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Toulouse mobilisé

Le Mirail contre la loi El Khomri, 250 étudiants et travailleurs au meeting de convergence

Correspondants Initialement organisée par le collectif Stop Etat d’Urgence de la fac puis prise en charge par le comité de mobilisation institué lors de l’AG étudiante du lundi 7, se tenait ce vendredi 11 mars à l’université du Mirail à Toulouse une journée d’information et de convergence contre la loi El Khomri. Démarrant par des ateliers militants, suivis d’un meeting avec Gérard Filoche, intervenant sur le contenu et les dangers de la loi, et de salariés et syndicalistes en lutte, la journée a regroupé environ 250 personnes. Une journée unitaire placée sous le signe de la combativité pour renforcer et massifier la mobilisation dans la prolongement de la journée du 9 mars.

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Projection du film Grève générale et débat sur le CPE, désobéissance et répression policière, atelier théâtre… tels furent les thèmes qui, à partir de 13h30, ont réuni une cinquantaine de personnes, buffet militant à l’appui, avant, que ne se tienne, plus tard dans l’après-midi, le meeting. Introduit par une étudiante du comité de mobilisation, qui a rappelé que la lutte contre l’état d’urgence reste plus actuelle que jamais et indissociable de l’attaque incarnée par la loi travail, celui-ci s’est déroulé en deux parties.

Gérard Filoche sur la loi travail

D’abord comprendre la loi. A la tribune, Gérard Filoche, inspecteur du travail, a commencé par une intervention sur l’histoire du code du travail avant d’illustrer concrètement les dégâts ravageurs pour les travailleurs, jeunes et moins jeunes, de l’ensemble de la loi, et de conclure en affirmant la nécessité non seulement de renforcer la mobilisation, mais d’avoir bien à l’esprit la perspective d’une grève générale le 31 mars, qu’il juge indispensable. Le débat, varié, est revenu sur la nécessité de faire comprendre le détail de la loi à une large échelle, la situation spécifique des intermittents et précaires, mais aussi le lien entre casse du code du travail, état d’urgence et répression, ou encore sur la crise de la conscience de classe dans la période actuelle. Mais le débat a aussi élargi la discussion sur l’exploitation de l’homme par l’homme, qui fait partie du code génétique du système capitaliste, et le fait que par-delà le retrait de la loi, sur lequel tous les présents s’entendaient, la question est aussi celle de la société émancipée que nous voulons construire, et de l’indispensable rupture avec le système capitaliste et le salariat lui-même. Questions de fond que l’exposé de Filoche n’abordait pas.

Salariés et étudiants, en lutte ensemble

Ensuite, seconde partie introduite par une autre étudiante du comité de mobilisation : que faire  ? Trois interventions de syndicalistes salariés en lutte ont illustré en détail, pour chacun de leurs secteurs, combien les conditions de travail dans le public comme le privé, déjà insupportables, ne pourront qu’empirer si cette loi passe, avec toujours plus de souffrance d’un côté, de mépris de classe de l’autre, sans le moins du monde réduire le chômage. B., travailleuse actuellement en grève dans la Ligue de l’enseignement contre une vague de licenciement en cours, a ouvert la discussion sur la ténacité et la solidarité sans faille dont il s’agit de faire preuve aujourd’hui, et l’importance d’une éducation populaire indépendante. N. ensuite, factrice à la Poste, a notamment expliqué comment l’enfilade des CDD, les horaires démentiels et heures sup non payées, et la répression de la moindre contestation y sévissent en permanence. J. enfin, cheminot, est revenu sur la réforme ferroviaire, la grève du 9 à la SNCF, le service minimum imposé par Sarkozy qui n’est autre qu’une limitation du droit de grève, et la nécessité de renforcer la convergence dont ce meeting était l’illustration. Enfin, finalement retenu, l’ex-Goodyear prévu n’a pas venir sur place, mais une salutation vidéo aux toulousains en lutte de Mickaël Wamen, appelant notamment à une manifestation massive centralisée à Paris le 31 mars, a été diffusée.
Le caractère unitaire du meeting a été renforcé par la présence de représentants des UD de la FSU, de Solidaires et de la CGT, qui avaient mobilisés leurs militants pour soutenir cette convergence entre mouvement étudiant et mouvement ouvrier.

Sur le fond, par-delà le renforcement de la lutte enclenchée et l’importance de l’unité étudiants-travailleurs, dont cette journée unitaire se voulait un instrument, différents échanges et la conclusion du meeting assurée par Léo, l’un des organisateurs, ont mis en perspective l’opposition qui s’est exprimée dans les débats entre deux types de positions. Celles, à l’image de Filoche, défendant essentiellement des revendications minimales, centrés sur des objectifs modestes et restant sur le terrain du système, et celles, à l’opposé, plus maximales, insistant surtout sur la nécessité de changer le système et d’une autre société, mais peu enclines à faire concrètement le pont avec la situation actuelle.

Dans le contexte d’un capitalisme en crise, face aux problèmes qui affectent autant chômeurs, précaires, que salariés en CDI, face au chômage de masse que les uns subissent et qui sert à faire pression sur les autres, à la souffrance chronique au travail, penser que de simples réformes pourront apporter une solution de fond est foncièrement illusoire. Mais la légitimité des revendications immédiate est telle que, pourtant, c’est en s’appuyant dessus qu’elles peuvent donner lieu à une prise de conscience plus poussée de la bataille à mener : la réduction massive du temps de travail, le partage du travail avec salaire indexé sur l’inflation, l’interdiction des licenciements, le doublement du SMIC,… ont ainsi été mises en avant comme revendications pouvant servir de points d’appui et de perspectives à un élargissement des horizons, à l’occasion mais aussi au-delà de la lutte contre le projet de loi stricto sensu.

En fin de meeting, une partie des présent-e-s s’est rendue en ville à un concert militant contre la loi, organisé par Solidaire Etudiantes qui a appuyé de bout en bout la journée, concert animé par deux groupes déjà engagés dans la lutte contre la répression.


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