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Réactions lycéennes suite aux manifestations de la semaine

« Le 2 mars à Nation, les CRS frappaient tout ce qui bougeait : ils ont même lancé un jeune contre la bouche de métro »

Le 23 février, le 28 et le 2 mars, de nombreux lycées parisiens ont été bloqués en soutien à Théo, le jeune aulnaysien violé par la police début février. Un élan de solidarité entre les lycées intramuros de Paris et les jeunes plus précaires des banlieues parisiennes qui a cependant été scientifiquement brisé dans l’œuf par une police qui cherchait avant tout à semer la terreur auprès de tous les élèves, notamment en brutalisant et intimidant individuellement les jeunes mobilisés. Cependant, face à cette politique ultra-violente de Bernard Cazeneuve, beaucoup de lycéens ne sont pas dupes et comprennent qu’il s’agit avant tout de les faires taire plutôt que de « protéger des violence ». C’est ce que nous dit un militant lycéen de Victor Hugo (Paris 3e).

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Révolution Permanente : mardi et jeudi dernier, des lycéens ont bloqué leur lycée à Paris ; pourquoi, à Victor Hugo, vous avez décidé de ne pas aller en cours pour manifester ?

Antoine (les prénoms ont été changé) : Je suis un lycéen à Victor Hugo, lycée public situé dans le centre de Paris et privilégié par son statut de lycée d’excellence. Le lycée a bloqué contre les violences policières suite à des appels de syndicats ou de simples groupes de lycéens le mardi 28 février et le jeudi 2 mars. Les rassemblements étaient prévus à métro Porte de Vincennes et Nation et très peu de lycéens sont venus aux manifestations par peur de prendre des coups et de respirer du gaz. Au final, nous étions environs 300 manifestants mardi comme jeudi. Les jeunes ont peur de manifester et de se rassembler, l’année dernière au manifestation contre la loi travail nous étions aux moins 1000 à chaque manifestations. C’est terrible que dans notre pays, qui se prétend être celui des droits de l’homme et du citoyen, les jeunes ne puissent s’exprimer dans la rue, qu’ils aient peur de participer à une manifestation, peur des forces de l’ordre. Ces hommes et femmes en uniforme perdent tout caractère humain lors des manifestions, ils font acte de violence envers les manifestants et n’hésitent pas à nous embarquer sans raison. Ils disent qu’une personne masquée d’un foulard, avec des lunettes de ski, des gants et de quoi se soigner est une personne préparée à la violence. Ils me font rire avec leurs flash-balls, leurs gilets pare-balles, leurs casques, leurs protections aux jambes ainsi qu’aux bras, leurs bouteilles de gaz lacrymogène….

RP : Pourquoi est-ce un important pour vous, qui êtes, comme tu le dis, dans un « lycée favorisé », de bloquer le vôtre contre les violences policières ?

A : Les violences policières sont une vérité qui touche surtout les jeunes des banlieues, ceux qui ont eu la malchance de naître dans des milieux défavorisés. Théo est une goutte de plus dans un vase déjà trop plein. Mon lycée s’est alors mobilisé avec bien d’autres lycées contre les violences policières, car il est normal que les jeunes des milieux favorisés soutiennent ceux qui ont moins de chance. Un blocus dans un lycée défavorisé reçoit la visite de camions de CRS dans l’heure qui suit, alors que dans mon lycée de privilégiés la police ne viendra jamais. Notre monde n’est pas équitable, les droits de l’homme et du citoyen sont violés chaque jour par un état d’urgence prolongé. Et c’est du devoir de ceux qui se trouvent en haut de l’échelle sociale de se battre, de manifester et de défendre ceux dont la dignité humaine a été littéralement violée.

RP : Dès le début de votre mobilisation, la répression policière a été particulièrement importante ; comment avez vous réagi ?

A : Mardi 28 février, le rassemblement est fixé à porte de Vincennes devant le lycée Hélène Boucher, et il pleuvait. Nous étions une cinquantaine et voulions aller à l’annexe du ministère de l’Intérieur juste à côté. Mais les CRS avaient bloqué l’accès avec des barrières en métal anti-émeute et leurs camions. Comprenant que nous n’avions pas le choix nous avons décidé de partir en manif sauvage vers Nation. 200 élèves de Paul Valery nous ont rejoint. Nous avons très vite été bloqués par les CRS et avons bifurqué. La tête de manif à été séparée de l’arrière par les forces de l’ordre qui l’ont poursuivie jusqu’à ce qu’elle se disloque et ils ont fini par bloquer le groupe où j’étais. Nous étions moins d’une cinquantaine, nous l’avons joué pacifiste en musique. Les CRS ne nous ont ni gazés, ni frappés. Nous avons passé plus d’une heure et demie à chanter avant qu’ils ne nous fassent sortir un par un. J’ai eu l’honneur d’être le premier à sortir, mais certains y ont passé encore presque deux heures.

Jeudi 2 mars, un rassemblement a eu lieu place de la Nation. A mon arrivée sur place tout est calme, il ne se passe rien. Les manifestants ne sont pas organisés, aucun mouvement n’est lancé. Cela n’a pas empêché les forces de l’ordre de charger la foule pour la couper en deux. Ils n’ont alors pas hésité à lancer un jeune contre les barrières de la station de métro, et à frapper tous ceux qu’ils pouvaient. Pour ensuite nous encercler pendant plus d’une heure sans aucune explication ou justification donnée de leur part. Ce jeudi la violence des flics était telle que j’ai vu la nécessité de résister face à la répression qu’orchestrent les flics lorsqu’ils jugent leur population ingouvernable. Le besoin de rappeler au chef qu’il n’est chef que grâce à nous, et donc que son pouvoir s’arrête à notre consentement. J’ai envie de lancer une alerte à la population, de dire que la police est facho. Révoltons nous avant de ne plus pouvoir, il est encore temps.

Sur nos lycées, nous allons travailler pour continuer à construire cette mobilisation et plusieurs dates ont déjà émergé. Par ailleurs, nous allons préparer tous ensemble l’échéance du 19 mars, pour laquelle il y a une manifestation pour réclamer justice et dignité face à l’atmosphère réac, raciste et islamophobe qui règne en ce moment.


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