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Précarité étudiante

« Le minimum qu’ils devraient faire serait de mettre en place le 10 améliorable », témoignage d’Elisa étudiante

En période de pandémie mondiale et suite à la perte de son job étudiant Elisa, étudiante en sociologie à Bordeaux témoigne de ses conditions de vie précaires ainsi que de l'absence totale de mesures visant à aider les étudiants de son université.

30 avril 2020

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Révolution Permanente : En tant qu’étudiante et d’un point de vue matériel, comment vis tu le confinement ? Avant celui-ci avais-tu un job étudiant ?

Elisa : Alors je vis dans un appartement à Bordeaux en coloc avec une amie. J’ai la chance d’être à moins de 10 minutes à pied de ma fac parce que je n’ai pas de voiture. Au début du confinement ma coloc est partie, je me suis retrouvée avec mon copain, mais au bout d’un moment il est rentré chez ses parents lui aussi. Au bout de quelques jours j’ai donc été obligée de revenir chez mes parents aussi, je ne pouvais plus payer mes courses ni réviser correctement. Avant le confinement, je faisais du baby-sitting et forcement, ça c’est arrêté du jour au lendemain. Avant, la situation était déjà difficile, nous n’avions pas de Wi-Fi parce que ça serait revenu à payer plus cher.

Pour réviser on se connecte à internet grâce au partage de connexions de nos téléphones, mais pendant le confinement, mon ordinateur est tombé en panne et j’ai perdu tous mes cours. L’assurance en échange d’une caution de 200 euros ma prêté un ordinateur qui bug et avec lequel je ne peux pas faire le partage de connexion.. Je me suis retrouvée à étudier sur mon téléphone, c’est compliqué... J’ai plus de revenus, les bourses s’arrêtent bientôt et je sais que je vais devoir passer un ou deux mois de l’année scolaire sans bourse ! Donc aucune aide. J’ai fais ma demande de bourse pour l’année prochaine et elle à baissé de plus de 100 euros, sans raison. Je pense que c’est parce que ma mère a enfin trouvé un CDI, elle qui cumule en général deux ou trois taf à 50 ans.

RP : Et d’un point de vue de la continuité pédagogique, comment cela se passe t-il pour toi ?

Elisa  : Comme je l’ai dit avant, c’était compliqué sans connexion internet. J’ai trois cours en lignes, qui ne sont pas vraiment bien suivis par les profs. Par exemple l’un d’entre eux nous envoient des diaporamas de 245 pages. C’est impossible de réviser dans ces conditions.

RP : Les universités ne rouvrent pas leurs portes avant au moins septembre mais les partiels sont maintenus. Dans ton cas comment se déroulent les examens, quelles sont les modalités d’évaluations ?

Elisa  : Pour les TD, on garde les notes qu’on a eu durant les premiers mois de cours qui ont pu se tenir. J’ai de la chance de ne pas avoir trop relâchée au début de second semestre. Normalement il y a quelques matières qui se notent en combinant la note du TD et du CM et qui, au final, donnent une moyenne. La, ce sera uniquement en fonction de ta note en TD, donc ceux qui se sont ratés en début de mois sont clairement en difficultés.

Moi à la Victoire j’ai pas passé mon premier semestre car il y a eu des blocages par rapport aux mouvements sociaux, la réforme des retraites mais aussi à cause de l’étudiant de Lyon qui s’était immolé pour dénoncer la précarité étudiante. Maintenant, en plus du second semestre, je me retrouve donc à passer des évaluations qui auraient dû se tenir lors du premier semestre. C’est l’université qui a décidé de ce fonctionnement, pas les étudiants.

Les partiels vont uniquement se passer sous forme de QCM, et le tout chronométré en mode "1 question 1 minute". Je sais que je ne vais pas y arriver c’est beaucoup trop stressant. Les étudiants en psycho eux ont 40 minutes pour 30 questions. Selon la présidence, le but a travers tout ça c’est de nous aider mais moi qui suis en sciences humaines je trouve ça incompréhensible. La socio ne peut pas être évaluée juste avec des cases. Comment fait-on des analyses ? Comment développe t-on une pensée ? En plus les examens ont lieux à des jours et des heures précises, mais les jeunes qui travaillent ? Ceux qui sont ou qui ont un proche atteint du coronavirus ? C’est mort pour eux.

RP : Que penses-tu du maintien des partiels ?

Elisa : Je trouve que c’est une mauvaise idée, on avait déjà demandé à ce que le premier semestre soit validé, justement par rapport aux mouvements sociaux et parce que la fac était bloquée. Ils avaient refusé et maintenant ils nous forcent à le passer en même temps que le second, en pleine période de pandémie mondiale. Les jeunes qui ne peuvent pas travailler chez eux, ceux qui n’ont pas le matériel ou les conditions nécessaires sont désavantagés. La plupart des profs sont d’accord avec ce fait mais je pense qu’ils ont une pression à faire passer les partiels coûte que coûte, ils nous ont dit qu’ils baissaient le nombre de questions et qu’ils allaient axer sur des questions plus générales. Des élèves de la fac ont envoyé des mails pour réclamer les 10 améliorable mais je n’y crois pas, je pense qu’ils s’en foutent de nous. Je ne suis pas au courant des réunions ni des décisions prises par la fac. J’ai l’impression que tout se joue par mail. Je suis dans le flou total.

RP : Selon toi, comment cela aurait dû se passer ?

Elisa : Pour moi, trouver une solution c’est compliqué, logiquement je dirais qu’il faut donner le semestre à tout le monde, on est en période de pandémie mondiale ! Et le minimum qu’ils devraient faire serait de mettre en place le 10 améliorable pour éviter que les étudiants précaires soient obligés de quitter l’université.


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