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Edito

La « troisième voie » de Macron : un nouveau pari qui mène à la catastrophe

Une semaine après des annonces qui sont loin d’avoir convaincu les professionnels de santé et épidémiologues, la courbe épidémique continue de s’envoler. Derrière sa pseudo « troisième voie », Macron tente de préserver à tout prix l’économie et entame un nouveau pari sur nos vies.

Paul Morao

24 mars 2021

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Source photo : AFP/POOL/Yoan VALAT

D’un pari à l’autre : Macron continue de jouer avec nos vies

Dans l’entourage du Président, il est désormais interdit d’évoquer le mot « pari ». Et pour cause, le terme porte une lourde charge politique et symbolique, incarnant la prise de risque mais surtout l’échec d’un Président qui a fait le lit d’une troisième vague épidémique. En refusant de prendre des mesures sanitaires en janvier dernier et en se satisfaisant d’un « plateau haut », le gouvernement est responsable de la catastrophe sanitaire actuelle qui fait près de 300 morts par jour ces dernières semaines et d’une circulation élevée de l’épidémie qui a permis la diffusion explosive du variant anglais.

Pourtant, en dépit de l’échec de cette gestion, le Président reste joueur. La semaine dernière, malgré des hôpitaux proches de la saturation dans plusieurs départements, Macron a choisi une « troisième voie » opposée à celle du confinement celle qui consiste à mettre en place des mesures dites de « freinage ». Une stratégie dont les effets sanitaires paraissent décalées au regard du caractère incontrôlé de l’épidémie et qui est perçue comme dangereuse par de nombreux professionnels de santé. Une stratégie sanitaire qui est plus en général perçue par la majorité de la population comme erratique. Hier, un sondage Elabe indiquait ainsi que 73% de la population trouvait les mesures du gouvernement inefficaces, et 74% incohérentes. La cote de confiance envers le gouvernement pour gérer la crise atteint quant à elle un niveau historiquement bas de 31%, jamais atteint depuis mars 2020.

De fait, c’est sur nos vies que le gouvernement parie à nouveau. Or les chiffres sont d’ores et déjà très inquiétants. En Ile-de-France, malgré la déprogrammation de 40% des opérations, ce sont 89% des lits de réanimation qui sont d’ores et déjà occupés, et 115% dans le Val d’Oise. Une situation face à laquelle 80% des opérations devraient être déprogrammées dans les semaines à venir, avec des conséquences dramatiques. Dans les Alpes-Maritimes les taux d’occupation des réanimations atteignent 145%, et 111% en PACA. Alors que l’épidémie continue de progresser, trois départements devraient par ailleurs venir s’ajouter aux 16 qui font l’objet de « mesures de freinage ». Symbole de la gravité de la situation : hier 4.651 personnes se trouvaient en réanimation, un chiffre qui tend à se rapprocher du pic de la deuxième vague qui se situait à 4.903 personnes. Une différence centrale est cependant à relever : à l’époque de ce pic, la France vivait depuis déjà deux semaines dans le cadre d’un confinement déjà « made in MEDEF » mais en réalité bien plus strict qu’à l’heure actuelle.

Derrière la catastrophe, une stratégie délibérée ?

A nouveau le gouvernement semble donc nous mener à la catastrophe, et la communication sur l’accélération de la vaccination « matin, midi et soir » ne risque pas de rassurer à l’heure où la dynamique de celle-ci demeure à la peine face à l’ampleur de l’accélération de l’épidémie et du fait de l’irrationalité capitaliste qui limite les capacités de production. Par-delà l’incompétence, cette situation correspond à des choix clairs du gouvernement : celui de laisser circuler l’épidémie pour ne pas freiner l’économie, mais aussi probablement de jouer sur la diffusion du virus pour obtenir un raccourci vers l’immunité collective, quitte à y sacrifier des milliers de vies.

Interrogé sur Yahoo, l’épidémiologiste Michaël Rochoy note ainsi : « Quand on voit les mesures prises dernièrement, on peut se demander si l’exécutif n’a pas sciemment décidé de laisser circuler le virus chez les plus jeunes, qui sont moins à risque de faire des formes graves, afin d’avoir une immunité naturelle qui viendrait compléter l’immunité apportée par la vaccination. » Une remarque que rejoint Eric Caumes, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, qui notait le 22 mars sur RMC : « On ne parle pas du tout de l’immunité naturelle car je pense que ce n’est pas politiquement correct de dire qu’on laisse circuler le virus, mais c’est le choix qui a été fait. » Une logique qui colle bien avec le darwinisme des classes dominantes qui n’ont eu de cesse de s’opposer à toute mesure qui mettrait en péril l’économie au profit de la santé, quitte à sacrifier une partie de la population.

Ainsi, Macron et les classes dominantes font à nouveau preuve de leur incapacité à juguler l’épidémie. Leur priorité accordée au profit est contradictoire avec une gestion sanitaire optimale qui impliquerait de s’extraire de la contrainte économique capitaliste. En ce sens, plus que jamais, c’est sur nos propres forces qu’il faut compter pour imposer des mesures sanitaires à la hauteur qui ne peuvent prendre place que dans le cadre d’un programme qui place entre les mains des travailleurs les leviers de la lutte contre l’épidémie mais aussi les rênes de la société.


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