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Education nationale

Le non-remplacement des enseignants absents. Résultat de l’austérité

Célestin Guingouin Le problème du non-remplacement des enseignants absents vient d’atteindre un nouveau pic dans les écoles parisiennes. La pénurie de remplaçants est toujours aussi criante, même après la période du froid hivernal, laissant de nombreuses écoles dans des situations extrêmement difficiles avec des enfants sans classe et des classes sans enseignants. Le résultat des politiques d’austérité appliquées depuis près d’une dizaine d’années, tout autant à l’Éducation nationale qu’à l’ensemble des services publics.

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Cela a chauffé fort, lundi, dans une école du nord de Paris classée REP+ (dispositif maximal de l’éducation prioritaire). Ce jour-là, une partie des enseignants était en formation comme le prévoit la nouvelle « refondation de l’éducation prioritaire » instaurée à la rentrée. Comme tous les quinze jours, une équipe d’enseignants spécialement dédiée à ce genre de remplacements devait prendre en charge les classes des collègues déchargés. Mais, peu après l’ouverture des portes, l’équipe a dû faire face à une triste nouvelle : il n’y a plus de remplaçants disponibles pour assurer les décharges REP+.

Inspectrice injoignable, directeur en congé non remplacé depuis des mois, l’école a été confrontée à une situation vite ingérable. Avec une cinquantaine d’enfants supplémentaires à prendre en charge, et devant l’impossibilité de répartir autant d’enfants dans les classes des enseignants présents, l’équipe n’a eu d’autre choix que de laisser jouer toute la journée les élèves dans la cour. Avec tout le danger que ce genre de situation peut comporter.

L’école n’est plus capable d’assurer sa mission de service public d’enseignement

Cet exemple n’est pas un cas isolé et concerne un grand nombre d’écoles dans l’académie. La semaine dernière, une école voisine était confrontée au non-remplacement de trois classes, dont une classe de CM2 ayant bénéficié de seulement deux journées de remplacement sur près de trois semaines et demi d’absence. Outre les problèmes de sécurité posés, ou encore la dégradation du climat des classes devant accueillir entre trois et six élèves supplémentaires, dans des conditions d’enseignement déjà suffisamment difficiles, une autre conséquence de ces non-remplacements est d’ordre scolaire : autant de jours sans enseignant signifie autant de jours sans apprentissages.

Or, si la mission même de service public d’enseignement ne peut dans tous ces cas être remplie, c’est que le problème est profond et que ses solutions sont contraignantes. Après la suppression de 100 postes d’enseignants sur Paris depuis 2007, et malgré la politique de recrutement des « 60 000 postes » de Hollande, cette année plus encore que les précédentes l’académie parisienne fait face à une véritable pénurie de remplaçants. « Historique », « inédit depuis 1981 », le rectorat de Paris a dû embaucher des contractuels dès la rentrée de novembre, augmentant chaque année son quota de travailleurs précaires alors que la chose était inimaginable il y a quinze ans. Et comme les remplaçants de courte durée (ZIL) font le travail des remplaçants de longue durée (« brigades »), la majeure partie des absences courtes ne sont désormais plus remplacées.

La poursuite de l’austérité dans toute la fonction publique

Ce n’est pas la nouvelle carte scolaire qui va améliorer les choses, puisque les quelques 30 postes de remplaçants « créés » à la rentrée prochaine sont simplement ponctionnés sur les 88 fermetures de classes programmées. Suppression drastique du Réseau d’aides spécialisées aux enfants en difficulté, création en nombre dérisoire de classes de toutes-petites-sections et de postes d’enseignants « plus de maîtres que de classes », la politique d’austérité se poursuit dans toute la fonction publique. Au mieux, c’est la logique du « déshabiller Pierre pour habiller Paul », c’est-à-dire de prendre des moyens aux uns pour les distribuer aux autres, sans augmenter le budget total. Au pire, il s’agit simplement de la « réduction des dépenses publiques », comme celle engagée en 2007 sous Sarkozy avec la Révision générale des politiques publiques (RGPP).

De la pénurie de remplaçants au manque criant de personnel dans les hôpitaux, en passant par les nouvelles conditions d’inscription dans les centres de loisirs parisiens, l’austérité sévit dans tous les ministères, dans toutes les municipalités. Jusqu’à ce que, comme dit la chanson, nos mobilisations envoient Valls et l’austérité.


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