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Gros temps en perspective

Le Brexit va-t-il faire exploser la bulle immobilière au Royaume-Uni ?

Depuis la victoire du « Leave », le choc initial du Brexit semblait limité du point de vue des marchés financiers britanniques. Malgré une livre sterling en berne, atteignant son plus bas depuis 1985, frôlant bientôt la parité avec le dollar, le FTSE 100 – l’indice des grandes valeurs cotées à Londres – semblait tenir le choc, avec même un rebond depuis la victoire du « Leave ». Pourtant, les premiers signes de stress commencent à se manifester outre-Manche. Et, comme souvent, ils apparaissent sur le marché immobilier. Le Brexit pourrait bien être le catalyseur d’une bulle immobilière latente, signe d’une Europe du capital toujours profondément en crise. Damien Bernard

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C’est l’immobilier de bureaux britannique qui a commencé à faire les frais du Brexit. En l’espace de trois jours seulement, six fonds gérant les actifs immobiliers ont été gelés pour faire face à l’afflux massif des demandes de retraits d’argent, signe d’un possible début de panique. Après l’assureur Standard Life lundi et les gestionnaires d’actifs Aviva et M & G Investments mardi, Henderson Global Investors, Columbia Threadneedle et Canada Life ont annoncé à leur tour mercredi être eux aussi poussés à cette « extrémité ».

Avec un effet retard, ce sont les premières conséquences économiques sérieuses du Brexit qui s’expriment au Royaume-Uni. Après l’annonce notamment de grands groupes comme l’opérateur télécoms Vodafone qui a menacé de déménager son siège social, de nombreux investisseurs ont exprimé des demandes de rachat de leurs actifs immobiliers, notamment de bureaux commerciaux. Les investisseurs ont été pris de panique ces derniers jours face à la crainte d’un retournement du marché immobilier britannique, qui a vu ses prix monter de plus de 50% ces dernières années notamment à Londres.

Confrontées à une demande massive de retraits, les entreprises qui gèrent ces fonds de placement préfèrent suspendre l’activité de ces fonds, plutôt que de devoir liquider à la va-vite les propriétés immobilières qu’ils possèdent. « La décision a été prise en raison de pressions exceptionnelles exercées sur les fonds, résultats de l’incertitude suivant le référendum sur l’UE et de la récente suspension d’autres fonds immobiliers », a justifié le gestionnaire d’actifs Henderson Global Investor. Ce d’autant plus que les demandes de ventes vont continuer d’affluer en raison de l’angoisse ambiante.

Une fois, le gel des transactions terminé, les fonds vont devoir revendre les actifs immobiliers commerciaux ce qui va créer une pression sur les prix. Au mieux, certains parient sur une chute des prix de 20 %. Mais l’éclatement de la bulle de l’immobilier commercial pourrait bien entrainer un effet domino notamment sur le marché des particuliers, qui a vu ses prix s’envoler. Un « appartement » de 7 m2 présenté comme « le moins cher » de Londres a ainsi été vendu 79.000 livres (100.000 euros) à Clapton, quartier populaire de l’est de la ville.

Pourtant, la bulle immobilière outre-manche ne pourrait être la partie émergée de l’iceberg européen. Outre les taux d’intérêts ultra-bas, le plus souvent négatif, en ce qui concerne la dette obligataire des pays « sûrs », c’est du côté de l’Italie que les risques sont les plus grands. Les banques italiennes, notamment Monte dei Paschi di Siena, la troisième banque de la péninsule, ploient sous une montagne de créances douteuses, nourrissant un sentiment croissant d’instabilité, auquel il faut rajouter une crise sur le plan politique pour Renzi.

Ainsi, l’éclatement de la bulle immobilière au Royaume-Uni sur fond de Brexit, la crise bancaire et financière latente en Italie, illustrent à quel point la crise économique ouverte en 2007 est bien loin d’être résolue pour les classes dominantes.


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