. Toujours moins de places et de moyens dans l’Enseignement Supérieur, la logique de la macronie est inchangée pour ce second mandat.

Alexis Taïeb

16 septembre 2022

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Crédits photo : DENIS CHARLET / AFP

Ce jeudi, terminait la phase complémentaire de Parcoursup. A nouveau, ce sont des milliers de lycéens et d’étudiants qui ont été laissé sur le carreau et n’ont obtenu aucune proposition pour l’année prochaine, comme le titre France Info. Encore une année de plus où la plateforme de sélection instaurée par Macron a fait des ravages.

C’est ce dont témoigne Loanne, interrogé par France Info : « J’ai postulé à Lille, à Dechy, à Cambrai et à Valenciennes... J’ai été refusée partout ». Avant de continuer : « Je pensais continuer mes études et au final, je me retrouve sans rien, ça me fait un peu de la peine ». La jeune fille, originaire du Nord, qui voulait faire des études d’infirmière, confie avoir reçu des propositions mais qui n’ont strictement rien à voir avec ce qu’elle désirait, comme un DUT de management...

Une situation dramatique que connaissent des milliers d’étudiant chaque année. L’année dernière, sur les 91 178 candidats entrés en phase complémentaire, 19 000 étaient ressortis bredouilles après la fermeture de la plateforme. Cette année, ils sont 117 000 à l’entrée de la phase complémentaire. Chaque année, le nombre de postulants à se retrouver dans cette dernière phase sont plus nombreux, et si les chiffres restent introuvables, il est clair que les rejets ont dû augmenter également.

Et pour ceux qui ont été accepté dans les derniers jours, la situation n’est pas tellement mieux, comme en témoigne une internaute sur Twitter qui a été accepté au dernier moment dans son cursus. Cela engendre une foule de problèmes, comme celle de savoir comment se loger par exemple, ou s’inscrire à temps. Parcoursup engendre une situation très stressante pour ces futurs étudiants.

Non, on ne veut pas « améliorer » Parcoursup, on veut supprimer la sélection !

Sylvie Retailleau et Pap N’Diaye ont tous deux avancé récemment vouloir « améliorer » la plateforme pour la rendre moins opaque, plus « transparente ». Pour le ministre de l’éducation, la plateforme est « perfectible ». Même s’il est évident que Parcoursup est particulièrement incompréhensible de par son algorithme, on a du mal à comprendre ce que cette amélioration voudrait dire. Peut-être que les étudiants sauront mieux pourquoi ils se font mettre à la porte de l’Université ? Même si l’on connaît déjà la réponse : la sélection sociale.

D’ailleurs, sur France Info, Manuel Tunon de Lara, le président de France Université, était, pour le coup, plutôt transparent, lui, à ce sujet : « la sélection, elle existe, elle a toujours existé. De mon point de vue, il y a une très grande hypocrisie sur ce que l’on appelle la sélection. On ne peut pas donner satisfaction à l’ensemble des lycéens ».

Loin de l’hypocrisie dont font preuve les ministres, le projet de Macron pour l’Enseignement supérieur est assumé, il n’y a qu’à regarder sa dernière conférence devant les présidents d’Universités pour s’en convaincre. Toujours moins de moyens et toujours plus de sélection et de mise en concurrence. Sylvie Retailleau est tellement convaincue qu’il faut « améliorer » Parcoursup, qu’elle prépare une plateforme « inspirée de Parcoursup » pour la sélection en masters.

Apparemment, la première sélection massive opérée dès l’entrée à la fac par Parcoursup ne suffit plus, il faut créer une seconde plateforme du même type. L’objectif est clair : vider les bancs de l’enseignement supérieur. Par ailleurs, « l’autre chantier fructueux du quinquennat », comme le nomme la ministre de l’ESR, va dans le même sens : remplacer les DUT par des BUT (bachelors universitaires de technologie), dont l’objectif sera de répondre « aux besoins des entreprises ». Une logique déjà à l’œuvre dans l’ensemble des réformes de l’université.

Macron avait d’ailleurs, également annoncé, vouloir augmenter le nombre de places dans ces filières plus « professionnalisantes » en poussant les étudiants à privilégier des « formations courtes ». Ce qui veut dire, pousser plus rapidement vers le marché de l’emploi les étudiants. A l’instar de la récente réforme des lycées professionnels, qui prévoit d’augmenter de 50 % la durée des stages en entreprise des élèves, on voit comment le projet de la macronie n’est autre que de sacrifier notre génération sur l’autel du patronat et de ses « besoins ». Comprendre : former de la main d’œuvre corvéable à merci.

Pour une fac gratuite, ouverte à toutes et tous et au service de notre classe !

Derrière les illusions méritocratiques, les universités se ferment toujours plus aux jeunes des classes populaires, pour s’adapter à la contraction du marché du travail. Rien qu’en France, en 2021, 46 % des diplômés à bac + 5 étaient au chômage… ce qui en dit long sur les perspectives que nous offre ce système.

Ainsi, comme l’expliquait déjà Celeste Murillo dans un article : « Les capitalistes et leurs gouvernements n’ont pas d’intérêt à maintenir l’éducation publique, et ne peuvent pas non plus le faire, car ils ne peuvent plus continuer de former des professionnels qui n’ont pas de place sur le marché du travail ». En effet, il n’y a qu’à regarder les dernières dépenses du gouvernement pour l’armée et la police, pour comprendre ou se situe sa priorité.

« Assumer que la logique de l’offre prenne le pas sur la logique de la demande » : Macron expliquait tel quel son projet en janvier. Contre le projet d’université néolibérale, au service du patronat voulu par Macron, nous revendiquons la suppression totale de Parcoursup, avec toute la logique de sélection sociale et de précarisation que cette réforme implique. Nous voulons une fac ouverte à toutes et tous, et en particulier aux enfants des classes populaires, et dont les savoirs sont mis au service de l’intérêt de la majorité.


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