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La mascarade continue

Laurent Berger juge indécente la rémunération des grands patrons. Un insurgé bien trop jaune

Il a bon dos Laurent Berger, bureaucrate n°1 de la CFDT, de s’insurger contre les rémunérations des grands patrons ! Mais tout en douceur bien sûr. Il ne s’agirait pas non plus d’ébranler de trop ceux à qui il a l’habitude de faire des cadeaux en négociant des miettes avec le gouvernement. En pleine trahison du mouvement social contre la loi travail, il aurait mieux fait de se taire. Camilla Ernst

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Invité de l’émission BFM Politique ce dimanche, Laurent Berger a estimé que la rémunération de Carlos Tavares, président du directoire de PSA Peugeot Citroën, n’était « pas légitime ». Chercherait-il à faire preuve du minimum de radicalité qui lui fait largement défaut afin d’apaiser la colère des militants de sa base quant à ses négociations dans le cadre du projet de loi travail ? Pas sûr que cela convainque ceux de la CFDT-Culture, qui appellent à la grève le 31 mars en dépit des plans de leur dirigeant.

Pas de quoi déclencher une tempête non plus dans les propos de Berger. Dénonçant les 5,24 millions d’euros de salaire de Carlos Tavares en 2015, soit près du double de l’année précédente, il le félicite par la même occasion de sa brillante gestion de l’entreprise : « Évidemment PSA se redresse, tant mieux, évidemment en partie grâce à ses dirigeants, mais c’est aussi grandement grâce aux efforts des salariés et à la richesse créée par les salariés ». Parle-t-il des 14 800 qui ont été remerciés depuis 2013 ? Sûr que Carlos Tavares a bien fait son job. C’est aussi ce qu’a estimé le conseil de surveillance de PSA, expliquant que les objectifs du plan « Back in the race » pour « accélérer la reconstruction du groupe » entre 2014 et 2018 ont été réalisés dès 2015. Les félicitations semblent donc de rigueur pour celui qui touchera, en plus de son salaire exorbitant, 2 millions d’euros provenant d’actions « de performance », et Laurent Berger applaudit, tout en nous faisant croire que c’est des salariés dont il défend les intérêts.

S’attaquer soi-disant à la rémunération des patrons pour redorer son blason auprès de ses militants, tellement facile, eux qui ne connaissent jamais la crise, quand leurs employés se tuent à la tâche. Encore faudrait-il le faire vraiment. Les réponses de Laurent Berger pour en finir avec tout ça ? La « décence » comme mot d’ordre, là non plus, rien de très révolutionnaire ! Jugeant qu’une législation pour plafonner les salaires ne serait pas forcément une « réponse », il « rêverai[t] d’un comportement individuel qui permette d’y renoncer ». Encadrer les droits des salariés en s’attaquant au Code du travail avec le projet de loi El Khomri, ça oui, mais légiférer sur le salaire des patrons… Berger préfère leur faire gentiment confiance, vaste blague ! Une démonstration de plus que son soutien va toujours, en dernière instance, au patronat, après lui avoir offert 50 milliards en laissant passer le Pacte de responsabilité, ou encore le rapport Combrexelles s’attaquant à la représentativité syndicale.

Comble de l’hypocrisie, Berger de conclure sur cette affaire : « Ce style de salaire fait beaucoup de mal à la cohésion sociale », tout en affirmant plus loin, à propos du projet de loi Travail, revendiquer les miettes déjà négociées main dans la main avec le gouvernement et vouloir poursuivre sur cette voie. Souhaiter la cohésion sociale avec un patronat qui ne cherche que ses propres intérêts, enchaînant les licenciements et alors que les suicides et les morts au travail n’ont jamais été aussi nombreux, négocier avec le gouvernement une loi qui s’attaque aux salariés, c’est choisir son camp, à l’opposé de celui des travailleurs. Il n’y a pas de négociation qui tienne ! Pour le retrait total de la loi Travail, et contre les patrons qui nous oppriment avec l’aide des syndicats collabos, c’est dans la rue, le 31 mars, que nous formerons un « tous ensemble » avec les jeunes, les travailleurs et les chômeurs.


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