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1, 2, 100 Havres !

[Vidéo] Le Havre, capitale nationale de la grève et des piquets

On aurait dit un dimanche, tellement le centre-ville du Havre était désert ce jeudi 19. A l’origine de cet étrange phénomène, la montée d’un cran dans la mobilisation des travailleurs de la région contre la Loi Travail.

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Un « tous ensemble » à l’échelle locale

Depuis le mois de mars, les travailleurs du Havre ont été à la pointe de la contestation contre le projet de loi présenté par la Ministre du Travail Myriam El-Khomri. Cette semaine le mouvement a néanmoins monté clairement d’un cran. « On est passés des journées d’actions avec blocage le matin à un blocage économique de trois jours, jour et nuit », explique Reynald Kubecki, délégué syndical CGT-Sidel et secrétaire de l’union locale CGT du Havre.

Il poursuit : « Plusieurs boites se sont mises en grève, toute la zone industrielle est bloquée : dockers, ouvriers de la chimie et de la métallurgie, fonction publique, territoriaux, au Havre mais également à Gonfreville et Harfleur, le terminal pétrolier de la Compagnie Industrielle Maritime (CIM) était lui-aussi bloqué. » Au total, 26 piquets ont été recensés par la Préfecture de la Seine-Maritime.

2500 dockers quittent le port pour aller à la manifestation

Reconduction et risque palpable de pénurie de carburant

Le gouvernement aura beau voulu se montrer rassurant lorsque Valls a déclaré qu’il n’y avait aucun risque de pénurie de carburant, il s’est vite fait démentir par un représentant de Total qui a déclaré qu’environ 70 stations-service du groupe étaient en pénurie dans le Grand Ouest (Bretagne, Pays de la Loire, Normandie), soit 1 station sur 5.

La manifestation de ce jeudi a marqué elle-aussi un record depuis le 31 mars, avec plus de 20 000 personnes dans la rue, et des assemblées générales qui se sont tenues à 15h et ont décidé de reconduire le mouvement.

Valls met le feu aux poudres ?

Les déclarations du Premier Ministre ce jeudi matin indiquant qu’il serait prêt à envoyer la police pour casser par la force les grèves et piquets ont été très mal accueillies par les grévistes havrais.

« C’est complètement irresponsable, il veut mettre le feu aux poudres après le 49.3, il ne veut pas entendre la rue qui ne veut pas de cette loi », condamne Reynald Kubecki, avant de déclarer que si le gouvernement « veut utiliser la force, il ira au-devant de la catastrophe économique, des ports et des routes bloqués ».

Une combativité qui vient de loin

La force du mouvement dans l’agglomération havraise n’est pas un fait du hasard. Depuis un siècle il s’agit d’un grand bastion du mouvement ouvrier en France, avec des organisations syndicales solidement implantées et souvent plus combatives que leurs relais nationaux, et une forte tradition de solidarité interprofessionnelle.
Plus récemment, cela s’est vu lors du mouvement contre la réforme des retraites de 2010, où l’assemblée générale interprofessionnelle du Havre a été l’exemple le plus avancé d’auto-organisation démocratique du mouvement. L’interpro du Havre qui se réunissait tous les soirs a vu passer entre 400 et 500 travailleurs et a édité un bulletin
quotidien, le Havre de grève, et est devenue le lieu légitime de décision et de centralisation du mouvement. La majorité des secteurs en grève y étaient représentés, toutes les actions y étaient décidées.

1, 2, 100 Havres !

Par la méthode de la grève interprofessionnelle reconductible et des piquets de grève, les travailleurs du Havre constituent un exemple de détermination et montrent qu’il est possible d’imposer un véritable rapport de force contre le gouvernement et de le faire reculer sur la Loi Travail. Si au niveau national le mouvement suivait cette même voie, celle de la grève interprofessionnelle reconductible avec piquets, le gouvernement aurait de quoi sérieusement s’inquiéter.


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