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Sous l’œil consterné de ses « camarades »

Le bruit et la fureur ? Le départ de Pouria Amirshahi du PS

Les mouvements de la jeunesse, Pouria Amirshahi, ça le connaît. Le timing est bien trouvé pour celui qui, en 1986, avait déjà fait le « mouvement Devaquet » avant de piloter l’UNEF-ID, dans la foulée du mouvement anti-CIP et au cours des grandes grèves de novembre-décembre 1995. Ce n’est pas un hasard d’ailleurs si c’est l’un de ses proches, William Martinet, qui est aujourd’hui à la tête de l’UNEF. C’est donc à la veille du 9 mars, qui pourrait s’avérer être le point de départ d’une mobilisation d’ampleur de la jeunesse et du monde du travail contre le projet de loi El Khomri, que le député des Français de l’étranger a décidé de claquer la porte du PS après quasiment 30 années de militantisme chez les socialistes. Jean Patrick Clech

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Un politicien de profession

Dans son interview accordé au Monde le 5 mars, Pouria Amirshahi avance surtout le fait qu’il démissionne maintenant pour ne pas le faire après, pour qu’on ne puisse pas le soupçonner de jouer une partition en solo pour 2017. Pas de "primaire à gauche" pour lui ? Il souhaiterait d’ailleurs réintégrer la vie professionnelle, dit-il. Il y a parfois des affirmations qui ressemblent davantage à de la dénégation, tant on les a entendu prononcées chez les politiques. Car c’est bien ce qu’est Amirshahi. Depuis 1987, sans discontinuité ou presque, il a mené la carrière du parfait militant de la rue de Solférino. Après l’UNEF-ID, c’est la MNEF qui l’a accueilli, lui qui a par la suite compagnonné avec les courants de la « gauche » du PS, de Jean-Christophe Cambadélis (ancien patron, lui aussi, de la MNEF, avec les effets que l’on sait) aux mitterando-nostalgiques des proches d’Henri Emmanuelli, en passant par Julien Dray et des plus jeunes, tel Benoît Hamon.

Une démission bien tardive

Constatant, à un an des présidentielles, soit aux deux-tiers du quinquennat, que « la France n’est pas gouvernée par l’aile droite du PS mais par les néo-conservateurs », Amirshahi a donc décidé de partir. Mieux vaut tard que jamais, seront tentés de dire certains, comme dans le cas de Christiane Taubira Avant, lui aussi, de « murmurer à l’oreille de la jeunesse », Amirshahi a mis un certain temps à s’opposer fermement à la politique anti-sociale, anti-populaire et impérialiste de Hollande.

Sur ce dernier volet d’ailleurs, Amirshahi est loin d’être aussi tranché que sur la déchéance de nationalité ou le projet de la loi Travail. Lui qui est pourtant élu de la neuvième circonscription des Français de l’étranger, à savoir l’Afrique du Nord et de l’Ouest, et qui s’est rendu à plusieurs reprises dans la zone sahélienne, on l’a rarement entendu sur les guerres de Hollande en Centrafrique et au Mali, sans compter les opérations anti-Daech et djihadisme dans la région, à commencer par la Libye. Il s’agit pourtant de la face extérieure de l’offensive intérieure qui est menée.

La faute aux partis ?

Mais Amirshahi se dit amer et dégoûté : avant tout des « partis politiques », car ce sont les « rhizomes d’un système institutionnel à bout de souffle » et des « machines électorales sans grande conviction » qui se situent dans le « renoncement et la complicité ». On voudrait presque lui dire que ce n’est pas parce que les partis « d’extrême centre », dont fait partie le PS, rouage du système UMPS tel qu’il existe, sont absolument pourris et qu’ils ne servent que les mêmes intérêts patronaux, que la « forme parti » serait à jeter aux oubliettes. C’est plutôt la politique des « socialistes » qui a révélé combien elle pouvait être néfaste pour les classes populaires, facteur de désorientation et de prostration faisant le lit de l’extrême droite.

Entre temps, sans jamais prononcer le terme « Syriza » ni surtout « Podemos », qu’on devine pourtant dans un coin de sa tête, Amirshahi défend l’idée d’un « Mouvement commun qui ne serait pas un parti politique mais qui défendrait un « modèle viable et doux, […] des causes communes entre citoyens, […] les biens communs tant négligés, [pour] encourager de nouvelles formes de propriété sociale ».

On nous permettra d’être assez sceptiques quant à ce genre de programmes, à la fois de par leur mise en œuvre mais également dans la mesure où ils fleurent bon le Tsipras et ses promesses de Thessalonique, avant la campagne de 2015 ; ou encore Podemos et les Indignés (désormais) très institutionnels qui souhaitent gouverner avec les socialistes espagnols.

Ce qui importe, c’est comment battre en brèche le gouvernement et obtenir le retrait du projet de loi El Khomri

Ce qui importe, en revanche, c’est de savoir ce qu’Amirshahi et ses partisans vont défendre face au projet de Loi Travail. C’est dans ce cadre que les questions sont à poser, à moins de vouloir parasiter une séquence politique au nom d’une refondation de la gauche du PS. C’est tous ensemble, dans la grève, dans la rue, en construisant une mobilisation sur la durée, et ce jusqu’au retrait complet de la Loi El Khomri, que l’on pourra obtenir une première victoire sur ces « néo-conservateurs » que dénonce à juste titre Amirshahi. Pour ceux qui se disent opposés au projet de loi et sont au PS ou dans des organisations qui lui sont reliées, cela passe par une rupture complète avec un appareil qui sert de courroie de transmission de la politique de gouvernement.


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