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La danse des démissions

Le Brexit et son monde. Nigel Farage démissionne de la direction du xénophobe et eurosceptique UKIP

« Pendant la campagne du référendum, j’ai déclaré que je voulais récupérer mon pays. Maintenant, je dis que je veux récupérer ma vie ». Voilà comment terminait son discours de démission le leader du parti populiste d’extrême droite UKIP (Parti de l’Indépendance du Royaume Uni), Nigel Farage. Une démission qui ouvrira également une crise au sein du troisième parti pour qui l'on vote le plus en Grande Bretagne ?

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Nigel Farage a réussi à se créer une image médiatique le faisant passer pour un « homme lambda », politiquement incorrect et étranger aux cercles de l’establishment. C’est ainsi qu’il a réussi à imposer son style de « populiste de droite » et à toucher une partie de la classe ouvrière et des secteurs populaires gagnés par les frustrations, la peur et le racisme. Cependant, Farage en réalité est un milliardaire qui a fait fortune en tant que trader et véhicule une idéologie profondément anti ouvrière, libérale et xénophobe.

Sa démission, après sa victoire au référendum, est une surprise et ajoute un nouvel élément d’incertitude dans le paysage post-Brexit.

Une « fièvre démissionnaire » ?

En effet, depuis la victoire du Brexit la vie politique britannique semble mue par le rythme des démissions. D’abord celle annoncée par le premier ministre David Cameron, qui avait défendu le camp du « Remain », le lendemain du résultat du référendum. Cela a ouvert de fait une lutte interne pour la succession à la tête du Parti Conservateur.

Ensuite, toujours dans le camp du « Remain », la « patte gauche » du bipartisme britannique, le Labour Party, a été aussi secoué par les divisions. Cette fois ce n’est pas une démission qui a eu lieu mais une sorte de « destitution » ou « coup interne » : la fraction parlementaire du parti a voté largement une motion de censure à l’encontre de Jeremy Corbyn car il n’aurait pas suffisamment défendu le camp favorable à rester dans l’UE, et lui demande de démissionner. Celui-ci refuse de se soumettre à cette décision, s’appuyant sur le soutien de la base du parti. Le risque de scission du Labour est de plus en plus concret actuellement.

Mais dans le camp du « Brexit », il y a également eu des désistements. En effet, au sein du parti conservateur, l’excentrique et populiste ex-maire de Londres, Boris Johnson, fervent défenseur du Brexit, a décidé de ne pas briguer la direction des « Tories » et donc de renoncer à occuper le poste de premier ministre.

Des possibilités ou des luttes internes pour l’UKIP ?

C’est donc dans ce contexte qu’intervient la démission de Nigel Farage. Une démission qui semble d’autant plus surprenante que le parti populiste de droite se trouve dans une situation favorable pour tirer profit de la crise et divisions des partis centraux du régime. En ce sens, le Financial Times commente : « [la décision de Farage] signifie que l’UKIP doit chercher à capitaliser sa victoire dans le référendum sans le leader qui l’a pratiquement à lui tout seul transformé dans le troisième parti le plus voté au Royaume-Uni ». Le journal de la City fait l’hypothèse que cela « pourrait aussi permettre de mettre en place une nouvelle stratégie électorale, centrée sur les régions ouvrières dominées par le Labour dans le nord et dans le Pays de Galles ».

L’un des candidats à la succession de Farage, Paul Nuttall, a également fait des déclarations en ce senségalement mais il élargit les possibilités d’attraction de l’UKIP sur une partie de la base électorale des conservateurs : « Vous avez un Labour qui ne représente plus la classe ouvrière comme il le faisait avant – et nous pouvons avancer sur ce territoire. Également, si les Conservateurs élisent quelqu’un à leur tête qui n’est pas pour le Brexit et commence à reculer dans les négociations nous pourrions aussi chasser sur leur terrain ».

Mais la démission du milliardaire Farage peut aussi ouvrir une guerre de succession au sein du parti xénophobe britannique. En effet, comme signale également le Financial Times : « le parti a connu des luttes [internes] entre ceux qui se focalisent sur l’immigration et s’opposent au Traité Transatlantique avec les Etats Unis et ceux (…) qui adoptent une posture plus libérale et de libre marché ».

Le vote du Brexit a ouvert une crise politique en Grande-Bretagne. Les classes dominantes n’ont pas encore un plan concret pour savoir comment elles vont gérer le Brexit. Même l’extrême droite et les différentes tendances populistes qui pourraient essayer d’en tirer profit semblent désorientées. Ce qui est clair en tout cas c’est que, malgré leurs discours démagogues, chacune de ces diverses options capitalistes (qu’elles soient originellement pour le Brexit ou pour le Remain) prépare des attaques pour les conditions de vie des travailleurs et les classes populaires.


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