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Répression

Lafarge. Les militants écologistes relâchés mais le gouvernement s’acharne avec une enquête

Après quatre jours d’interrogatoire et de garde-à-vue, les quinze militants écologistes interpellés au cours d’une vaste opération de répression lundi ont été relâchés jeudi. L’enquête qu’ils subissent met en lumière le saut répressif du gouvernement à l’encontre du mouvement écolo et plus généralement du mouvement social.

Phil Adrian

9 juin 2023

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Lafarge. Les militants écologistes relâchés mais le gouvernement s'acharne avec une enquête

Crédits photo : Rutger van der Maar

Ce jeudi, la quinzaine de militants écologistes qui avaient été mis en garde à vue lundi à la suite d’une vaste opération de répression ont tous été remis en liberté.

Ils sont sortis sans charges, après 4 jours passés en garde à vue. La police et derrière elle le gouvernement les accusait d’« association de malfaiteurs », « dégradation ou destruction par moyen dangereux en bande organisée », et de « dégradation ou destruction en réunion par des personnes dissimulant volontairement leur visage » en lien avec une action contre le cimentier Lafarge en décembre 2022.

Si aucunes charges n’ont pour le moment été retenues « par manque d’éléments pour les mettre en examen » d’après les propos de Me Claire Dujardin auprès de Mediapart, avocate de trois militantes à Toulouse, les personnes interpellées sont toujours sous le coup d’une enquête. Alors que le raid d’interpellations et de perquisitions de lundi avait déjà mobilisé des unités de la BRI et de la Sous-direction antiterroriste de la Direction centrale de la police judiciaire (SDAT), cette enquête et les moyens qu’elle mobilise poursuit ce saut dans la répression à l’encontre du mouvement écologiste et dans l’utilisation de l’antiterrorisme à ces fins. L’enquête est en effet menée conjointement par la gendarmerie, la direction centrale de la Police Judicaire, et le SDAT.

« Pour avoir fait un peu d’antiterrorisme, j’ai retrouvé quelque chose d’assez typique », explique ainsi à Médiapart Me Olivier Forray, qui a assisté un militant lyonnais. « L’interrogatoire a été préparé par l’antiterrorisme ou un service proche. Les questions ont porté sur les opinions politiques, les connexions, la manière de percevoir la radicalité écologiste...  ». Lundi, Reporterre rapportait ainsi que les interrogatoires avaient porté entre autres sur Sainte Soline, si les interpellés aimaient les écrits du théoricien Andreas Malm ou encore s’ils revendiquaient la tactique du « désarmement » face aux installations écocidaires.

Les militants s’attendent à être convoqués à tout moment. En effet du fait des perquisitions, les policiers ont pu saisir ordinateurs, téléphones et autres supports numériques appartenant aux perquisitionnés, qu’ils risquent exploiter pour retracer l’ensemble de leur vie et de leurs déplacements depuis un an. Dans le même sens, Mediapart relève les données récoltées par les forces de répression pour l’enquête : « bornages, mais aussi un téléphone inutilisé pendant quelques jours, un compte bancaire inactif, ou des images captées par vidéo surveillance dans les transports en commun. » ou encore « un prélèvement ADN « pris par la ruse »  ».

Un vaste arsenal judiciaire et répressif qui vise à porter un coup à la radicalité qui s’exprime sur le terrain de l’écologie. Il vise également à intimider la mobilisation de ce weekend appelée par les Soulèvements de la terre contre l’extension d’une carrière Lafarge, et sans doute à redonner du poids aux menaces et tentatives de dissolutions proférées par Darmanin à l’encontre des Soulèvements.

Plus généralement, et comme l’écrivent Les Soulèvements dans un communiqué, cette offensive s’ancre « dans un contexte de répression généralisée des mouvements écologistes et sociaux, en France, en Europe et dans le monde : vagues d’arrestation à Rennes contre la défense collective, arrestation et placement en Centre de rétention administrative d’antifascistes italiens venus assister à une commémoration en hommage à Clément Méric, arrestations contre Letze generation en Allemagne, 1500 interpellations en Hollande pendant une manifestation organisé par XR, harcèlement policiers des opposants à COP CITY à Atlanta etc » Plus spécifiquement en France, le gouvernement redouble de virulence dans la répression dans sa tentative de reprendre le contrôle pour clore la séquence des retraites et les possibilités qu’elle a ouverte.

Par cette répression, le gouvernement vient réaffirmer qu’il sera toujours au côté des patrons-pollueurs tels que ceux de LafargeHolcim, premier cimentier mondial, destructeur de l’environnement et bailleur de fond (avec la complicité du gouvernement), de Daesh. Une réalité qui vient rappeler la nécessité pour le mouvement social de faire bloc contre la répression, en envoyant toute notre solidarité aux interpellés, et en nous mobilisant à leurs côtés pour exiger la fin de toute enquête et l’abandon de toute charge à leur encontre.


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