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Provocation envers les grévistes

Le patron de l’UNSA appelle à un « compromis » et cherche à démoraliser les grévistes !

« Cela n’a pas de sens de parler d’une grève record. La grève est certes longue, mais il faut reconnaître sa faible intensité ». Les mots d’un grand patron ? Non, du patron de l’UNSA, Laurent Escure, à la recherche d’un « compromis rapide » avec le gouvernement. Après sa trahison, fin décembre, c’est une nouvelle provocation… Les grévistes RATP et SNCF apprécieront.

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Crédit photo : http://laurent-escure.org/

Dans les suites des déclarations de Macron pour la nouvelle année, les chefs syndicaux dit « réformistes » cherchent les pistes du « compromis rapide » voulu par le président. Parmi eux, Laurent Escure, patron de l’UNSA, qui n’hésite pas à casser du sucre sur le dos des grévistes, alors même qu’ils entament leur deuxième mois de grève reconductible.

"Conférence de financement", "comité de gouvernance"... Dans la suite des vœux de Macron qui veut un « compromis rapide » et à l’approche de la journée de mobilisation du 9 janvier, les chefs de file des syndicats réformistes - en premier lieu la CFDT et l’UNSA - ne manquent pas d’idées pour réinvestir le cadre de la négociation. De l’aveu même de Laurent Escure, secrétaire général de l’UNSA, sur France Info, « ça peut être la même chose »… et surtout le même objectif : obtenir quelques concessions - principalement le retrait de l’âge pivot - et s’ouvrir une petite fenêtre pour sortir du conflit social.

Pour Escure, toujours sur France Info, « le président de la République a appelé à un compromis rapide. Cela veut dire qu’il va y avoir compromis ». Le secrétaire général de l’UNSA n’hésite pas à verser dans les fake news, allant même jusqu’à affirmer que « un petit quart de français veulent que la réforme reste en l’état, un petit quart veut le retrait et le reste veut que ça bouge », avant de reformuler : « Trois quart des français ne veulent pas du retrait et trois quarts ne veulent pas qu’elle reste en l’état ». Une lecture pour le moins contestable des derniers sondages, quand 61 % de la population soutient la grève et 75 % veulent le retrait ou la modification de la réforme.

Dans un entretien à l’Opinion, Escure verse, pour le coup, dans l’opération démoralisation des grévistes pour justifier ses envies de négociations. « Cela n’a pas de sens de parler d’une grève record, note-t-il. La grève est certes longue, mais il faut reconnaître sa faible intensité. Les grandes grèves précédentes dans les transports (1986, 1995, 2003, 2010…), avaient été bien plus suivies » - là encore, une contre-vérité qu’il est assez facile de démentir. Déjà le 6 décembre, dans un entretien au Monde, la chercheuse Isabelle Lespinet-Moret affirmait sans détours que « le mouvement gréviste de 1995 est le dernier à avoir eu une telle ampleur ».

Laurent Escure se permet ensuite une salve de critique contre les syndicats dits « contestataires », reprenant à son compte les chiffres de mobilisation de la direction de la SNCF pour justifier le bien-fondé de sa trêve. Une manoeuvre qui a aussi et surtout pour but de remettre en question le combat que poursuivent encore les grévistes à la base, parmi lesquels beaucoup de syndiqués UNSA : « Cette grève met en lumière un problème de représentativité, analyse Laurent Escure. La CGT et Sud cumulent 55 % des votes aux dernières élections à la SNCF. Or, neuf salariés sur dix sont au travail. Quelle est l’efficacité de la radicalité ? ». En somme, continuer le conflit ne serait selon lui qu’une perte de temps et d’argent. Là encore, les grévistes apprécieront - et plus encore ceux de la RATP, qui n’ont même pas été cités.

À l’UNSA RATP Pôle Traction, on défend plutôt le contraire, en dénonçant la campagne de la direction de la RATP. Un communiqué affirmait que « la mobilisation au niveau du métro et du RER ne faiblit pas » et que « la direction a actuellement en sa possession 240 conducteurs disponibles sur 2700 conducteurs au métro (réserve générale comprise) et une centaine de conducteurs du RER disponibles sur 870 ». Laurent Escure, plus fort que le patronat pour minimiser la grève ?

Autre exemple d’un discours visant à tirer vers le bas les revendications des grévistes, discours qui par ailleurs ne ressemble pas vraiment à ce qu’on peut entendre à la base : « Comme pour un plan social qu’on ne peut pas empêcher, nous cherchons à réduire les reculs. Beaucoup de ce qui a été obtenu pour les régimes spéciaux vient de nos propositions. Nous voulons aussi des garanties, des avancées et des reculs limités sur les sujets fins de carrière, retraite minimum, pénibilité » ose-t-il affirmer. Les grévistes et les syndiqués de l’UNSA impliqués dans le conflit, en particulier à la RATP et à la SNCF, défendent-ils cela ? À noter qu’ils sont nombreux à avoir affiché leur désaccord avec les hautes sphères de la confédération à l’occasion de l’appel d’Escure à une « trêve de Noël ».

En définitive, le secrétaire général de l’UNSA maintient sa "ligne rouge", à savoir l’âge pivot, et appelle à ne pas mélanger les sujets entre réformes "systémiques" et "paramétriques". L’appel du pied au gouvernement, c’est l’acceptation du principe « d’équilibre » ; Laurent Escure se pose même comme un des premiers défenseurs de ce principe. Or, comme nous l’expliquions dans l’article Retraites par points. Comment une crise économique influera sur l’âge de départ et la valeur du point « la principale variable d’ajustement du système des retraites voulu par le gouvernement est avant tout le fameux âge pivot. Mécaniquement, il s’agira d’augmenter cet âge de départ, pour maintenir l’équilibre financier, en maintenant dans le système de cotisation un plus grand nombre d’actifs. C’est pourquoi, selon la conjoncture économique, l’âge de départ pour toucher une pension complète pourrait très rapidement, c’est-à-dire dans les prochaines années, être déjà réajusté. Dans les faits, la possibilité de tel réajustement, si cette réforme est adoptée, sera ouverte chaque année.

Toutefois, au vu de la conjoncture économique mondiale et du fort taux de chômage, cette simple variable d’ajustement pourrait ne pas s’avérer suffisante, voire pourrait être source de crise politique et sociale, si la nécessité amenait à un changement trop brusque de l’âge pivot.

C’est pourquoi cette variable d’ajustement pourrait se combiner à une autre, celle de la baisse de la valeur même du point. Si le gouvernement assure que la valeur du point sera inscrite dans la loi, il n’en demeure pas moins que, dans le même temps, il explique que des négociations annuelles seront menées avec les partenaires sociaux. Ainsi, plutôt que d’augmenter drastiquement l’âge pivot, un combiné entre report de l’âge et dévaluation de la valeur du point est une solution envisagée pour maintenir l’équilibre de l’ensemble du système ».

En d’autres termes, la question du maintien de l’équilibre du financement des retraites, fixé à 14 % du PIB dans la réforme, est l’un des points centraux qui justifient l’exigence d’un retrait complet de la réforme. Les fausses concessions que Escure entend arracher ne sont rien d’autre que de la poudre aux yeux pour négocier la régression sociale.

Toutes ces raisons sont celles qui justifient que la base de l’UNSA, comme lors de l’épisode des fêtes de fin d’année, s’affirme en opposition à sa direction, dans la lutte et pour le retrait sans négociations de la réforme des retraites.


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