×

Réforme des retraites

« Le 8 mars on impose la grève reconductible » : 450 personnes au meeting féministe et antiraciste de DPDR

Ce lundi 20 février, ce sont plus de 450 personnes qui ont participé à un meeting féministe et anti raciste à l'université Paris VIII. La discussion, en présence de Adèle Haenel, Maëva Amir, Oumou Gueye et Laura Varlet, a porté sur la profondeur et les aspirations du mouvement en cours contre la réforme des retraites, ainsi que sur le rôle politique que peuvent jouer les féministes et anti racistes dans la bataille si elles se dotent d'une stratégie révolutionnaire.

Du Pain et des Roses

21 février 2023

Facebook Twitter

Alors qu’une quinzaine de jours nous séparent de la prochaine date de mobilisation et de grève, le 7 mars, contre la réforme des retraites, les militantes de Du pain et des Roses, et du Poing Levé, ont organisé un meeting féministe et anti raciste à l’université Paris VIII. Ce meeting est parvenu à réunir environ 450 personnes dont une majorité d’étudiants et étudiantes politisés sur les questions féministes et anti-racistes. Les différentes interventions prévues avaient pour objectif de transmettre la profondeur du mouvement en cours, ce qui s’y joue au-delà de la question des retraites d’un point de vue féministe et anti raciste, et de dessiner quelques perspectives stratégiques.

Maëva Amir, enseignante et militante à Du pain et des roses, Oumou Gueye, ex gréviste d’Onet, Laura Varlet, cheminote et militante à Révolution permanente, Irène, militante au poing levé, et Adèle Haenel, militante féministe et comédienne, ont pour point commun d’être des militantes impliquées dans la lutte contre la réforme actuelle, et de partager la nécessité d’une politique révolutionnaire qu’elles ont tenté d’expliciter et d’inviter à rejoindre.

Le mouvement contre la réforme des retraites : un mouvement politique qui soulève des enjeux centraux pour les opprimé.es

Maëva Amir, enseignante et militante à du Pain et des roses, a ouvert le meeting en revenant sur les caractéristiques du mouvement en cours marqué par sa massivité et son caractère politique. En effet, si la population rejette en masse la réforme des retraites et notamment le report de l’âge légal, cette réforme agit tel un catalyseur de colères qui portent plus largement sur la question des salaires, la pénibilité du travail et les conditions de travail.

Comme l’a souligné Oumou Gueye, ancienne agente de nettoyage dans les gares parisiennes, « les inégalités pour nous c’est bien au-delà de la retraite, c’est tout au long de notre carrière et de notre vie ». Elle dispose aujourd’hui d’une très faible pension de retraite, conséquence de son parcours professionnel en France en tant que femme immigrée, et ce en raison à la fois des bas salaires dans le secteur du nettoyage mais aussi d’un départ à la retraite anticipé à cause de problèmes de santé l’ayant rendue inapte à travailler. Maëva est revenue sur le caractère systémique de cette situation qui touche une grande partie des personnes immigrées : ‘Beaucoup de travailleurs immigrés arrivent tardivement en France et subissent de plein fouet les inégalités raciales produites par le système pour les surexploiter et en faire de la chair à patron ».

Ainsi, pour les femmes immigrées, les personnes LGBT ou encore un nombre important de femmes précaires, la vie est déjà synonyme dans ce système de salaires et de retraites quasi inexistantes. A l’image de la grève des agent.es du nettoyage d’Onet, les intervenantes ont rappelé que plusieurs grèves se sont succédées ces dernières années dans les secteurs les plus précaires de la classe, comme la grève récente à Géodis ou encore celle des agentes du nettoyage d’Arc en ciel, et portaient sur la question des salaires et des conditions de travail. « Pour la journée de grève du 31 janvier dernier, avec mes collègues cheminots on est allé voir nos collègues agents de nettoyage d’Onet et on les a convaincus de manifester le 31 pour leurs conditions de travail mais aussi pour leurs retraites » a expliqué Laura Varlet, cheminote au Bourget.

Alors que la question des salaires préoccupe grandement le monde du travail, de même que la question du manque de moyens dans les services publics, Laura Varlet comme Maëva ont soulevé la contradiction entre les préoccupations des travailleurs.es et le cahier revendicatif de l’intersyndicale qui limite la mobilisation à la question du retrait du report de l’âge de légal. « Il faut montrer à ce gouvernement qu’on ne veut pas de cette réforme et qu’on voudrait plus : avoir une retraite, des salaires, vivre ! » s’est exclamée Oumou Gueye exprimant avec beaucoup d’émotions la colère profonde qui gronde dans toute une partie de notre classe consciente des profondes injustices de la société actuelle. « Leurs enfants à ceux qui se remplissent les poches ont tout, nos enfants, et sûrement vous aussi les étudiants, on a le droit à rien ou si peu, et cela doit cesser » a-t-elle conclu.

La nécessité d’une grève politique à la hauteur de nos revendications

« C’est en assumant le caractère politique du mouvement qu’il sera possible d’en faire un point d’appui pour passer à la contre-offensive » a insisté Maëva avant de poursuivre « nous pensons que le rôle des militantes féministes et anti racistes est d’élargir les revendications en y intégrant les revendications proprement féministes et antiracistes pour que tous les travailleurs précaires, les femmes et personnes LGBTI, les immigré.es, vivent dignement ». C’est dans ce sens que les militantes de Révolution Permanente exigent la retraite à 60 ans et à 55 ans dans les métiers pénibles sans annuités. C’est également dans ce sens que nous revendiquons d’intégrer dans le cahier revendicatif des assemblées générales la question du retrait de la loi immigration, la régularisation des sans-papiers, l’augmentation de tous les salaires et l’indexation des salaires sur l’inflation ou encore l’égalité salariale.

