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Vrai-faux coup de gueule de Trump

Le protectionnisme de Trump contre les géants de l’automobile américains. Vraiment ?

La stratégie de communication de Trump par tweets assassins a encore fait la couverture des journaux : début janvier, General Motors (GM) et Ford étaient attaqués par le magnat de l’immobilier au sujet de leurs usines mexicaines. Après les annonces de plusieurs marques de l’automobile au sujet de leur implantation américaine, le candidat a crié haut et fort la réussite du protectionnisme. Cependant, derrière ces « ralliements » du patronat se cache surtout la confiance de celui-ci dans le nouveau président pour attaquer plus durement encore les ouvriers de l’automobile et des autres secteurs, rendant le secteur plus rentable que jamais.

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Il faut dire que Trump a le sens du tempo. Coup sur coup, celui qui va être intronisé à la Maison Blanche le 20 janvier a attaqué à coup de tweet des constructeurs automobiles sur leurs choix économiques, et notamment sur la production mexicaine destinée au marché américain. En effet, le 3 janvier, il s’en prend à General Motors et son modèle Chevy Cruze qu’il accuse d’être construit au Mexique pour le marché américain, avant que Ford, un autre constructeur, annonce 700 millions de dollars d’investissement dans les usines américaines - alors que les précédentes déclarations annonçaient 1,6 milliards dans les usines mexicaines. Le 5 janvier, le futur président attaque durement Toyota, qu’il accuse de construire le Corolla au Mexique pour le marché intérieur ; trois jours plus tard, Fiat-Chrysler annonce un milliard d’investissement et 2000 emplois aux États Unis. A chaque tweet, le magnat de l’immobilier menace les constructeurs de lourdes taxes financières, qui avaient été un de ses principaux arguments de campagne contre le chômage : taxer à la frontière à hauteur de 35% les marchandises pour forcer les entreprises à relocaliser, telle était sa proposition.

En réalité, Donald Trump est loin de pointer un fusil sur la tempe des constructeurs automobiles américains, et est encore plus loin d’inquiéter réellement le secteur - dont les chiffres de ventes ont encore augmenté en 2016 de 70 000 véhicules. En effet, même si Donald Trump augmentait de 10% les taxes douanières aux portes des États Unis, les constructeurs se frotteraient toujours les mains tant leurs profits sont monstrueux. Mais surtout, les promesses d’investissement aux USA sont le signe, comme le dit Mark Fields, du «  vote de confiance » que portent les conseils d’administration au prochain gouvernement Trump pour leur assurer les profits les plus importants. En effet, l’orientation politique de Trump et la composition de son gouvernement n’ont pas de quoi faire douter sur sa vraie nature : entre le PDG d’Exxon Mobil au secrétariat d’État ou le PDG de Carl’s Jr. et Hardee’s (une chaine de fast food) au Ministère du travail, il est évident que l’administration Trump va rentrer dans une guerre contre les (quelques) acquis des travailleurs américains. Le discours de Trump a toujours été de déréguler et de supprimer les règles qui entravaient les entreprises. Ne nous trompons pas : cela se fera contre les salariés de ces mêmes usines.

Il faut donc bien voir ces annonces de « relocalisation » (bien que les emplois que les fabricants annoncent créer ne sauraient remplacer l’hémorragie dans le milieu industriel de ces dernières années) comme un signe de confiance des industriels qui voient dans les propositions de Trump, consistant à baisser les impôt des entreprises, ainsi que dans ses programmes d’investissement, des politiques particulièrement juteuses pour leurs profits. De quoi compenser largement les coûts éventuels de la relocalisation, une concession faite par le patronat à Trump et, en ce qui le concerne, faite à sa base électorale populaire.


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Arthur Nicola

Journaliste pour Révolution Permanente.
Suivi des grèves, des luttes contre les licenciements et les plans sociaux et des occupations d’usine.
Twitter : @ArthurNicola_

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