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« Ils ont sauvé la République »

Laurent Nuñez : « Ce n’est pas parce qu’une main a été arrachée, parce qu’un œil a été éborgné que la violence est illégale »

Le message du secrétaire d'Etat à l'Intérieur après la marche des Gilets Jaunes en honneur des mutilés, pour leur 29ème acte.

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Combien ont eu un œil crevé, une partie du corps arraché, un crâne fracassé après 29 journées de mobilisations des Gilets Jaunes ? On ne les compte plus. Ce dimanche, ils étaient plusieurs centaines à défiler à Paris, pour cette marche des mutilés. Au même moment, le secrétaire d’État à l’Intérieur, Laurent Nuñez, était sur le plateau du grand jury sur LCI. Lui qui a été pendant plus d’un an directeur général de la DGSI, a apporté tout son soutien aux forces de répression. Expliquant n’avoir aucun regret, il a tenu à rappeler que selon lui, elles avaient sauvé la République et qu’en aucun cas, il ne présenterait des excuses aux mutilés et aux blessés. Et évidemment, il n’a pas parlé de Zineb Redouane tuée par une grenade lacrymogène. Pour le gouvernement ce drame n’existe pas.

« La violence illégitime moi je ne sais pas ce que ça veut dire »

Il est cohérent que Nuñez n’exprime pas de regrets. Selon lui, les violences policières sont « justifiées » et « légitimes ». D’ailleurs, il ne reconnaît « certainement pas » ce terme expliquant que « violences policières, ça laisse entendre qu’il y aurait un système organisé qui ferait que la police organise une répression contre une expression légitime de la population ». Mais qu’il s’agisse des jeunes des quartiers populaires, et de tous ceux qui ont mis les pieds dans une manifestation peut aisément constater que la police est, effectivement, organisée afin de réprimer efficacement des manifestations, expressions légitimes de la population. Ce rôle coercitif, c’est intrinsèquement le rôle de la police. De fait, Nuñez qui revendique le rôle des forces de police ne peut qu’expliquer que « la violence illégitime moi je ne sais pas ce que ça veut dire ».

Vous avez dit indépendance de la justice ?

Lorsqu’on lui pose des questions sur les poursuites judiciaires envers des membres des forces de répression, il tient à se féliciter du faible nombre de dossiers. Seulement huit… « Le procureur parle de 8 informations judiciaires qui ont été ouvertes. 8 dossiers où un juge d’instruction va être saisi. C’est toujours 8 de trop, bien évidemment, mais reconnaissez que c’est infime par rapport à l’engagement et à la violence à laquelle ont dû faire face les policiers et les gendarmes ».

Effectivement, au vue de toutes les violences policières c’est très faible. Pour des milliers de blessés, pour la mort de Zineb Redouane, ces 8 procédures judiciaires sont absolument ridicules. Il suffit de jeter un œil sur les réseaux sociaux, ou simplement de regarder l’ensemble des blessés et mutilés pour cerner l’ampleur de la brutalité et de l’impunité des forces de l’ordre ; couverts ensuite comme lors des violences envers Geneviève Legay ; le tout au prix de mensonges flagrants du gouvernement lui-même comme lors de la prétendue attaque de la Salpêtrière et la « fake news » de Castaner lui-même.

Qui est responsable de telles violences et mensonges si ce n’est Macron, Castaner et le gouvernement ? Nuñez s’est empressé de rajouter que lorsqu’il y avait de la répression c’était à « chaque fois qu’il y avait des atteintes totalement inadmissibles contre les forces de l’ordre, les institutions. Et là, la police est là pour défendre et mettre à mal ces attaques. Il n’y a que dans ces cas-là qu’il y a eu une répression ». On ne compte plus les vidéos diffusées sur les réseaux sociaux où les forces de l’ordre répriment sans raison. Le 1er mai, ils ont commencé à réprimer avant même le début de la manifestation. Et ils sont allés jusqu’à charger le cortège syndical. Un exemple parmi tant d’autres.

Si la justice s’empresse de condamner les manifestants, il en est tout autrement pour les policiers. De plus, Nuñez a affirmé qu’en cas de condamnation, ce qui est loin d’arriver, « le ministère fera systématiquement appel ». Il assure défendre jusqu’au bout ces policiers. Il n’affirme même pas que ce sont des “responsabilités individuelles” mais qu’ils ont fait ce pour quoi ils avaient été déployés. L’État protégera coûte que coûte les policiers, même si ces derniers ont provoqué des traumatismes à vie à des personnes qui ont défendu leur droit à une vie meilleure dans une société plus juste.

D’après le secrétaire d’État, « c’est la police nationale, la gendarmerie nationale, ce qui permet de maintenir la République debout ». En réalité, c’est la République en Marche, et l’ensemble d’une classe consciente de ses intérêts que les “chiens” de la République ont sauvé. Jamais ne fut plus évidente la fameuse phrase d’Engels sur la police comme « bande armée de la bourgeoisie. »

Crédits photo : capture d’écran LCI


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