« Quand j’ai commencé routier, je devais partir à la retraite à 55 ans. Aujourd’hui, je risque de partir à 59 ans ».
L’annonce de l’allongement du départ à la retraite a sonné comme un coup de massue pour l’ensemble de la population, notamment chez les routiers, qui ont vu leur régime spécial durement attaqué depuis 2010. Et pour cause, le métier de routier comporte de nombreux facteurs de pénibilité : « horaires décalés, tension accrue sur la route, pression à la rentabilité… Les routiers en bavent. C’est une énorme responsabilité quand on conduit un camion capable de provoquer des accidents meurtriers. Et le gouvernement veut qu’on travaille toujours plus, presque jusqu’à l’âge de 60 ans ? C’est inadmissible » dénonce Laurent.
Une pénibilité du métier connue qui existe aussi dans les autres secteurs de la logistique, mais qui est beaucoup moins reconnue. « Chez les manutentionnaires ou les caristes, personne ne parle de leur souffrance au travail. Sans eux, on n’existe pas, et l’économie ne tourne pas. Chez Geodis, on travaille tous les jours avec eux, on les voit se détruire au travail. C’est un secteur où de nombreux travailleurs sont immigrés ou issus de l’immigration, ils sont les premières victimes de ce système de retraite. Il faut que les syndicats du transport élargissent leurs revendications et prennent en compte ces problématiques ».
Retraites à 60 sans annuités, 55 ans pour les métiers les plus pénibles, augmentation des salaires et égalité salariale homme/femme, voilà les revendications que portent Laurent et ses camarades. D’après lui, la journée du 7 mars sera mieux suivi que les précédentes journées. « Le préavis de grève déposé est positif, mais de nombreuses tâches restent à faire ».
« Il faut reconduire la grève et bloquer le pays ». Malgré des journées de mobilisation historique et une opinion largement défavorable à la réforme, le gouvernement ne recule pas. L’Assemblée nationale a terminé les débats la semaine dernière, et le Sénat a entamé les discussions ce jeudi. Les sénateurs, majoritairement de droite, se sont fait remarquer en affichant une volonté de remettre en cause les régimes spéciaux sans questionner le leur.
Dans ce contexte, Laurent estime que « l’ensemble des travailleuses et travailleurs doivent rentrer dans la grève, pour faire plier le gouvernement. Il n’y a que cette voie là que Macron comprend ». Il ajoute que « le blocage du pays doit comprendre des initiatives des travailleurs visant à bloquer physiquement des lieux stratégiques ».
En ce qui concerne les routiers, Laurent interpelle les fédérations de transport sur leur rôle à jouer dans la période. « C’est super de déposer un préavis de grève illimitée. Mais il faut le coupler à un travail de terrain. Il faut convaincre les collègues routiers de la nécessité de la grève reconductible et générale. Certains qui n’ont jamais fait grève veulent la faire le 7 mars. Il y a une grosse colère qui veut s’exprimer ».
