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Scandale du lait infantile contaminé

Le PDG de Lactalis avoue que des bébés ont pu être contaminés entre 2005 et 2017

Très discret dans les médias depuis le début du scandale du lait infantile contaminé, le PDG de Lactalis a donné une interview aux Echos ce mercredi et ce qu'il dit fait froid dans le dos. Après avoir une fois encore expliqué qu'il n'était pas au courant de la contamination avant le 1er décembre 2017, celui-ci explique dans la foulée qu'ils ont trouvé des salmonelles entre 2005 et 2017 et qu'on ne peut pas exclure que des bébés aient été contaminés durant cette période.

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On ne s’attendait pas à ça en écoutant l’interview d’Emmanuel Besnier, PDG de Lactalis, ce matin dans les Echos. Si tout le début de l’interview correspond à ce qu’on aurait pu attendre : il dédouane son entreprise et sa gestion en expliquant que la salmonelle est la même que celle qui avait contaminé l’entreprise précédente que Lactalis a racheté, puis fait porter la faute au laboratoire d’analyse, on se retrouve au milieu de tout cela plus que surpris ! En effet alors qu’il avait dit une fois encore avoir été mis au courant d’une contamination que le premier décembre, il dit alors qu’entre 2005 et 2017 ils ont retrouvé dans l’environnement des traces de salmonella agona et qu’ « on ne peut donc pas exclure que des bébés aient consommé du lait contaminé sur cette période ».

La même souche de salmonelle en 2005 et 2017

Tout d’abord, le PDG de Lactalis se félicite d’avoir trouvé l’origine de la contamination : « le foyer de la contamination a été identifié au pied de la tour de séchage numero 1, avant de se disséminer à l’ensemble de celle-ci. La contamination est sporadique, mais étendue sur plusieurs mois, et de manière suffisante pour présenter des risques à plusieurs endroits de cette tour ». Elle aurait été dûe aux travaux entrepris début 2017 lors du démontage de cloisons et de la réfection des sols dans le bâtiment. La souche serait la même que celle qui a contaminé l’usine en 2005, lorsque celle-ci appartenait encore à la société Celia. A l’époque des centaines de bébés avaient contracté la salmonellose. En 2006 Lactalis rachetait Celia et son usine de Craon. Or, l’institut pasteur a dévoilé ce jeudi que la bactérie trouvée dans l’usine de Craon, est responsable de deux épidémies de salmonellose en 2005 et 2017.

La faute au laboratoire ?

On peut se demander comment il est possible qu’aucune analyse n’ait pu montrer des contaminations entre temps. Emmanuel Besnier explique que cela est sans doute dû au laboratoire d’analyse extérieur. « Nous nous posons beaucoup de questions sur la sensibilité des analyses faites par ce laboratoire. Nous avons beaucoup de mal à comprendre comment 16.000 analyses réalisées en 2017 ont pu ne rien révéler. Nous avons des doutes sur la sensibilité des tests. Ce n’est pas possible qu’il y ait eu zéro test positif ». Il fait porter l’entière responsabilité sur le laboratoire alors même que précédemment dans l’interview il explique qu’il y a eu déjà « deux alertes à la salmonelle en août, puis en novembre dans l’environnement. Quand cela arrive, on nettoie jusqu’à ce que tout soit conforme. Et on reprend l’activité. » On peut alors se demander si la société a bien attendu que tout soit conforme. Sinon comment expliquer que la salmonelle réapparaisse comme par magie..

12 ans de lait contaminé

La déclaration la plus ahurissante est lorsqu’il répond à la question « Avez-vous trouvé des salmonelles entre 2005 et 2017 ? » par « Oui dans l’environnement. On ne peut donc pas exclure que des bébés aient consommé du lait contaminé sur cette période ». On constate donc que le PDG de Lactalis était au courant d’une contamination bien avant le 1er décembre et que visiblement ils n’ont pas tout entrepris pour éradiquer la souche de salmonelle. C’est donc bien une erreur de la gestion de Lactalis qui est responsable de la contamination. Il semblerait qu’ils aient caché ces contaminations pendant 12 ans en continuant à produire et vendre leur lait contaminé. Le PDG s’enfonce dans son dénis puisque la seule réponse qu’il apporte sera de « fortement renforcer nos programmes de contrôle sur le lait infantile. Les tests seront sécurisés par un deuxième laboratoire » et que la tour numéro 1 sera définitivement fermée.

Les salariés vont payer pour les erreurs de la direction ?

Cette tour de séchage numéro 1 va être fermée définitivement. « La fermeture va nous permettre de repartir sur des bases saines avec la deuxième tour toute récente ». Il a affirmé qu’un programme de mobilité aux salariés concernés par cette fermeture sera mis en place. « Ce plan a été présenté mercredi soir aux représentants du personnel, en leur assurant de notre volonté qu’il n’y ait aucune suppression de poste ». Reste à savoir ce qu’il se passera en cas de refus et si finalement l’intégralité des postes seront transféré car Emmanuel Besnier a souligné que la crise du lait infantile contaminé pourrait coûter « plusieurs centaines de millions d’euros » à son entreprise. « On ne peut pas le dire de façon définitive, mais ce sera très lourd. » Il faudra donc limiter l’impact et bien souvent les salariés, qui ne sont pour le patronat qu’une variable d’ajustement, paient le prix fort quand il faut faire des économies. Le reclassement se fera sur un des sept sites industriels du groupe inscrits dans un rayon de 50 km. Depuis début janvier, 250 des 327 salariés de l’usine de Craon sont au chômage technique, ce qui est un nombre conséquent.

Il y a bien anguille sous roche à Lactalis. D’un côté on nous assure que personne n’était au courant avant le 1er décembre d’une contamination alors que pourtant en août et octobre une contamination a été détectée et que le PDG affirme être au courant d’une autre contamination entre 2005 et 2017. 12 ans de ratés sanitaires qui seraient dus exclusivement au laboratoire d’analyse selon Emmanuel Besnier. Ce dernier regrette d’en payer les conséquences pécuniaires puisque Lactalis va perdre plusieurs millions et va peut-être être sanctionné à l’exportation. Visiblement la santé de nourrissons importe bien moins à la direction de Lactalis que les dividendes et si jamais ils n’arrivent pas à rattraper leurs pertes ils pourront toujours faire porter le chapeau à leurs salariés.

Crédits Photos : Bob Edme/AP/SIPA


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