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Ça s’passe comme ça à la direction de la CFDT

Laurent Berger, un bureaucrate… de première classe

Depuis Léon Jouhaux, les dirigeants des centrales syndicales hexagonales ont rarement été des personnages très fréquentables et ont souvent eu tendance à virer bureaucrates, avec leurs spécificités, néanmoins. Laurent Berger, lui, bat tous les records. {} Jean-Patrick Clech

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Frachon

Fut un temps, néanmoins, où les secrétaires généraux avaient quand même un peu travaillé avant de prendre leurs fonctions. On songera à Benoît Frachon, fils de mineur de Saint-Etienne, ouvrier métallurgiste à treize ans, encarté à la CGT à seize, en 1909, avec sa première grève, dure, émaillée d’affrontements avec l’armée au Cambon, dès 1910, puis animateur Après-guerre, en 1924, de la grande grève des métallos stéphanois et happé par la suite dans l’appareil stalinien. Mais un dirigeant de la classe, en dernière instance.

Lepaon

Après il y a eu l’époque où pour être secrétaire général, il fallait avoir travaillé (un peu), participé à une lutte (une), mais surtout avoir contribué à l’enterrer. C’est le cas de Thierry Lepaon, suffisamment connu dans certains coins en Normandie, du côté des Moulinex, pour ne plus vraiment pouvoir y remettre les pieds tellement son attitude au cours de la grève avait été désastreuse. Ça ne l’a pas empêché de monter dans l’appareil, d’abord au niveau régional, puis national…. avec la trajectoire que l’on sait. Il ne s’étend que très peu sur cette période Moulinex, d’ailleurs, dans ses mémoires d’homme blessé publiées il y a peu et qui valent le détour, La vie continue.

Berger

Et puis il y a les malins. C’est dans cette catégorie qu’il faut ranger Laurent Berger. Après avoir adhéré aux Jeunesses Ouvrières Chrétiennes avec la foi suffisamment chevillée au corps pour faire une maitrise à la fac sur « L’épiscopat nantais de Monseigneur Villepelet (1936-1966) », il devient permanent de la JOC dès 1991. Après son poste de secrétaire général de l’organisation entre 1992 et 1994, suivi d’un court moment de battement, il travaille pour une association d’insertion à Saint-Nazaire et devient… délégué du personnel CFDT d’une structure de neuf personnes. Qu’elle est loin l’époque d’un André Bergeron, conducteur typographe à quatorze ans et qui avait fait les grèves du Front Pop’…

Mais pour Berger, c’est suffisant pour gravir les échelons de l’appareil, de devenir dès 1996 permanent de l’UL nazairienne, puis secrétaire régional de l’union régionale des Pays de la Loire en 2003, d’intégrer le Bureau national de Belleville, à Paris, et, en 2009, la Commission exécutive cédétiste. Le tout en ayant pour tout bagage le fait d’avoir été délégué du personnel pendant quelques mois dans une association Loi 1901 du secteur de l’économie sociale et solidaire employant neuf salariés.

C’est donc depuis novembre 2012 que Berger, qui n’a travaillé que très relativement, se porte à la tête de la Centrale Française Démocratique du Travail. On comprend davantage, dans ce cadre, les entourloupes et les mauvais coups dont la CFDT a pu se rendre complice avec une sorte d’accélération, ces derniers temps, et sur lesquels nous reviendrons dans les colonnes de Révolution Permanente. Le dernier exemple en date est l’accord scélérat sur les retraites d’il y a dix jours.

Juniac

Mais il y a mieux encore. Berger n’est pas seulement le meilleur ami du patronat et du gouvernement contre la classe ouvrière. Ses copains du CAC 40 lui en sont gré et savent être reconnaissants. Devant se rendre en Kanaky-Nouvelle Calédonie, Berger a refusé de prendre une place en Classe éco comme n’importe qui et a exigé le surclassement en Première, soit 12.000 euros le billet. Pour les « personnalités » surclassées sur Air France, il faut, comme le révèle Le Canard Enchaîné du 4 novembre, une demande écrite auprès d’un responsable du Comité exécutif et l’accord d’un des deux pédégés du groupe.

Doit-on s’étonner, dans ce cadre, que dans le conflit Air France, la CFDT se situe clairement, comme dans la plupart des autres secteurs, dans le camp des « réformistes », négociant la quantité de licenciement du « plan A » et du « Plan B » défendu par la direction ? Après tout, il est vrai que Berger est également un habitué des sauteries avec les patrons. En janvier 2015, il participait déjà à une table ronde avec Alexandre de Juniac, le pédégé d’Air France, autour du thème « Peut-on réformer la France ? ».

Il paraît que certains travailleurs et syndicalistes combatifs compteraient, dans les prochains jours, organiser une table ronde autour d’une question tout aussi épineuse : « serait-il légitime de déchirer la chemise de Berger,comme ce dernier s’apprête à déchirer le Code du travail ? ». On ne saurait leur donner tort.


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