Pour les intervenantes la stratégie pour parvenir à imposer ces revendications doit être la grève : « c’est l’unique moyen de se faire entendre. Nous devons assumer que nous ne dialoguons pas avec le gouvernement, nous exigeons ! » a ainsi déclaré Adèle Haenel après être revenue sur sa prise de conscience politique quant à la nécessité de s’organiser collectivement et de construire un rapport de force face au gouvernement.

La grève mais pas n’importe laquelle, celle qui bloque l’économie, provoque d’importantes pertes financières pour le patronat, mobilise l’ensemble des secteurs ouvriers mais aussi la jeunesse, et s’organise par en bas à travers des assemblées générales et des piquets de grève. Pourquoi ? Parce que les manifestations bien qu’extrêmement massives et les journées isolées ne suffiront pas pour faire reculer le gouvernement quoiqu’en disent les directions syndicales qui parient sur un gouvernement affaibli capable de céder face à la massivité pacifiste de la rue.

Le rôle clé de la jeunesse et des femmes pour construire une grève reconductible à partir du 8 mars contre Macron et son monde !

Pour les féministes révolutionnaires, le calendrier de mobilisation offre une opportunité en or. En effet, l’intersyndicale appelle à « mettre à l’arrêt le pays » le 7 janvier prochain tout en ne posant pas la question de la reconductible qu’appuient par contre certaines corporations syndicales, comme à la RATP, la CGT cheminots suivie par Sud rail ou encore La Fédération Nationale des Industries Chimiques (FNIC) – CGT qui appellent à la grève reconductible dès le 6 mars au soir. Un calendrier qui recoupe l’agenda féministe et la date historique du 8 mars journée de lutte pour les droits des femmes.

Une date qui pour les féministes révolutionnaires est celle de la commémoration à l’international des grèves et des luttes ouvrières et féministes qui tout au long du XXème siècle ont permis d’arracher des avancées sur le terrain économique et démocratique pour les femmes et tous les opprimé.es. Une occasion pour les militantes féministes, anti racistes et internationalistes, de faire leur la stratégie de la grève reconductible à partir du 7 mars prochain et de faire entendre un féminisme et un anti-racisme lutte de classes, anti impérialiste et pro LGBT qui rend à Macron coup pour coup les offensives de ces dernières années. « On ne veut pas rentrer chez nous le soir du 8 mars, on veut continuer à être dans la rue jusqu’au retrait de la réforme. Ça suffit les journées de grève isolée, il faut un vrai plan de bataille ! » a ainsi défendu Laura Varlet.

« Les moments de grève c’est aussi des moments de politisation forts pour lutter contre les idées réactionnaires et démasquer le populisme du rassemblement national qui véhicule non seulement des idées racistes, homophobes, transphobes mais qui est aussi profondément antisocial et contre la retraite pour tous et toutes » a conclu Maëva en s’adressant à la jeunesse dans la salle. Une adresse à la jeunesse et aux femmes qui a aussi été au cœur de l’intervention d’Adèle Haenel « je crois en notre force collective ! La jeunesse vous pouvez déborder le calendrier et le programme de l’intersyndicale, faites confiance à votre force de contagion » avant de clôturer sous un tonnerre d’applaudissements :« J’ai joué dans un film qui s’appelle portrait d’une jeune fille en feu, et j’ai envie de dire aujourd’hui : vous pouvez mettre la misère aux capitalistes et faire le portrait d’une jeunesse en feu ! ».


Facebook Twitter
Bordeaux Montaigne : la mobilisation proche de la victoire sur la gestion des VSS après 7 mois ?

Bordeaux Montaigne : la mobilisation proche de la victoire sur la gestion des VSS après 7 mois ?

Education sexuelle à l'école : le nouveau terrain de jeu de l'extrême-droite

Education sexuelle à l’école : le nouveau terrain de jeu de l’extrême-droite


MeToo Hôpital. Des travailleuses de la santé dénoncent les violences sexistes et sexuelles au travail

MeToo Hôpital. Des travailleuses de la santé dénoncent les violences sexistes et sexuelles au travail

« Chicken for KFC » : Israël et ses soutiens veulent opposer les femmes et les LGBT aux Palestiniens

« Chicken for KFC » : Israël et ses soutiens veulent opposer les femmes et les LGBT aux Palestiniens


Tribune. Les soutiens d'un État génocidaire n'ont pas leur place dans nos luttes féministes !

Tribune. Les soutiens d’un État génocidaire n’ont pas leur place dans nos luttes féministes !

Acharnement : l'État porte plainte contre une lycéenne qui avait dénoncé une agression islamophobe

Acharnement : l’État porte plainte contre une lycéenne qui avait dénoncé une agression islamophobe

Affection de longue durée : l'offensive du gouvernement menace les personnes trans et séropositives

Affection de longue durée : l’offensive du gouvernement menace les personnes trans et séropositives

Une victime de VSS et le syndicaliste qui la défend réprimés par la SNCF : 200 personnes réunies en soutien

Une victime de VSS et le syndicaliste qui la défend réprimés par la SNCF : 200 personnes réunies en soutien