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Congrès de LR

La victoire de Ciotti acte la droitisation des Républicains mais ne résout pas la crise du parti

Eric Ciotti a remporté ce dimanche le congrès des Républicains avec 53% des voix, marquant le succès de l'aile en faveur de la droitisation du parti. Mais ce succès ajoute des difficultés à la crise déjà profonde de l’organisation, dont certains cadres ont déjà annoncé leur départ en réaction.

Antoine Weil

12 décembre 2022

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Crédits photo : TEPHANE DE SAKUTIN / 2019 AFP

Ce dimanche, les Républicains ont élu leur nouveau président : c’est Eric Ciotti, longtemps tenant de l’aile la plus extrême du parti, qui prend la tête d’une organisation en proie à une crise profonde.

Après un score de 42,73% au premier tour, celui qui était le favori du scrutin l’emporte de peu contre son adversaire Bruno Retailleau avec 53,7% des suffrages. Le score important de ce dernier, qui défendait une position conservatrice mais avec un ton plus mesuré, lui permet pour autant de peser sur les questions traitant de l’avenir du parti - qui elles, sont loin d’être résolues

Des résultats qui actent la droitisation du parti

La victoire du député des Alpes-Maritimes est symptomatique du tournant radical pris par une partie de l’organisation : discours « plus extrême » (qui inquiétait encore l’année dernière en interne du parti), proximité affichée à de nombreuses reprises avec Eric Zemmour… Avec Ciotti, c’est donc le courant le plus droitier de LR qui l’emporte, avec le soutien de l’essentiel de l’appareil.

En effet, la xénophobie décomplexée d’Eric Ciotti, qui a déclaré récemment ne vouloir « Aucun droit pour les clandestins, aucun logement, aucune école ! » a finalement rencontré le soutien de l’ancien chef du parti Christian Jacob, de l’ancienne ministre Rachida Dati, du président du groupe LR à l’Assemblée Olivier Marleix, et de figures consensuelles chez LR, à l’image de François Baroin. Un retournement dans le rapport de force interne, qui entérine un pas vers la droite du parti, pris en étau entre Macron et Le Pen.

Pour autant, la victoire étroite du nouveau chef de LR ne signifie pas qu’il sera facile pour Ciotti d’aller au bout de ses ambitions : celui qui souhaite gagner en autonomie par rapport au gouvernement et qui cherche à installer Laurent Wauquiez comme candidat pour 2027 risque d’être confronté à de nombreuses difficultés.

S’opposer à Macron et préparer 2027 : des chantiers risqués pour Eric Ciotti

Après sa victoire, Ciotti doit désormais faire face à de nombreux chantiers pour endiguer le recul électoral de LR. Déjà, pour répondre au déficit de leadership du parti, il a présenté son soutien à la candidature de Laurent Wauquiez pour les présidentielles de 2027, arguant qu’une intronisation prématurée sans passer par les primaires permettrait d’installer d’ores et déjà une nouvelle figure dans le paysage politique.

Mais pour se faire une place dans le champ politique actuel, le parti risque de revoir son attitude vis-à-vis de la macronie, non sans contradictions. Le nouveau chef des LR, qui parie sur une explosion du camp macroniste à l’approche des prochaines élections a en effet affiché tout au long de la campagne son hostilité à Emmanuel Macron, coupable du « déclin de la France », pour se constituer comme une opposition conséquente au gouvernement. Dans ce sens, il a déclaré qu’il s’opposerait aux lois sur l’immigration et les énergies renouvelables proposées par la macronie, reprochant du même coup à son adversaire Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat, d’être trop complaisant avec le gouvernement.

S’il est possible que la victoire de Ciotti mette le gouvernement en difficulté pour trouver des majorités au Parlement, elle ne représente pas pour autant un grand danger dans l’état. Le chef des LR a en effet déclaré que son parti ne voterait pas de motion de censure à court terme, et a confirmé qu’il voterait vraisemblablement pour la réforme des retraites.

En réalité, le vote de cette réforme va donc constituer un premier test difficile pour Ciotti, soucieux de se démarquer de Macron mais convergeant avec ce dernier sur les attaques à mener contre les travailleurs. D’autant plus que sa capacité à mettre en œuvre son programme risque d’être entravée par le poids de Bruno Retailleau, qui va continuer de diriger le groupe LR au Sénat. Le bon score du sénateur vendéen fragilise par ailleurs l’hypothèse d’un soutien rapide à Wauquiez pour 2027, contesté par Bruno Retailleau comme par Xavier Bertrand.

La crise du parti est loin d’être résolue

Pour l’instant, à l’image du soutien de Jacob, Baroin, ou Marleix, l’essentiel de l’appareil se déclare fidèle au nouveau président. Eric Ciotti a même réussi à rassembler les lieutenants d’Aurélien Pradié, candidat éliminé au premier tour et tenant de l’aile modéré du parti, qui pourrait devenir vice-président délégué, soit numéro 2 du parti.

Mais si elle marque la victoire de la frange la plus réactionnaire, l’arrivée de Ciotti à la présidence de LR entérine les divisions qui règnent dans le parti, provoquant des défections immédiates. En témoigne le départ du le maire de Metz François Grosdidier, qui a déclaré quitter le parti, et s’accompagne du départ d’autres élus importants, notamment de la dirigeante du parti en Haute-Garonne.

Ces départs étaient relativement attendus et concernent pour l’instant des personnalités déjà proches de la majorité, mais la situation pourrait évoluer dans les mois à venir. Un proche de Bruno Retailleau déclarait dans ce sens aux Echos : « Au début, il ne se passera rien. […] Nous n’aurons pas de départs dans l’immédiat car cela va dépendre énormément du style de management d’Eric Ciotti, de la nature de ses déclarations et de ses positions sur les différents textes comme pour les retraites ».

Ainsi, sans clarification de la stratégie et du leadership du parti, les Républicains restent friables aux assauts conjugués de la majorité ou du Rassemblement National. A cet égard, le patron du parti présidentiel Renaissance a d’ores et déjà lancé un « appel à la droite républicaine » pour tenter de rallier une partie des députés à la majorité. Confronté à de multiples crises et à la situation de majorité relative, l’apport de nouveaux élus LR est un enjeu décisif pour le gouvernement, qui se sait fragile alors qu’il prépare des nouvelles offensives contre le monde du travail.


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